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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand
Autoren: Max Gallo
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jours qu’il avait passés à Lugdunum.
    Il avait le teint rougeaud, les cheveux clairsemés qu’il plaquait en longues mèches destinées à masquer sa calvitie. Sa barbe était rare, elle semblait n’avoir jamais recouvert qu’une partie de ses joues. Le plus souvent, au reste, il se rasait. Il était avenant, serein, et ses yeux immenses m’avaient fixé avec sympathie. En même temps, son nez busqué, son menton accentué donnaient une impression d’autorité, de force et de détermination.
    Il m’avait questionné avec amitié sur ma foi en Christos, que je ne lui avais pas celée.
    J’avais commencé par lui répondre avec prudence, mais, peu à peu, je m’étais enflammé, j’avais dénoncé les persécutions passées, le martyre, sur ordre de Marc Aurèle, à Lugdunum, de ces chrétiens dont je lui avais cité les noms : Pothin, Blandine, Attale, Alexandre, Ponticus, Sanctus…
    Je m’étais inquiété des menaces qu’à nouveau on sentait peser sur les leurs.
    Je me souviens qu’il avait posé la main sur mon épaule.
    — Pas moi, avait-il murmuré.
    Et je crois que ce sont ces deux petits mots qui m’avaient décidé à le suivre à Nicomédie, à vivre ainsi dans l’entourage de Dioclétien.
     
    Là, j’avais découvert que de nombreux dignitaires, des serviteurs, le grand chambellan Dorothée étaient chrétiens.
    Tout en exprimant leur dévouement à Dioclétien, en approuvant sa volonté de remettre de l’ordre dans l’Empire et de gouverner avec l’aide de Maximien, de Constance Chlore et de Galère, ils ne sacrifiaient pas aux dieux païens, refusaient de célébrer le culte de Jupiter, d’Hercule ou de Sol invictus .
    Ils me confiaient que Dioclétien avait exigé de son épouse Prisca et de sa fille Valeria qu’elles reconnussent ces dieux païens. L’empereur craignait qu’elles ne reçoivent le baptême ou n’aient été déjà ondoyées.
    Les chrétiens du palais étaient confiants, sûrs qu’un jour la foi en Christos deviendrait celle de tout l’Empire.
    Puis la tempête de mort s’est mise à souffler.
     
    J’ai vu Constantin, le visage grave, et quand je l’ai interrogé sur les longues réunions du Conseil impérial qui, autour de Dioclétien, rassemblaient des dignitaires, des légats et le césar Galère dont on savait qu’il était le plus acharné à dénoncer les impies – ces chrétiens dont, disait-il, le refus de sacrifier aux dieux païens attirait sur l’Empire la vengeance de Jupiter, d’Hercule et de toutes les divinités –, il a rougi. L’émotion souvent empourprait ainsi son visage.
    J’ai appris peu après que Dioclétien avait envoyé un prêtre devin dans un temple dédié à Sol invictus afin de recueillir les intentions de la divinité quant à l’attitude à prendre vis-à-vis de la religion de Christos.
    Et Constantin me confia que la réponse du dieu était celle d’un ennemi de Christos.
    J’ai compris que la persécution allait reprendre et s’abattre sur nous.
     
    Le lendemain du retour du devin – c’était le 23 février de l’an 303 après la naissance de Christos –, les portes de l’église chrétienne de Nicomédie furent enfoncées, les livres saints saisis et brûlés, le sanctuaire entièrement détruit.
    Les édits alors se succédèrent, affichés dans le palais impérial, proclamant qu’il fallait raser toutes les églises chrétiennes et jeter les Écritures au feu, puis mettre aux fers les chefs de ces églises en tous lieux. Ordre était donné aux gouverneurs et aux légats d’exiger de tous, dans chaque ville, de sacrifier et de faire des offrandes d’encens et de vin aux statues des dieux païens. Ceux qui s’y refuseraient seraient emprisonnés, suppliciés, livrés aux bêtes ou aux flammes, égorgés.
     
    Combien de milliers de frères et de sœurs en Christos ont alors connu le martyre ?
    Combien de milliers d’autres ont, parce que la peur avait annihilé leur âme, renié leur foi, quitté leurs églises, devenant des lapsi (des déserteurs), des apostats qui erraient, ayant sauvé leur peau et perdu leur vie ?
    J’ai dit à Constantin que j’allais clamer ma foi, offrir mon corps aux supplices.
    Son visage s’est de nouveau empourpré. Il a rentré la tête dans les épaules, paraissant ainsi encore plus massif qu’il n’était. Il m’a fixé de ses yeux qui m’ont semblé énormes.
    — Ta souffrance et ta mort n’apporteront rien à ton Dieu ni aux chrétiens qui
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