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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne
Autoren: Jean Markale
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sobrement vêtu de noir
arriva sur le champ de foire et se dirigea vers la bonne femme. Il lui proposa
mille écus pour son poulain à condition qu’il pût avoir la bride. À cette
exigence, la bonne femme reconnut le diable et son premier mouvement fut de
refuser. Mais cependant, mille écus, c’était une somme considérable, sans
compter que la foire commençait à être sur la fin. Elle essaya de discuter,
mais l’autre ne voulut pas en démordre : il lui fallait la bride en même
temps que le poulain, sinon l’affaire ne se ferait pas. Alors la veuve lui céda
le poulain avec la bride et se sauva avec ses mille écus.
    Aussitôt qu’elle fut partie, le diable – car c’était bien
lui – se tourna vers son valet et lui dit :
    — Courtaud ! va vite mener mon poulain à l’écurie.
Surveille-le bien pour qu’il ne te fausse pas compagnie. Tiens solidement la
bride et prends bien garde de ne pas monter sur son dos. En route, tu le feras
boire à l’étang qui longe le chemin.
    Le valet promit tout ce que son maître voulut. Il partit
avec le poulain qu’il tenait solidement par la bride. Mais la route était
longue vers le château, et de plus, le valet était bien fatigué. Alors, se
retournant pour voir si son maître n’était pas en train de l’épier, il n’y tint
plus : voyant qu’il était seul, il saisit la crinière d’une poignée, posa
le pied gauche sur l’étrier, et, d’un bond, s’installa sur le dos du gentil animal.
    Mais il n’avait pas plus tôt enfourché le poulain que
celui-ci partit au galop sans que le valet pût le retenir. Il avait beau crier
et serrer ses jambes, le poulain semblait enragé. Arrivé sur le bord de
l’étang, l’animal s’y précipita. À peine avait-il touché l’eau que le poulain
se transforma en un poisson frétillant. Le valet regagna la rive tout penaud au
moment même où le diable, inquiet de savoir comment se comportait son valet,
arrivait. Il ne prit pas le temps de faire des remontrances au valet. Il se
changea immédiatement en une loutre et se précipita dans l’étang. Il fouilla
tout de fond en comble et se mit à dévorer tout ce qu’il trouvait :
carpes, anguilles, truites et brochets. Tout y passa. Bientôt l’étang fut
presque vide de tous ses poissons, et le diable, sous forme de loutre, était
toujours à la recherche du garçon qui s’était transformé en poisson. Et
bientôt, le seul poisson qui restait, c’était le fils de la veuve. La loutre se
précipita pour le saisir entre ses crocs. Alors le poisson sauta hors de l’eau
et se changea en pigeon qui se mit à voler à tire-d’aile. Il arriva à une
maison et vit une fenêtre ouverte. Il entra dans une chambre où se trouvait une
jeune fille couchée dans un lit et en train de dormir. Il alla doucement se
poser sur elle. La jeune fille, réveillée par le frôlement, allongea le bras
pour chasser l’oiseau importun.
    — Ne me chassez pas, mademoiselle, dit le pigeon. Si
vous le voulez bien, je vais me changer en un anneau d’or et me mettre à votre
doigt. Le diable me poursuit et veut me prendre. Il viendra jusqu’ici et vous
proposera des bijoux et beaucoup d’or en échange de votre anneau. Je vous en
prie, ne l’écoutez pas, car si le diable me prend, je suis perdu à jamais. Si
votre père vous demande de donner ou de vendre l’anneau, n’hésitez pas :
ôtez-moi de votre doigt et jetez-moi sur le plancher.
    La jeune fille fit comprendre qu’elle acceptait. À ce
moment-là, on frappait à la porte de la maison. Le père de la jeune fille alla
ouvrir et se trouva en présence de l’homme vêtu de noir. Celui-ci lui demanda
de toute urgence de bien vouloir l’accompagner dans la chambre de sa fille.
    Le diable s’adressa à la jeune fille, et d’une voix
caressante, il la pria de lui donner l’anneau qu’elle portait au doigt. Mais
cette demande resta sans effet. L’étranger insista :
    — Voici des bagues ornées de saphirs et de turquoises
qui seront bien plus belles à votre doigt que ce misérable anneau. Donnez-le
moi et vous aurez tous ces bijoux.
    — Gardez-les, dit la jeune fille. Mon anneau est un
cadeau de fiançailles et je n’ai pas l’intention de m’en dessaisir.
    — Eh bien ! dit le diable, je ferai encore
mieux : je remplirai d’or cette chambre, depuis le plancher jusqu’au
plafond.
    — Vous me donneriez tous les trésors de la terre, je
les refuserais, s’obstina la jeune fille.
    Le diable était
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