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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne
Autoren: Jean Markale
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s’en donnèrent à cœur joie, mais il y a une limite à tout et
les cent écus ne firent pas long feu. Au bout de quelques semaines, le hucher
fut encore vide. Et la mère dit au garçon :
    — Ah ! mon fils, il faut encore que tu te mettes
en campagne, car je n’ai plus un godet de sarrazin pour faire notre galette de
demain.
    — Sois tranquille, ma mère, dit le garçon, je vais tout
de suite nous tirer d’affaire.
    Sans perdre de temps, il monta au grenier, saisit trois
fagots de genêt bien sec et les jeta dans la cour en s’écriant :
    — Que ces trois fagots deviennent trois beaux
bœufs !
    Dès que les fagots eurent touché le sol, ils disparurent, et
à la place apparurent trois bœufs magnifiques, comme jamais la mère n’en avait
vu de toute sa vie. Ils s’en allèrent brouter l’herbe du pré, juste devant la
maison.
    Le lendemain était jour de foire. Le garçon passa une corde
au cou de ses trois bêtes, et, une baguette de coudrier à la main, il les
poussa devant lui sur la route. Plusieurs marchands s’arrêtèrent et lui
demandèrent le prix de ses bœufs.
    — C’est mille écus, répondait le jeune homme.
    Naturellement, personne ne voulait mettre un pareil prix
pour trois bœufs, fussent-ils les plus beaux du monde. Mais chaque fois qu’un
marchand voulait discuter, le jeune homme l’arrêtait en disant que c’était son
dernier prix et qu’il n’en démordrait pas.
    Il arriva ainsi en ville et se dirigeait vers le champ de
foire, lorsqu’il fut abordé par un étranger, accompagné d’un valet, qui lui
posa la même question que les marchands. Le garçon fit aussitôt la même
réponse :
    — C’est mille écus, pas un sou de plus, pas un sou de
moins.
    — Topez-là, fit l’inconnu sans tergiverser davantage.
    Il sortit mille écus de sa poche et les donna au jeune
homme. Celui-ci s’en retourna. Alors l’acquéreur se tourna vers son valet et
lui dit :
    — Courtaud ! va vite mener ces bêtes dans mon
étable ! quel impertinent ! mille écus, c’est bien cher pour trois
maudits fagots de genêt ! enfin, patience, j’aurai le garçon la prochaine
fois…
    Mais le garçon, qui n’était point trop sot, réfléchissait
sur le chemin du retour. Il se disait qu’à chaque fois qu’il vendait ses bêtes
très cher, personne n’en voulait, sauf un inconnu qui payait sans discuter.
Cela même indiquait que l’inconnu n’était autre que le diable en personne. Mais
après tout, autant en profiter.
    Chez la veuve, il y eut de nouveaux festins. Mais vint
bientôt le temps du dénuement. Et il fallait pourvoir aux besoins du ménage. Un
beau matin, la mère dit à son fils :
    — Hé ! mon garçon, il n’y a plus rien dans notre
hucher. Il est grand temps que tu grimpes à nouveau au grenier et que tu nous
tires d’affaire !
    Le garçon, cette fois, fit la grimace.
    — C’est que, dit-il, je suis au bout de tout ce que je
sais.
    — Tu ne sais plus rien, s’étonna la mère, mais tu
m’avais dit que tu pouvais tout faire ?
    — Je ne sais plus qu’une seule chose, dit le garçon.
    — Laquelle ? demanda la mère.
    — Me changer en poulain.
    — Eh bien ! dit la mère, va pour le poulain.
    — C’est que, dit le fils, il te faudra bien faire attention
à ce que je vais te dire. Quand je me serai changé en poulain, tu me mèneras à
la foire pour me vendre. Et tu demanderas mille écus. Personne ne voudra
accepter un tel prix. Ils voudront tous discuter et te faire baisser ton prix.
Sois intraitable. Alors, un inconnu viendra te dire qu’il accepte et te donnera
les mille écus. Mais je sais que cet homme, ce sera le diable. Prends bien
garde de ne pas vendre la bride, car sinon, je serai perdu et tu ne me reverras
jamais.
    La bonne femme promit d’observer tout ce que son fils lui
disait. Alors il monta au grenier et se jeta par la lucarne. C’est ainsi qu’il
devint un joli poulain. Une fois bridé et sellé, il sautait et gambadait sur la
route. De riches maquignons, séduits par son élégance et sa souplesse,
abordèrent la veuve et lui demandèrent son prix.
    — Mille écus, répondit la bonne femme.
    — Oh ! mille écus ! c’est une
plaisanterie ! Nous vous en donnerons cent, et ce sera bien payé pour un
poulain.
    Mais la veuve refusait. Certains offrirent même cent vingt
et cent cinquante écus pour le poulain, mais ils ne furent pas mieux reçus. La
journée se passa ainsi. Vers le soir, un monsieur très
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