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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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la
route de Cypango ? Il serait temps de le dire, cela pourrait faciliter
notre voyage.
    — Je n’en sais guère plus que vous, si je ne m’abuse.
Car vous paraissez bien soulagé d’avoir découvert les restes de mon navire.
Cela doit vous rassurer de savoir que certains ont pris au sérieux vos
racontars et qu’ils y ont ajouté plus de crédit que vous. Jusqu’ici, vous vous
êtes bien gardé de dire ce que vous pensiez réellement. Vous vous êtes abrité derrière
ce fameux Toscanelli dont vous avez tellement rebattu les oreilles des membres
de la commission.
    — Vous n’oseriez pas mettre en doute la parole de
Toscanelli ?
    — J’y crois autant que vous.
    Cristobal préféra rompre la discussion. Les propos de Martin
Alonso Pinzon montraient qu’il n’était pas dupe de ses incertitudes et de ses
doutes. Mieux valait ne pas lui donner une raison supplémentaire de remettre en
cause son autorité, et lui interdire de répandre son venin. C’était un risque
inutile alors que le moral des hommes était au beau fixe. Cristobal avait beau
expliquer aux plus enthousiastes que le voyage serait long, les marins se
comportaient comme de grands enfants. Ils voulaient leur récompense
immédiatement. La terre, ne cessaient-ils de répéter, était proche. Ils en
voulaient pour preuve le passage, au-dessus de leurs navires, d’une hirondelle
de mer et de paille-en-queue, des oiseaux dont on disait qu’ils ne s’éloignent
pas à plus de vingt-cinq lieues des côtes.
    Cela leur avait fait négliger les fameuses herbes évoquées
par Pedro Vasquez de la Frontera, des herbes verdâtres, à l’odeur désagréable,
qui commencèrent à se faire de plus en plus nombreuses et touffues à partir du
15 septembre. Un marin de la Pinta, un joyeux luron, toujours prêt
à faire rire la compagnie, s’était jeté dans la mer. Quand on l’avait remonté,
il avait affirmé que l’eau était moins salée qu’aux Canaries. C’était la preuve
qu’on était près d’une terre. D’ailleurs, avait-il ajouté, le temps était doux
comme au printemps en Andalousie, il ne manquait que le chant du rossignol pour
que les hommes se sentent chez eux.
    Quand on avait rapporté ses dires à Cristobal, celui-ci
avait haussé les épaules. C’était encore l’un de ces ivrognes impénitents qui
achetaient à leurs camarades leurs rations de vin et qu’on voyait tituber sur
le pont, s’efforçant tant bien que mal d’effectuer leur labeur. Comme ils
étaient le plus souvent de bonne composition, les autres hommes fermaient les
yeux sur leurs excès et prenaient leur place quand ils s’écroulaient, assommés
par le vin.
    Cristobal s’était toutefois inquiété quand, le lendemain, il
avait constaté que la Pinta avait disparu de l’horizon. Pourtant, depuis
le départ de Palos, le 3 août, il avait mis au point un système de signaux
de telle sorte que les navires ne se perdissent jamais de vue et conservent
toujours le même cap. De jour, ce mode fonctionnait aisément. De nuit, une
bonne lanterne suffisait. Là, Martin Alonso Pinzon avait désobéi à ses ordres.
    Quand il reparut, le soir même, il se rendit à bord de la Santa
Maria pour se justifier auprès de Cristobal. Il expliqua benoîtement qu’il
avait aperçu une multitude d’oiseaux volant vers le couchant et qu’il avait
voulu les suivre, pensant qu’ils se dirigeaient vers une île proche. Hélas, ses
recherches s’étaient avérées vaines. À moitié convaincu, Cristobal ne put
s’empêcher de grincer :
    — Vous n’avez qu’une idée en tête, toucher la prime
promise à celui qui verra le premier la terre.
    — Celle-ci vous est-elle réservée de droit divin ?
Si les hommes l’apprennent, je ne suis pas sûr que cela améliore leur vue. À
quoi bon scruter les flots si l’argent est réservé aux officiers ?
    — Encore faut-il qu’il s’agisse de la bonne terre. Si
j’en crois la distance que nous avons parcourue et qui doit être de quatre
cents lieues, nous ne sommes pas près de Cypango mais d’Antilia et de l’île des
Sept Cités. Ces terres sont sans intérêt.
    — À vos yeux, pas aux miens. Elles peuvent receler des
richesses que je ne veux pas voir m’échapper. Elles valent bien vos tuiles
d’or.
    — Mais, maintenant que nous avons la certitude que des
terres se trouvent dans cette zone, nous pourrons y faire escale à notre
retour. Ce qui compte pour le moment, c’est de poursuivre sans répit
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