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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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Un
matelot s’effondra, secoué par d’inexplicables sanglots. La mine butée, il se
tint ensuite dans son coin, refusant de répondre aux questions du maître
d’équipage.
    Il restait prostré, la tête entre les mains, marmonnant des
mots incompréhensibles, puis se levait et allait cracher dans la mer comme pour
mieux dissimuler son trouble.
    Prévenu par Juan Sanchez et Luis de Torres, Cristobal fit
venir l’homme dans sa cabine, loin des oreilles indiscrètes. Il le fit asseoir,
lui tendit un gobelet de vin que le matelot avala d’un trait, puis lui jeta une
bourse remplie de pièces. L’homme la saisit et demanda :
    — Pourquoi ?
    — Tu le sais bien, une veuve et ses enfants auront bien
besoin de cet argent à ton retour.
    — Êtes-vous le diable pour savoir pareil secret ?
    — Non. On m’a raconté ce qui s’est passé. Je suis
certain que tu as vu sur le morceau de bois un signe tracé par l’un de tes
parents. Tu as compris alors que tu ne le reverrais plus car il a fait
naufrage, lui et son navire. Qui était-ce ?
    L’homme expliqua qu’il avait reconnu un signe que seul son
frère utilisait, une triple encoche horizontale barrée d’un trait vertical. Son
frère, originaire de Palos, s’était embarqué à la fin mai à bord d’une
caravelle affrétée par Martin Alonso Pinzon, dont on était sans nouvelles
depuis. Pour beaucoup, elle était partie à la côte de Guinée pour y trafiquer
clandestinement. Les choses étaient désormais claires. Elle ne reviendrait
jamais à Palos. Quant à la direction dont provenait le seul vestige qui en
restait, tout laissait supposer qu’elle avait coulé lors d’une tempête alors
qu’elle naviguait vers le couchant, tout comme leur flotte.
    Cristobal ordonna à Luis de Torres de prendre par écrit la
déposition du témoin. Puis, par un signal, il communiqua à la Pinta son
désir de voir Martin Alonso Pinzon le rejoindre pour un entretien.
    L’armateur, en se hissant sur le pont de la Santa Maria, arborait
un visage jovial. Il contempla d’un air dédaigneux la nef, la jugeant sans
doute moins maniable et moins rapide que son navire. Une fois enfermé dans la
cabine avec Cristobal, il poussa un profond soupir :
    — Voilà ce que nous a coûté le retard inexplicable que
vous avez mis à organiser les préparatifs du départ. Ce n’est pas faute de ma
part de vous l’avoir répété. Je vous ai écrit à plusieurs reprises et, devant
votre silence, j’ai dû exiger du frère Juan Perez qu’il vous somme d’être à la
Rabida au plus tard le 22 mai, afin de nous concerter. Si nous l’avions
fait plus tôt, nous aurions pu trouver de meilleurs navires que celui-là. Il
est excellent pour transporter des marchandises de Palos à Gênes, mais pas pour
affronter la mer Océane. Voyez ce à quoi nous a conduit votre insouciance,
monsieur l’amiral.
    Cristobal dévisagea d’un air mauvais l’armateur :
    — D’après ce que vous m’avez dit, il n’y avait plus
aucune caravelle disponible dans la région de Palos hors la Pinta et la Niña.
    —  Assurément. Les autres étaient déjà en mer
depuis des semaines.
    — Vous omettez sans doute celle qui est partie de Palos
peu de temps avant le 23 mai et que vous avez envoyée dans ces parages.
    — Vous mentez.
    — Au son de votre voix, Martin Pinzon, je suis sûr que
vous comprenez parfaitement ce à quoi je fais allusion. Ce navire existe, du
moins existait bel et bien. Nous avons retrouvé un morceau de son mât de hune
qui a été formellement identifié par l’un de mes marins. Voulez-vous que je
vous dise son nom ? De la sorte, vous vous souviendrez sans nul doute de
son frère qui était matelot à bord de ce navire que vous avez affrété. Pour
quelle raison ?
    — Je n’ai pas à vous le dire.
    — Je vais donc le faire à votre place. Vous avez eu, je
ne sais comment, communication de certains renseignements concernant la route
de Cypango et vous avez jugé plus prudent de les garder pour vous. Dans
l’espoir que vos hommes parviendraient à Cypango avant nous et que vous en
récolteriez toute la gloire.
    — C’eût été aller contre la volonté expresse de la
reine ou du roi. C’est à vous qu’ils ont confié cette expédition.
    — Je vous rassure. Le résultat seul leur importe. Vous
ou moi, ils ne font pas la différence. Premier arrivé, premier servi, premier
récompensé. C’est ce que vous avez pensé. Que savez-vous donc au juste de
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