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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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notre
route et d’échapper à ces maudites herbes.
     
    *
     
    Un verre est
passé,
    Un second
s’écoule,
    D’autres se
videront,
    Si Dieu le
veut.
    Prions le
Seigneur
    Qu’Il nous
accorde un bon voyage ;
    Et grâce à
Sa Sainte Mère,
    Qui nous
défend auprès de Lui,
    Qu’Il nous
protège des ouragans,
    Et ne nous
envoie pas la tempête.
     
    Le mousse, après avoir prononcé cette prière, s’apprêtait à
renverser le sablier, quand un groupe de marins, surgissant de la pénombre,
avait grimpé sur le château arrière, exigeant de parler sur l’heure au
capitaine. Le pilote, Peralonso Nino, avait tenté, mais en vain, de les calmer,
et de leur faire entendre raison. Le maître d’équipage était venu à sa
rescousse, menaçant les plus insolents de quelques bons coups de fouet. Rien
n’y avait fait. Les hommes restaient sur place, serrant maladroitement dans
leurs mains leurs bonnets rouges.
    Cristobal avait fini par sortir de sa cabine. Réveillé par
le tumulte, il s’était habillé à la hâte, avait appelé Juan Sanchez et Luis de
Torres, leur avait demandé de ceindre leurs épées et de ne pas hésiter à s’en
servir quand il le leur ordonnerait.
    Le chef des mécontents, un certain Bartolomé Bives, l’avait
interpellé grossièrement :
    — Dors-tu bien dans ta cabine, capitaine ? Il est
vrai que tu ne dois pas être gêné par la houle. Voilà deux jours que nous
avançons à grand-peine à travers ces maudites herbes. Elles sont pires que la
glace qui, dit-on, prend la mer au large de Thulé et empêche toute navigation.
Si nous ne rebroussons pas chemin, ces herbes vont nous enfermer et nous tirer
vers les bas-fonds.
    — Tu ne sais pas ce que tu dis. Moi au moins, dans ma
jeunesse, j’ai été jusqu’à Thulé et j’en suis revenu, preuve que ce que l’on
raconte de ces glaces est faux.
    — Et ces herbes, sont-elles fausses ?
    — Assurément non, mais si elles ralentissent notre marche,
elles ne l’empêchent pas, tu as pu toi-même le constater. Elles sont loin de
recouvrir toute la mer et, dès que nous leur aurons échappé, nous veillerons à
éviter leurs sœurs.
    — Tu aimes avoir réponse à tout et tu crois
m’impressionner avec tes belles paroles. Il n’est pas difficile de se moquer de
mon ignorance. Je n’ai pas été à l’école et ce que j’ai appris, mon maître
d’équipage me l’a fait rentrer dans la tête à force de taloches. Mais, toi, qui
es si savant, explique-moi pourquoi nous n’avons toujours pas atteint Antilia.
    — Nous l’avons dépassée.
    — Tu mens.
    — Oh non.
    — Et pourquoi n’y avons-nous pas fait escale ?
    — Tiens-tu vraiment à le savoir ?
    — Je l’exige.
    Luis de Torres saisit son épée. Cristobal faisait preuve de trop
d’assurance et les choses allaient mal tourner. Mieux valait expédier dans
l’autre monde ce maudit Bives. Ses complices, pris de panique, se jetteraient à
genoux pour demander merci. Il s’apprêtait à dégainer sa lame quand il entendit
Cristobal affirmer :
    — Nous n’avons pas fait escale à Antilia parce que tu
es interdit d’entrée dans ses tavernes tout comme tu l’es dans celle du Chien
roux à Palos et dans les autres tavernes du comté de la Niebla.
    Un formidable éclat de rire secoua les matelots. Le capitaine
n’était pas n’importe qui. Rien ne lui échappait. Il savait que cet idiot de
Bartolomé, criblé de dettes, n’avait le droit de se montrer nulle part. Il en
était réduit à rester à l’extérieur des auberges et de demander à l’un de ses
compagnons d’aller lui chercher un pichet de vin sans dire à qui il était
destiné. Pas étonnant que les gens d’Antilia n’aient pas voulu d’un tel
coquin !
    Il n’y avait rien à dire, ce Cristobal était drôlement futé.
Ce qu’il avait raconté sur Bartolomé était vrai, autant que ce qu’il avait dit
d’Antilia.
    Sentant la situation basculer en sa faveur, Cristobal avait
fait preuve de magnanimité en s’adressant aux hommes :
    — Rassurez-vous, je ne vous punirai pas pour avoir eu
la stupide idée de suivre cet ivrogne. Lui-même ne mérite pas qu’on le punisse,
ce serait lui donner trop d’importance. Bien entendu, si je le voulais, je
pourrais vous faire fouetter jusqu’au sang. Mais j’ai besoin de vous et de vos
bras. Maintenant plus que jamais. Car, Bartolomé Bives, toi qui prétends savoir
tout, ne sens-tu pas cette brise qui commence à souffler et qui va nous
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