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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne
Autoren: Jean Markale
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la chambre aux bêtes venimeuses et
entra dans la chambre voisine. Elle vit alors une pièce immense, avec des cages
un peu partout, suspendues au plafond. Et dans ces cages, il y avait des
rossignols, des rouges-gorges, des chardonnerets, des fauvettes et toutes
sortes d’oiseaux qui chantaient. Mais la veuve n’avait pas le cœur à jouir de
ce concert. Elle remarqua un oiseau qui battait désespérément des ailes contre
les barreaux de sa cage et comprit tout de suite que c’était son fils qui
l’avertissait de sa présence. Sans plus attendre, elle ouvrit la cage, saisit
l’oiseau, le mit sous son tablier et l’emporta.
    Elle entendit l’homme en noir grincer des dents derrière
elle tandis qu’elle franchissait la porte du château. Cette porte se referma
brutalement et il y eut un violent coup de tonnerre. Et aussitôt l’oiseau se
transforma, reprenant son aspect humain. La veuve fut joyeuse d’avoir retrouvé
son fils. Mais tout en reprenant le chemin de la maison le fils dit à sa
mère :
    — Une autre fois, ma mère, il faudra te tenir sur tes
gardes, et ne plus me gager pour un an et un jour.
    — Ne crains rien, mon garçon, répondit la mère, la
leçon n’est pas perdue et je serai plus fine la prochaine fois.
    — Oh ! dit le fils, je ne te fais pas de
reproches, bien au contraire. Au cours de mon séjour chez le diable, j’ai
beaucoup appris, et si nous retombons dans la gêne, parbleu ! je saurai
bien trouver le moyen de nous en faire sortir !
    Les cent écus de l’homme en noir furent vite mangés. Tous
les jours, il y avait festin chez la veuve : les échinées de porc
succédaient aux épaules de mouton, et au lieu de la piquette d’autrefois, on
buvait, soir et matin, le meilleur cidre du pays. Le seigneur de la paroisse
n’avait pas une table si bien garnie. Bref, cela dura un certain temps, mais la
veuve s’aperçut qu’il ne restait plus rien des cent écus et qu’il n’y avait
plus un morceau de pain dans la huche. Elle dit alors à son fils :
    — Mon garçon, la bourse est vide, les écus sont
envolés. Tu m’avais assurée que tu connaissais des moyens pour nous faire
sortir de la gêne, c’est le moment ou jamais de te mettre à la besogne !
    — Bien sûr, répondit le jeune homme, ce n’est pas
difficile. Ce sera l’affaire d’une minute.
    Sans plus tarder, le garçon s’en alla dans la cour. Il prit
l’échelle pour monter au grenier. Arrivé là, il saisit trois gerbes de paille
et les jeta par la lucarne en s’écriant :
    — Que ces trois gerbes de paille deviennent à l’instant
trois beaux moutons !
    Ces paroles étaient à peine prononcées que les gerbes
disparurent par enchantement. À la place, il y avait trois beaux moutons, comme
jamais la vieille n’en avait vu de sa vie. Elle se dit en elle-même que tout
cela n’était pas très normal, mais après tout, son fils savait bien ce qu’il
faisait. Et le garçon prit le chemin de la foire, emmenant ses moutons avec
lui.
    Il n’était encore qu’à la moitié de la route qu’un monsieur,
tout de noir vêtu, suivi de son domestique, le rattrapa.
    — Vous avez là de beaux moutons, jeune homme, dit-il en
s’approchant.
    — Dame, répondit le garçon, il faut ce qu’il faut quand
on va vendre ses bêtes.
    — Voulez-vous me les vendre ? demanda le monsieur.
    — Avec plaisir, si j’en retire un bon prix.
    — Combien en voulez-vous ?
    — Cent écus.
    — C’est bien cher, cent écus, pour ces trois moutons,
fit remarquer l’inconnu. Mais enfin, ils sont beaux. C’est d’accord. Voici vos
cent écus, donnez-moi les bêtes.
    L’homme vêtu de noir prit livraison des moutons et se remit
en route. Dès que le garçon fut parti, il dit à son domestique :
    — Courtaud ! conduis ces bêtes à la maison !
Cent écus ! peste de l’impertinent ! c’est bien cher payé pour trois
bottes de paille ! mais patience ! je finirai par avoir le garçon…
    Car vous le pensez bien, l’homme vêtu de noir n’était autre
que le diable en personne. Il avait changé son apparence pour que le jeune
homme ne pût le reconnaître. Le diable emmena donc les moutons qui n’étaient en
réalité que des bottes de paille, et le garçon, tout joyeux d’avoir fait une
bonne affaire, s’en retourna chez sa mère.
    La mère poussa des cris lorsque son fils lui remit les cent
écus. Comme de juste, la bombance recommença de plus belle dans la maison. La
mère et le fils
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