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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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les légions. Et voici qu’un jour – une date dans l’histoire de l’Empire – l’empereur était tombé aux mains des Perses.
    Oui, voici l’empereur du genre humain, le persécuteur des chrétiens, le païen, réduit à la condition d’esclave, contraint, comme les soldats prisonniers, de charrier des pierres, du sable, des madriers pour construire la grande digue que les Perses voulaient élever afin de protéger leur propre empire des divagations des fleuves.
    — C’est le châtiment, avais-je martelé. Dieu n’oublie pas ! Dieu montre que l’empereur persécuteur de chrétiens ne peut vaincre. Il meurt.
    Le corps de Valérien avait été aussi indignement traité que l’avaient été, sur son ordre, ceux des chrétiens martyrisés.
    On l’empailla. On le teignit en rouge. On le suspendit au plafond d’un temple. Aucune résurrection ne pourrait ranimer cette défroque païenne.
     
    Petros avait reconnu que le sort de Valérien avait dessillé les yeux du fils, son successeur.
    Gallien, devenu seul empereur, avait rendu leurs biens aux chrétiens, admis qu’ils célébrassent leurs cultes dans leurs églises, respectées comme l’étaient les temples païens.
    Était-ce enfin la naissance de l’Empire chrétien ?
     
    J’ai rencontré Eusèbe, évêque de Césarée. Il a été mon maître et m’a donné à lire, au fur et à mesure qu’il l’écrivait, l’histoire de ces années-là.
    Sa voix, ses phrases étaient pleines de cette certitude que c’en était fini des persécutions. Il était soulevé par l’espérance que les citoyens de Rome, l’homme de la plèbe comme l’empereur, allaient reconnaître Christos.
    Je l’ai écouté, fasciné par la détermination et la foi de ce chrétien qui était mon aîné d’une vingtaine d’années.
    — J’ai cru en l’empereur, me dit-il.
    Gallien avait promulgué un édit de tolérance.
    Il honorait les évêques qu’il traitait comme ses représentants. Il désignait comme légats impériaux des chrétiens. On en rencontrait parmi les magistrats, les serviteurs du palais impérial. On n’exigeait plus qu’ils célébrassent les dieux païens ou le culte de l’empereur.
    — J’ai répété à l’empereur, m’a confié Eusèbe, les propos de Paul de Tarse. Le disciple de Christos n’avait-il pas dit : « Que chacun soit soumis aux puissances régnantes, car il n’y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu. Les puissances qui existent sont ordonnées par Dieu ; en quelque sorte, celui qui fait de l’opposition aux puissances résiste à l’ordre établi par Dieu » ?
    Dans chaque ville de l’Empire, on construisait de vastes églises dans lesquelles se pressaient les convertis, de plus en plus nombreux.
    — L’empereur découvrait que nous étions, nous chrétiens, ceux autour desquels pouvait se réunifier l’Empire que les ambitions, les complots, les peuples barbares menaçaient.
    J’ai interrompu Eusèbe. Je l’ai interrogé sur les croyances de Gallien, sur celles de son successeur Aurélien. Eusèbe est resté longtemps silencieux.
    — Païens, a-t-il enfin murmuré.
    Le chemin qui conduisait à l’Empire chrétien était donc encore long.
    — Pourquoi, m’a demandé Petros, Dieu n’est-Il pas tout-puissant ?
    — C’est aux hommes de Le convaincre que l’heure est venue, mais elle ne l’est pas encore.
     
    Je me souviens de la voix étouffée d’Eusèbe lorsqu’il me raconta comment il avait découvert que l’empereur Aurélien, successeur de Gallien, non seulement n’avait pas renoncé à sacrifier aux dieux païens, mais avait ordonné qu’on célébrât partout un nouveau culte à un dieu qui dominerait tous les autres, un dieu solaire, celui du Soleil invaincu – Sol invictus  –, que priaient déjà les soldats des légions.
    L’empereur était l’incarnation du Soleil. Il était né dieu et maître. Il représentait sur terre le Sol invictus .
    — C’était une manière de nous imiter, a souligné Eusèbe, de tenter ainsi de se nourrir de notre religion en reconnaissant un dieu païen mais unique, dont tout citoyen de Rome devait pratiquer le culte. S’il reconnaissait Sol invictus , de cette façon, il vénérait l’empereur qui en était issu.
    La perspective d’un Empire chrétien s’éloignait.
    Les hommes devaient désormais choisir entre Sol invictus et Christos.
    L’espoir demeurait qu’un jour Christos l’emporterait.
    Mais il fallait souffrir
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