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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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cardinal de Richelieu, comme j’espère vous voir marcher sur les vestiges de votre père, Louis le Juste .
    — C’est mon vœu le plus cher.
    — Alors nous travaillons tous deux à l’unité du royaume, à la grandeur de l’État. Cela veut dire affronter les intérêts particuliers, les réduire au bien commun. La Haute Noblesse suiviedu Parlement veulent conserver leurs privilèges quand ils devraient vous servir en tous points ; et le peuple affaibli, soulevé par les agitateurs, se laisse mener par la voix la plus forte, celle de la colère, celle de l’envie.
    — J’ai donc si peu d’amis ?
    — Votre Majesté, vous m’avez, moi, vous avez le maréchal de Villeroy, notre d’Artagnan, les gardes de cette escorte, et croyez-moi, ce peu-là vaut beaucoup…
    L’enfant roi lève son regard vers le cardinal, qui sourit et poursuit, en prenant la main du souverain :
    — … Toute une armée. Pour le reste, méfiez-vous des flatteurs et des courtisans, écoutez les avis, prenez des conseils, confiez les charges de vos ministères à des hommes compétents et expérimentés, mais au final, ne comptez que sur vous-même, écoutez votre voix et prenez seul vos décisions.
    — C’est un métier fort difficile à exercer que celui de roi, n’est-ce pas, monsieur mon parrain ?
    — Bien difficile, Votre Majesté, mais je suis là pour vous y aider.

Triste palais
    Parvenus au château de Saint-Germain, les arrivants découvrent les lieux, gelés, humides, désertés. Les gardes du cardinal et de la reine ouvrent la marche, porteurs de lanternes.
    On rassemble de la paille pour faire des lits, pour faire du feu.
    La reine s’occupe personnellement de son fils et va le coucher sur le seul lit qu’on a trouvé. Le maréchal de Villeroy s’active en grande hâte avec ses hommes afin de rendre le triste séjour le moins inconfortable possible à l’aide du peu de moyens dont on dispose.
    Des ordres sont donnés, on tousse, on frissonne… Madame de Motteville, qui accompagne la reine en sa qualité de confidente et de première femme de chambre, se plaint discrètement de l’insalubrité des lieux et va coucher Philippe qui dort toujours, malgré les allées et venues. Monsieur Gaston d’Orléans et les quelques intimes de la cour qui suivront le roi dans son exil ne sont pas encore arrivés… À l’écart, quelques gardes osent s’en moquer : « Souffrant d’un accès de goutte, Monsieur traînait la patte à l’idée de quitter le Palais-Royal… »
    Le cardinal, de son côté, prend d’Artagnan par le bras et l’entraîne près d’une cheminée où brûle une maigre flambée. Le cardinal s’explique :
    — Nous allons devoir camper ce soir dans de piteuses conditions. Mais je ne pouvais faire autrement. Faire chauffer la place, l’aménager, eût averti les intrigants de notre démarche.
    D’Artagnan souffle dans ses mains et les tend vers les flammes. Il parle avec franchise, et presque avec familiarité à ce cardinal dont il est l’agent privilégié :
    — Baste… Dans ce dénuement, je retrouve un terrain familier : celui du bivouac, et je me trouve soudain moins loin de mes frères d’armes.
    Derrière la remarque, le cardinal a bien perçu l’attaque du chevalier.
    « Il m’en veut encore d’avoir cassé la compagnie des mousquetaires.
    Mais ces diables d’hommes coûtaient une fortune aux caisses de l’État.
    C’était un foyer de discorde, clairement opposé à la politique du cardinal de Richelieu, à celle que je dois poursuivre. »
    — Eh bien, je suis fort aise que vous y trouviez votre compte, car nous risquons de tenir ce bivouac plusieurs jours durant. De plus, vous faites bien de parler de bataille : dès demain, je riposte.
    — Sauf votre grâce, avec quelles armes ? Qui vous reste fidèle ?
    — Monsieur le prince. Il nous assure sa fidélité à l’enfant roi, même s’il me hait. Son armée sera la nôtre.
    — Son armée ?
    D’Artagnan jette une botte de paille dans la cheminée et s’écarte avec le cardinal tandis que la pièce s’illumine, puis il reprend :
    — Des coupe-jarrets…
    — Des mercenaires allemands. Puisque l’on m’y force, monsieur de Condé tiendra Paris en état de siège.
    — Vous leur donnerez de l’or, mais ils toucheront leurs primes sur place, en saignant l’habitant.
    Le cardinal entraîne son ami à faire les cent pas :
    — J’ai tout essayé pour adoucir les colères et calmer les tempêtes.
    Sans savoir que
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