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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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pour acheter un lot de mauvaises laines
de Safi qu’il avait revendues à crédit à un autre maître tisserand, lequel
était mort avant d’avoir réglé sa dette. Un long et coûteux procès l’avait
opposé à ses héritiers et il n’était pas assuré de récupérer sa mise.
    Ses ennuis financiers l’avaient contraint à placer en
apprentissage ses deux plus jeunes fils, Giacomo et Bartolomeo. Il avait marié
Bianchenitta, sa fille, à un marchand de fromages qui lui fournissait ce dont
il avait besoin pour sa taverne mais qui s’obstinait à lui réclamer la dot
promise. Dévorée par un mal mystérieux qui rongeait ses entrailles, Suzanna s’était
éteinte et avait été inhumée à Fontana Rossa. Domenico s’était mis en ménage
avec l’une de ses servantes, une brune potelée, qu’il battait comme plâtre
lorsqu’il avait trop bu.
    Cristoforo n’avait pas eu le courage de faire la leçon à son
père, capable de l’estourbir d’un revers de main. C’était un médiocre, un raté,
vivant d’expédients, toujours prêt à se lancer dans des spéculations
hasardeuses dont il ressortait encore plus endetté qu’avant. Pour le tirer
d’affaire, son fils avait dû se charger de faire rendre gorge à certains
débiteurs et de calmer l’impatience des créanciers.
    Les Centurione avaient fermé les yeux sur les trafics
auxquels il s’était livré pour son propre compte lors de ses voyages à Chio. Il
emportait avec lui des draps qu’il revendait un bon prix aux Turcs en échange
d’épées en solide acier de Damas ou de selles finement ouvragées. De la sorte,
il avait pu rembourser les dettes de son père et accumuler un petit pécule que
se chargeait de faire fructifier pour lui l’un de ses amis d’enfance, Michele
da Cuneo. Le « vicomte de Hébron », comme il continuait à se
désigner, plaçait cet argent dans l’espoir qu’il servirait à financer une
partie de la sainte croisade à laquelle ils participeraient tous bientôt. Il
continuait à en être persuadé et ne cessait de rappeler à son camarade de jeux
leurs engagements solennels que celui-ci semblait avoir oubliés.
    Quand il était à terre, Cristoforo passait le plus clair de
ses soirées avec les marins, auxquels il offrait généreusement à boire. Le vin
déliait la langue de ces robustes gaillards dont les visages portaient la trace
des coups reçus lors de rixes d’ivrognes. Il avait ainsi beaucoup appris d’eux.
À chaque escale, ils se précipitaient dans les bordels où les attendaient
d’opulentes Grecques, des Juives aux yeux de braise et des Circassiennes au
teint laiteux. Cristoforo avait un temps refusé de les suivre, ce qui lui avait
valu le sobriquet de « moinillon ».
    Finalement, une maquerelle l’avait déniaisé. Il n’avait pas
eu à s’en plaindre. Elle ne s’était pas contentée de l’étreinte rapide qu’elle
réservait à ses clients de passage. Elle l’avait longuement caressé jusqu’à ce
que son membre se raidisse. Elle l’avait guidé, le laissant doucement la
pénétrer puis ahanant quand il l’avait chevauchée, tout en mordillant ses
tétons et sa gorge. Emporté par le désir, il n’avait même pas remarqué qu’elle
s’était retirée au moment où allait jaillir sa sève. À chacun de ses voyages,
il la retrouvait avec plaisir, comme si elle l’avait ensorcelé. Certaines
nuits, le souvenir de sa toison dorée l’obsédait tout comme l’odeur forte de
ses cuisses entre lesquelles il aimait à poser sa tête.
    Le fameux soir où il était enfin devenu un homme, ses
compagnons avaient joyeusement fêté l’événement. Cristoforo s’était enivré avec
eux avant de regagner en chancelant la caraque. Le lendemain, Matteo, le maître
calfat, l’avait interpellé :
    — La nuit a été bonne, à ce qu’on m’a dit. Garde-toi
cependant de ces ribaudes. Elles sont toutes pareilles. Ne te fie pas à leurs
minauderies, elles ne songent qu’à ton argent. Quand tu auras repris la mer,
elles t’oublieront dans les bras d’autres marins. Ne succombe pas à leurs
charmes. Elles ne valent guère mieux que les sirènes.
    — Car tu crois que celles-ci existent !
    — Ne prononce pas des mots que tu pourrais regretter.
Je n’en ai jamais vu mais mon père et mon grand-père m’ont affirmé avoir
entendu leurs chants enjôleurs. La mer est pleine de mystères et de dangers.
Ils varient selon les endroits mais ils sont bien là. Gare à celui qui
l’oublie !
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