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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne
Autoren: Jean Markale
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curiosité, une vision anachronique de l’humanité, ou encore
un balbutiement sympathique mais mineur. Le tourisme n’est pas loin, et le
tourisme réclame des anecdotes pittoresques. On ne s’est pas fait faute de lui
en fournir. C’est alors que le folklore est devenu
un moyen pour attirer les « voyeurs ». La Bretagne, comme de
nombreuses autres régions, est devenue une véritable réserve où l’on venait voir, non pas des Indiens, mais leurs équivalents, où l’on
venait écouter les petits enfants débiter, moyennant quelques sous, les
sornettes les plus ahurissantes – et les moins traditionnelles – sur l’origine
des menhirs de Carnac. La Bretagne devenait le pays des crêpes, du biniou, des
clochers à dentelles et des histoires de revenants, et l’on arrivait par
fournées pour savourer, pendant qu’il était encore temps, les fumets d’un
pittoresque quelque peu suspect mais parfaitement rentable.
    Il faut dénoncer cette pratique, à laquelle certains Bretons
se sont associés d’ailleurs, mais qui n’aboutit à présenter de la Bretagne
qu’une image stéréotypée, appauvrie et, en dernière analyse, complètement en
dehors de la réalité. De trop nombreux livres, publiés au début du XX e  siècle, ont malheureusement contribué à faire
considérer la tradition populaire comme un produit dégénéré de l’esprit humain
ou comme le balbutiement de l’esprit scientifique. Nous n’en sommes plus là et
des témoignages solides, comme celui de Pierre-Jakez Hélias, nous prouvent le
contraire. On ne regarde plus les Bretons et les habitants des autres pays minoritaires
à travers les grilles d’un zoo. Au reste, s’ils ont été parfois dans le passé
des bêtes curieuses, c’est à leur corps défendant, et ils ont toujours ressenti
cette situation comme un avilissement. Il est fort heureux que Bécassine fasse
désormais partie de ces mythes que la société industrielle a sécrétés pendant
sa période de triomphalisme mais qu’elle s’efforce de rejeter dans les ténèbres
de sa mauvaise conscience.
    Car, en définitive, de quoi s’agit-il ? De redonner la
parole à un peuple qui, jusqu’à présent, n’avait pas les moyens de se faire
entendre autrement que par une attitude passive, pour ne pas dire soumise.
Présenter un choix de contes populaires bretons, c’est donner la parole à
n’importe quel individu appartenant à ce pays , à
cette nation , à cette ethnie ,
qu’est la Bretagne, qu’on le veuille ou non.
    La Bretagne existe en tant qu’entité historique, économique
et culturelle. Je voudrais pouvoir dire qu’elle existe en tant qu’entité
linguistique, mais ce n’est pas le cas, et cela soulève d’ailleurs bien des
problèmes. Bien sûr, la marque bretonne est importante à l’intérieur des
limites historiques de l’ancien duché. À partir du IV e  siècle
de notre ère, des immigrants venus de l’île de Bretagne, et parlant un langage
celtique, sont venus s’établir dans la péninsule armoricaine, transformant
complètement la physionomie de cette proue du continent. Ils se sont installés
de façon inégale, en plusieurs vagues successives. Puis ils ont accompli leur
marche vers l’est, conquérant, aux IX e et X e  siècles, les territoires sous domination
gallo-franque, pénétrant en Normandie et en Anjou avant de se restreindre au
territoire qui constitue actuellement les cinq départements bretons [1] .
    Mais dans tout l’est de ce territoire, la langue était le roman , c’est-à-dire l’ancêtre du français. Rennes,
Nantes, Vitré et Fougères n’ont jamais parlé la langue bretonne. Et pourtant,
ce furent des cités essentiellement bretonnes, Nantes et Rennes étant même les
nouveaux pivots de ce royaume de Bretagne ainsi constitué. Cet état de fait qui
a d’ailleurs conduit à une lente déceltisation de la Bretagne justifie la
division du pays en Haute-Bretagne, francophone (le pays Gallo) et en
Basse-Bretagne, celtophone et maintenant bilingue, mais ne détruit en rien la
réalité d’une unité culturelle, politique et économique qu’on ressent aussi
bien à Fougères qu’à Quimper. De plus, la portion de Bretagne celtophone qui, à
partir du XII e  siècle, s’est déceltisée
pour devenir francophone (entre Saint-Malo et Paimpol et entre Saint-Nazaire et
Vannes) sert de lien entre les deux autres régions. Si, à l’heure actuelle, la
limite de la Basse-Bretagne et du pays Gallo se situe entre
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