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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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encore.

 
     
6
    Alors commença la grande persécution, et tant de vies furent emportées par cette tempête de mort que ma voix ne pourra jamais être assez forte pour donner à entendre la souffrance des martyrs.
    Pourtant, rien d’abord n’avait paru changer.
    Les empereurs se succédaient et l’on avait à peine appris le nom de celui qui s’était enveloppé dans le manteau de pourpre qu’on annonçait qu’il avait été tué.
    Après Aurélien, il y eut ainsi Tacite, Florien, Probus, Carus, Carin, Numérien.
    Qui se souciait de ces règnes de quelques jours ?
     
    — Ils nous laissaient prier et fréquenter nos églises, m’avait rapporté Petros. Ils n’exigeaient pas que nous adorions ce Sol invictus devant lequel les païens déposaient de plus en plus d’offrandes. Nous détournions la tête en passant devant les temples, et nul ne semblait plus se soucier de nous. Mais moi qui me traînais à ras de terre, auquel on ne prêtait guère attention, j’entendais les menaces que la plèbe proférait à mi-voix à proximité des temples de Jupiter, d’Hercule, de Sol invictus . Nous étions les impies qui irritions les dieux. Et ceux-ci se vengeaient des empereurs qui toléraient notre impiété, qui nous accueillaient en leurs palais, qui acceptaient que nous devenions légats, magistrats, tribuns. J’écoutais ces murmures : c’était comme un grondement lointain quand le ciel est encore bleu mais que l’horizon s’obscurcit.
     
    Je suis né en ce temps-là, quand une barre noire, au loin, annonce la bourrasque.
    Dioclétien devint empereur.
    Des hommes qui l’ont servi m’ont relaté que ce fils d’esclaves, ce commandant des protectores , fit tuer l’assassin de l’empereur Numérien et fut élu par ses troupes pour lui succéder.
    Il vivait alors à Nicomédie, dans la province de Bithynie, en cet Orient où Christos comptait tant de fidèles, mais ou proliféraient les dieux païens.
    On assure que Dioclétien eut pour épouse une chrétienne, Prisca, qui lui donna une fille, Valeria, mais qu’il exigea d’elles qu’elles sacrifient aux dieux païens car il craignait qu’elles ne fussent disciples de Christos.
    Cet homme soupçonneux, grand, au visage étroit qu’une fine barbe assombrissait, aux yeux pénétrants, fut le Grand Persécuteur.
    Il déclara :
    « Je suis l’égal de Jupiter, l’empereur dieu des dieux, qui est aussi Sol invictus .
    « Que devant moi chacun s’agenouille comme on fait devant la statue de Jupiter !
    « Qu’on prenne le bord de mon manteau pourpre et qu’on l’embrasse en signe de soumission et d’adoration ! »
    On apprit qu’il avait décidé de partager le pouvoir impérial avec un second auguste, Maximien, qui lui serait subordonné comme Hercule l’est à son père Jupiter. Et chacun d’eux, Jupiter-Dioclétien et Hercule-Maximien, serait secondé par des césars : Constance Chlore serait le césar de Maximien et Galère celui de Dioclétien.
     
    — Nous sentions que les temps changeaient, avait poursuivi Petros.
    Les chrétiens, s’ils voulaient entrer ou demeurer dans l’armée, devaient abjurer ; sinon, ils étaient refoulés ou chassés, et souvent exécutés.
    Dans les camps des légions, on célébrait le culte de Sol invictus et aucun soldat ne pouvait s’y dérober.
    On vénérait Mithra, la toute-puissante divinité d’Orient à laquelle on sacrifiait un taureau noir. Le sang qui jaillissait de sa gorge tranchée inondait, comme pour un baptême, les hommes assemblés dans une fosse, au-dessous de l’animal, et leur procurait un surcroît de virilité.
    Partout dans l’Empire ces païens exaltés recommençaient à lapider, à dénoncer, à traquer les chrétiens.
    Ils invoquaient Jupiter et Hercule, Mithra et Sol invictus , les dieux sombres des montagnes d’Illyrie, de ces régions du sud du Danube dont étaient originaires les empereurs Dioclétien et Maximien, et leurs césars, Galère et Constance Chlore.
    Le pouvoir avait désormais quatre visages qu’unissait la même volonté de ranimer le culte des dieux païens afin que l’Empire recouvre sa force, comme s’il avait été aspergé tout entier par le sang d’un taureau sacrifié.
     
    J’étais enfant, à Lugdunum, alors que cette tétrarchie gouvernait l’Empire.
    J’ai vu les miens persécutés.
    D’autres chrétiens, à Trêves et à Milan, en  Gaule, en Bretagne, en Afrique, eurent le corps brisé par la poigne de Maximien et de
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