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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Autoren: Benoît Abtey
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pot.
     
    D’Artagnan pousse la porte de son logis. La fumée du rôt lui monte au nez. Douce senteur. Le repas est prêt. Le couvert est mis. Avec Planchet, les choses de première importance – boire, festoyer – ne passent jamais au second plan.
    Pour tout bonjour, Planchet, une louche à la main, un tablier à la taille, invite le chevalier, sans lever la tête, à bien vouloir prendre place. Toujours penché sur son ouvrage, le marmitongoûte son ragoût, se délecte, se complimente, repose sa large cuillère, saisit une bonne cuvée rapportée du cellier, en fait sauter le bouchon et tend la bouteille à son maître.
    D’Artagnan le félicite.
    — Bon, au moins, nous avons à manger chez nous.
    — Pour le reste, répond Planchet en se servant à boire, voyez dehors, Paris se nourrit de colère et d’aigreur.
    D’Artagnan s’inquiète.
    — Triste pitance. Mais nous, aurons-nous un dessert ?
    — Me croirez-vous ? Plus une galette en boulangerie, pas le moindre gâteau, je vais devoir mettre la main à la pâte.
    À cet instant un homme entre dans la cour.
    D’une main, il apporte au chevalier d’Artagnan une magnifique galette au nom du cardinal.
    De l’autre, il tend un message noué d’un ruban, puis une escarcelle pesant d’un bon poids.
    Le messager se retire… D’Artagnan passe la galette à Planchet et garde pour lui la lettre cachetée ainsi que ce salaire providentiel.
    Il défait le ruban et brise le sceau.
    — Ah ! dit d’Artagnan à son complice, les affaires reprennent !
    Il ajoute :
    — Planchet, tu brosseras pour ce soir mon habit de sortie.
    — Le plus beau ? Avec les dorures ?
    — Le plus noir, Planchet. Celui qui vous cache un homme à la nuit tombée.
    — Cela sera fait. Autre chose ?
    — Oui, tu nettoieras mes pistolets et tu affûteras mes lames.
    — Je vois… Tout particulièrement la belle épée de Tolède que vous offrit le cardinal pour la Noël ?
    — J’aimerais mieux la vieille, le cadeau d’Athos. La garde est plus sobre.
    — Bien. Est-ce tout ?
    — Non, encore une chose, Planchet, tu passeras chez mademoiselle de Beaulieu lui annoncer la triste nouvelle, ce soir point de souper aux chandelles, le devoir avant tout.
    Puis, se ravisant :
    — Tout compte fait, va pour l’épée de Tolède ! Le cardinal sera content… Quant à mademoiselle de Beaulieu, eh bien, dis-luique je passerai de bonne heure… Diable, après tout, la nuit est au roi, mais la reine aura sa couronne.

Jouons
    Après une triste journée, grise, lugubre, pluvieuse, vient tout naturellement une nuit à ne pas mettre un chat dehors. D’Artagnan serait bien resté près de sa maîtresse, mais pour un mousquetaire le bonheur comme le plaisir ne sont jamais que provisoires. Il fallut se dire adieu, sans savoir quand l’on se reverrait.
    D’Artagnan monte en selle et jette un dernier regard à la fenêtre du troisième étage où vit mademoiselle de Beaulieu. Celle-ci salue son chevalier et lui envoie un baiser de la main.
    Le fringant amant croit sentir la chaude haleine de cette femme s’approcher de ses lèvres. Ce plaisir ferait presque oublier le froid. Un froid mordant que la bise cinglante rend plus terrible encore.
    D’Artagnan se met donc en route. Il passe plusieurs rues et s’arrête soudain, à l’abri des lanternes, sous le toit d’une maison faisant l’angle. Le chevalier regarde devant lui. La taverne de La Jument rouge est en pleine effervescence. La porte s’ouvre, des hommes en armes, tous vêtus de noir également, sortent de l’auberge les uns à la suite des autres. Une nouvelle chanson fustigeant Mazarin envahit la place. À l’intérieur, quelques buveurs saluent les sortants, en reprenant inlassablement leur jubilus frondeur.
    D’Artagnan, à moitié stupéfait seulement, fait faire quelques pas à son destrier, il se retrouve face à Rochefort et ses acolytes.
    Rochefort s’avance, avant de prendre la parole, en premier.
    — On est sans se voir pendant des années, et l’on se croise soudain matin et soir.
    — La Providence est capricieuse.
    — Je vois que vous êtes très sombrement mis, monsieur d’Artagnan, et fort bien défendu.
    — Paris est en ébullition, il faut se tenir sur ses gardes. Mais je vous renvoie la pareille, monsieur de Rochefort.
    — Irions-nous dans la même direction, à tout hasard ?
    — Je ne sais, quelle est la vôtre ?
    Et Rochefort d’indiquer le nord.
    — Vers le palais des rois ?
    — En effet.
    — Eh bien, il
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