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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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lapidait, on le couvrait de crachats, mais on s’abstenait de le tuer comme si on avait soupçonné que ce chrétien espérait la mort à l’instar d’une délivrance. On la lui refusait, le laissant traîner sa vie mutilée.
     
    — Ce fut une longue et forte tempête qui fit chanceler, déracina et emporta loin de nous beaucoup de ceux qui avait clamé qu’ils croyaient en Christos. Les apostats furent plus nombreux que les martyrs fidèles à leur foi. Je te le dis, Denys : le temps des empereurs Dèce, Gallus et Valérien fut celui de ma plus cruelle souffrance. Christos m’a laissé en vie, mais j’ai vu nos communautés s’affaiblir et souvent mourir. Quand je rencontrais ceux qui avaient renié notre Dieu, ils détournaient la tête, s’enfuyaient à grands pas. Je n’étais qu’un cul-de-jatte sautillant sur ses mains !
    « La persécution s’était étendue à tout l’Empire. Les empereurs croyaient, en nous frappant, forger l’unité de l’Empire afin de pouvoir brandir le glaive face aux barbares. Alors les cachots se remplissaient de chrétiens qu’on laissait mourir de faim et de soif. Le sang teintait à nouveau de rouge le sable des arènes.
    « Et, pour sauver leur vie terrestre, maints chrétiens renonçaient à leur foi.
     
    Petros avait pris sa tête à deux mains et prié. Il s’était interrogé : il avait été de ceux qui avaient refusé que les apostats pussent un jour être à nouveau accueillis parmi les chrétiens.
    — Christos pardonne, lui avais-je objecté.
    Petros s’était penché en avant et, s’appuyant sur ses paumes, s’était soulevé.
    — Je crois en Christos, avait-il murmuré, mais je ne suis qu’un homme qui se souvient de ceux qui ont trahi leur foi.

 
     
5
    J’avais répondu à Petros :
    — Dieu sait aussi ne pas pardonner. Quand il le faut, quand Il veut punir le Mal, Il frappe du talon et écrase la tête du serpent.
    J’avais énuméré le nom de ces empereurs – Herennius, Hostilien, Trébonien, Volusien, Émilien –, tous persécuteurs, païens haineux, que la mort frappait après qu’ils avaient régné quelques jours. Des assassins écartaient les tentures, se glissaient dans l’ombre des colonnes, plantaient leur poignard à la base du cou, et le tyran égorgé s’affaissait, son sang séchant sur le marbre.
    — Dieu, avais-je dit, veut montrer qu’on ne peut gouverner l’Empire contre Christos. Il veut que les païens comprennent que seul un prince qui reconnaîtrait aux disciples de Christos le droit de prier leur Dieu, de célébrer leur culte, pourrait rester à la tête de l’empire du genre humain. Il ne sert à rien de régner à deux ou à quatre, de se partager l’Empire, à l’un l’Occident, à l’autre l’Orient. On ne peut régner qu’en reconnaissant la toute-puissance de Christos !
    J’avais rappelé à Petros quel avait été le sort de Valérien, cet homme qui, déjà vieux, avait appelé près de lui comme autre empereur, chargé de gouverner l’Occident, son fils Gallien.
    — Souviens-toi de Valérien, Petros…
     
    Petros avait geint comme si une ancienne blessure s’était rouverte.
    Il avait évoqué à mi-voix les décrets pris par Valérien pour extirper le christianisme de l’Empire. Les évêques, les prêtres, les diacres avaient été suppliciés, les sénateurs et les chevaliers chrétiens avaient vu leurs biens confisqués, on les avait chassés de leurs charges, exilés, les matrones avaient été elles aussi dépouillées et on avait traqué les chrétiens qui étaient employés dans les domaines et les palais impériaux. Le grand prêtre chrétien de Rome, Sixte, qu’on appelait le pape, avait été exécuté.
    — Tant de nos frères et de nos sœurs, d’hommes et de femmes de foi, avait ajouté Petros, ont souffert que j’ai pensé que Dieu nous avait abandonnés, qu’il avait détourné les yeux alors qu’on nous martyrisait, peut-être pour nous punir de ne pas avoir su rassembler autour de Lui la foule des païens. Nous n’avions pas réussi à la convertir. C’étaient au contraire les chrétiens qui recommençaient à célébrer les cultes païens.
    — Souviens-toi de Valérien, Petros…, avais-je répété.
     
    En associant son fils Gallien au pouvoir, l’empereur avait cru défendre victorieusement l’Empire.
    Mais les Francs, les Alamans, les Goths, les Perses dévastaient les provinces proches du Danube et celles d’Orient. La peste rongeait
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