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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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    — Merci, monsieur mon parrain, veillez sur ma mère.
    Le cardinal s’incline et se retire.
     
    La chambre où pénètre le chevalier est bien dépouillée, le lit est le seul meuble de la pièce. Quelques chandelles réchauffent péniblement l’atmosphère du lieu.
    Une fois seul avec d’Artagnan, le roi laisse échapper un frisson :
    — Comme il fait froid !
    Aussitôt d’Artagnan se dévêt de sa cape et la pose sur les épaules du roi.
    — Tenez, Votre Majesté, voilà qui devrait vous rendre un peu de chaleur.
    — Mais vous, vous allez vous glacer.
    — N’ayez crainte, j’ai la tête chaude et les sangs bouillants.
    — Vous êtes amoureux ?
    — Eh pardi ! En voilà une question… Peut-être… Mais je suis aussi fort en colère !
    — En colère ? Contre qui ?
    — Contre vos ennemis.
    — Il est vrai, monsieur qu’ils me font fort souffrir, jusqu’au fond de l’âme. Vous les connaissez bien, n’est-ce pas ?
    — Ma foi, quelques-uns, oui, les récidivistes.
    — Le cardinal vous tient en sa plus haute estime, est-il vrai que vous lui avez sauvé la vie ?
    — Ah, il vous l’a dit…
    — Il s’est montré discret, m’affirmant que je pouvais tout entier me reposer sur votre épaule, et que s’il était encore debout pour m’accompagner dans mon éducation, c’était grâce à vous.
    — Le cardinal est bien aimable. La sainte Providence voulut en effet me placer sur le chemin de ses assassins.
    — Me raconterez-vous ?
    — Pardieu, c’est une longue histoire et la nuit est déjà bien avancée.
    — Nous ne partirons pas demain, n’est-ce pas ?
    — Je crains que non.
    — Ni le jour d’après ?
    — Non plus.
    — Dans ce cas, du temps nous en avons, puisque nous avons quelques jours devant nous… Commencez ce soir, vous poursuivrez ensuite.
    — Vous me poussez dans mes retranchements… Diable, diable, c’est que l’histoire n’est peut-être pas faite pour un enfant !
    — Je ne régnerai véritablement que dans trois ans, mais depuis ce soir, je me sens devenir un homme. J’ignorais que la chose fût si douloureuse.
    — C’est que j’ai des recommandations, Votre Majesté. Je ne peux pas tout dire, cette histoire est chargée de secrets, des secrets qu’il vaudrait mieux taire à jamais…
    Louis XIV se redresse et fait front. Son jeune visage a retrouvé de la couleur aux joues.
    — Monsieur, oubliez-vous que je suis votre roi ? Et que l’on ne peut rien cacher à ce roi qui doit tout savoir comme Dieu peut tout voir !
    Fort embarrassé, d’Artagnan soulève son chapeau, et se passe la main sur le front.
    — En effet, Votre Majesté, vous n’êtes plus un enfant, et vous me parlez avec l’autorité de ce monarque que vous étiez de droit, mais que vous êtes devenu dans les faits.
    — Nous sommes bien d’accord.
    D’Artagnan ronchonne dans sa barbe, il se sent piégé.
    — Maudits frondeurs…
    — Que dites-vous ?
    — Je dis maudits frondeurs, car cette histoire va nous les montrer tels qu’ils sont, sans ambages.

Rappel des faits
    — Votre Majesté, encore une fois, je dois vous prévenir, nous allons nous aventurer tous deux dans des terrains méconnus, dans les coulisses de l’Histoire. Et les coulisses, comme vous le savez, sont pleines de ténèbres. Je suis un honnête homme…
    — Je le crois, oui.
    — Or un honnête homme, s’il s’engage à dire le vrai, ne peut être partial ni sommaire. Je ne pourrai vous faire un résumé ni épargner certains noms.
    — J’entends, monsieur.
    — À la bonne heure. Car cette histoire dans laquelle nous allons pénétrer est faite d’une multitude d’intrigues et de participants, de héros et de fourbes gens. Il ne faudra pas perdre le fil, aussi n’hésitez pas à m’interrompre si vous désirez une précision ou obtenir un éclaircissement. Je vous les donnerai volontiers, dans la mesure de mes moyens, c’est-à-dire de mes connaissances. J’ai vu bien des choses, mais je n’ai peut-être pas tout vu.
    — Fort bien.
    — Revenons si vous le voulez au contexte du moment, brossons le décor avant de faire entrer nos acteurs, nos figurants, nos héros et même nos auteurs – car auteurs il y aura – sur le théâtre des événements, au-devant de la scène…
    — Ah, comme j’aime le théâtre, monsieur d’Artagnan !
    — Et j’en félicite Votre Majesté, si la France peut être la reine des nations, l’Art est la mère de l’humanité.
    — Aussi, sous mon règne, les arts
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