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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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L’obscurité
s’était dissipée progressivement. Face à lui, il y avait une plage, mais pas un
seul bâtiment, rien, si ce n’est un rideau d’arbres. Soudain, son cœur manqua
de défaillir. Il l’avait vu distinctement, une ombre, puis deux ombres avaient
bougé derrière ces arbres. Sans doute étaient-ce les messagers du seigneur de
l’île qui s’apprêtaient à monter à bord d’une chaloupe pour venir le saluer. Il
voulut s’en assurer et se pencha pour mieux voir. C’est alors qu’il entendit,
venant de la Pinta, le cri lancé par Rodrigo de Triana dont il avait
reconnu la voix : « Terre ! Terre [4]  ! »
Pourquoi donc cet idiot était-il sorti de sa torpeur ? Plus rien
n’importait maintenant. Cypango était là, devait être là, ne pouvait être que
là…
     
    *
     
    Le 29 septembre de l’an de
grâce 1501
    De Don Cristobal Colon, amiral de
la mer Océane,
    à Dona Isabelle, reine de
Castille
     
    Reine Très-Chrétienne,
    Ce qui a été la pensée de ma vie, je l’ai dit à plusieurs
reprises à Votre Altesse royale, et ce dès la première audience qu’Elle a bien
voulu m’accorder.
    Je La supplie de croire qu’en dépit de ce qui lui a été
dit et rapporté, c’est à peine si j’ai pu commencer à remplir la mission qui
est la mienne.
    Votre Majesté sait que, malgré mes multiples voyages sur
la mer Océane, je n’ai pas encore atteint Cypango ni pu me rendre à la cour du
Grand Seigneur pour lui remettre les lettres dont Vous m’aviez chargé.
    Les îles que j’ai découvertes et soumises sont encore
loin de Cypango et de Cathay, dont leurs naturels ont cependant entendu parler
comme ils me l’ont dit. Ils parlent d’une terre ferme située à l’ouest de leurs
îles qui obéissent à un souverain riche et redouté. Il ne peut s’agir que du
Grand Khan.
    C’est pourquoi je supplie Votre Altesse royale de ne pas
accorder foi à ceux de mes ennemis qui affirment que les terres que j’ai
découvertes pour le compte de Vos Majestés sont un monde nouveau dont nos
ancêtres n’avaient jamais eu connaissance.
    C’est là grande menterie forgée par les Portugais et
leurs alliés afin de nous détourner de la route la plus courte vers l’Inde.
    Le fait est patent car ces maudits entendent conserver
l’avantage qu’ils ont depuis que l’un de leurs capitaines, Vasco de Gama, est
arrivé à Calicut en passant par le Cap de Bonne-Espérance, s’approchant de
Cathay sans toutefois y parvenir.
    Je reste persuadé que nous y arriverons avant eux et
j’augure même – je ne puis en dire plus pour l’instant – qu’il existe
au sud des terres que j’ai reconnues un passage permettant de gagner Cathay en
voguant vers l’ouest.
    La seconde chose qui me pousse à supplier Votre Majesté
de m’autoriser à continuer de rechercher la route vers Cypango est l’affaire de
Jérusalem, dont je supplie Votre Altesse de ne pas la prendre à la légère et de
ne pas croire que j’en parle par artifice.
    Ce n’est pas pour découvrir de nouvelles terres que je
suis parti mais pour mettre à Votre disposition les richesses de Cypango afin
qu’elles servent à la délivrance du Tombeau du Christ.
    J’ai bien peur que cette idée ne se perde si nous croyons
à l’existence d’un Nouveau Monde dont il conviendrait de baptiser les habitants
avant de se lancer à la reconquête de la Terre sainte.
    C’est l’idée pernicieuse que l’ennemi de l’humanité,
Satan, cherche à instiller dans le cœur des mauvais Chrétiens pour leur faire
oublier d’où ils viennent et vers quoi ils tendent.
    Ce serait donner là une revanche éclatante aux Maures qui,
après la prise de Grenade, craignaient que les Chrétiens ne leur reprennent
toutes les autres terres qu’ils avaient injustement usurpées.
    C’est la raison pour laquelle, délaissant l’exploitation
des îles, je n’ai d’autre souci que de repartir et de me diriger vers la
fameuse Terre ferme. Je Vous informerai dès que j’aurais touché Cypango.
     
    S – S. A. S.
    XMY
    XproFerens.
     
    FIN
     
    ----
    [1] C’est ainsi qu’on désignait le sultan mamelouk installé au Caire.
    [2] Eubée.
    [3] L’Islande.
    [4] La terre aperçue par Rodrigo de Triana était l’île de Guanahani, dans les
Bahamas, baptisée par Colomb île de San Salvador, aujourd’hui Wathings Island.
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