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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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impériale. Il n’a pas prononcé le nom de Christos, il n’a pas parlé de ton Galiléen. Il a dit : « Dieu solaire, Sol invictus , tu m’as vaincu ! » Julien a régné et est mort fidèle à sa foi de païen.
     
    Le visage de Denys l’Ancien s’est crispé. Sa bouche n’était plus qu’une cicatrice séparant le menton proéminent des joues creusées et de ces pommettes saillantes qui paraissaient près de lui déchirer la peau.
    — Un chrétien, l’un de tes frères, de ceux qui prêchent la bonté, l’amour de la vie, l’a tué, a martelé Marcus.
    Denys a grimacé.
    — Ce bouc se prétendait empereur ! a-t-il lancé.
    Sa voix était rageuse, méprisante.
    — Ce cuistre de Grec avait renoncé à sa foi, sacrifié devant les idoles, fermé les églises, persécuté les fidèles de Christos !
     
    Denys l’Ancien a tout à coup saisi les poignets de Marcus, les serrant dans ses doigts maigres.
    — J’ai accompagné durant toute sa vie l’empereur Constantin le Grand, a-t-il dit. J’ai vu les signes que Christos lui a adressés et qui lui ont donné la foi de vaincre. Il a reconnu la puissance du Dieu unique. Il a voulu, lui, l’empereur unique, que Dieu soit un, que tout l’Empire se rassemble autour d’un seul empereur et d’un seul Dieu. Il a bâti dans chaque cité des églises, des basiliques. Il a fondé la Nova Roma , Constantinopolis, sa ville et celle de Christos. Et Julien, cet apostat, a tenté de nier l’œuvre de Constantin, d’en revenir aux idoles païennes !
    De sa poitrine Denys l’Ancien est près de heurter celle de Marcus Salinator.
    — Je te l’ai dit : toi, Marcus, et moi, Denys, nous avons été les témoins du plus grand changement qu’ait connu l’empire du genre humain depuis la naissance de Christos. Moi, j’ai assisté au baptême du premier empereur païen ; toi, tu as vu mourir Julien l’Apostat, le dernier empereur païen.
    Denys l’Ancien a lâché les poignets de Marcus, s’est éloigné de quelques pas, puis s’est immobilisé, mains jointes devant la bouche, les yeux regardant en direction du Vésuve.
    — La foi en Christos est un feu bénéfique, a-t-il dit. C’est l’histoire de cet incendie qui a embrasé tout l’Empire que je me dois d’écrire.
    Il s’est retourné vers Marcus Salinator.
    — J’ai besoin de ta maison, de ton hospitalité, Marcus Salinator. Je souhaite consulter les écrits de tes aïeux et recueillir tes propres souvenirs.
    Il a tendu le bras vers Marcus dans un geste à la fois protecteur et menaçant.
    — N’oublie pas, le Galiléen, notre Christos, a vaincu !

 
     
2
    Pour convaincre Marcus Salinator qui a aimé l’empereur Julien l’Apostat et ne l’a jamais renié, Denys l’Ancien bénéficie de l’autorité et de l’assurance que confèrent l’âge, les épreuves surmontées et la notoriété.
    À Constantinopolis, à Rome, à Milan, à Trêves, à Athènes, à Nicomédie, à Antioche, à Césarée de Palestine, à Alexandrie, dans toutes ces villes où Marcus Salinator a lui-même vécu, on admirait Denys l’Ancien, le confident, le conseiller de Constantin le Grand, le chrétien qui, avant même d’être puissant, de vivre au palais impérial, avait connu, au temps de sa jeunesse, les persécutions sans jamais renoncer à sa foi en Christos.
     
    Denys l’Ancien était né en 280 après Christos, au cœur de l’hiver, en janvier, dernier fils d’une famille gauloise de Lugdunum 2 convertie au christianisme.On ne connaît d’elle que ce que Denys l’Ancien en a dévoilé.
    On sait aussi que la communauté chrétienne de la capitale des Gaules se souvenait du martyre des chrétiens de Lugdunum.
    Le légat impérial, Martial Perennis, avait, en 177, sur ordre de Marc Aurèle, fait torturer et livrer aux bêtes fauves, dans l’amphithéâtre au pied de la colline de Fourvière, des dizaines de chrétiens.
    Les noms de ces martyrs – Pothin, Blandine, Sanctus, Attale, Alexandre, Ponticus – n’étaient pas oubliés 3 .
    Chaque année, Denys l’Ancien avait célébré la mémoire de ses frères en Christos dont l’exemple, la fidélité à leur foi, malgré la souffrance et les supplices infligés, avaient fait naître de nouveaux chrétiens.
    Ils avaient dû subir durant des décennies de nouvelles persécutions. Denys l’Ancien avait souffert de celles décidées par l’empereur Dioclétien en 303 ; il n’avait alors que vingt-trois ans.
    On l’avait emprisonné
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