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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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Tôt ou tard il le paiera de sa vie. Tu vois ce marin, là-bas,
Giovanni. Son frère était une forte tête qui ne respectait rien et se moquait
de tout. Un jour, il s’est mis à bêler pour nous faire honte d’avoir immolé un
mouton blanc à la première sortie en mer de la caraque. Trois mois plus tard,
alors que nous étions à Caïffa, il est mort, aspiré par un tourbillon. Son
corps n’a jamais été retrouvé. Non, crois-moi, il est des choses avec
lesquelles il ne faut pas plaisanter.
    Cristoforo n’avait pu s’empêcher de réprimer un sourire. Il
avait déjà oublié la tempête durant laquelle il avait été blessé. Une dizaine
de voyages à Chio lui avaient donné de l’assurance. À l’en croire, la
Méditerranée n’était qu’un grand étang où l’on croisait moins de monstres que
de navires lourdement chargés de diverses richesses. Le danger, ce n’étaient
pas les monstres, mais plutôt les pirates qui écumaient ses eaux à la recherche
d’une prise. De bons Chrétiens prêts à tout pour se partager le butin. Il y
avait quelques mois de cela, leur caraque avait été prise en chasse par un
navire pisan. Le pilote avait profité d’une nuit sans lune pour se réfugier
dans une crique connue de lui seul où ils étaient demeurés deux jours. Quand ils
avaient repris la mer, ils avaient vu flotter sur l’eau un mât auquel pendait
encore un morceau de voile. Sans nul doute, les Pisans avaient trouvé une autre
proie.
    Quand il avait aperçu la Lanterne, l’un des deux phares de
Gênes, Cristoforo avait poussé un soupir de soulagement. Une fois de plus, il
était de retour, sain et sauf. Il avait fait son rapport à Federigo Centurione
qui l’avait écouté avec intérêt avant de l’inviter à revenir le voir, le soir
même. Son frère, Filippo, et lui désiraient l’entretenir de certaines choses.
    Toute la journée, il avait rongé son frein. À coup sûr,
c’était pour lui proposer de devenir capitaine de l’un de leurs navires. Ce
n’était pas trop tôt !
     
    Les deux hommes l’avaient reçu à l’étage qu’ils occupaient
au-dessus de leur boutique et de leurs entrepôts. Vastes et bien éclairées par
des torchères, les pièces étaient meublées de tables, de bancs et de hauts lits
à baldaquin. Les murs semblaient s’appuyer sur de lourds coffres en cuir de
Cordoue. Un feu brûlait dans la cheminée, dessinant d’étranges figures sur les
tapisseries accrochées aux parois. Vêtu d’une longue robe de velours au col de
martre, Federigo Centurione lui tendit un gobelet :
    — Dis-moi si ce vin est à ton goût.
    Cristoforo en avala une lampée, déglutit lentement et
répondit en souriant d’aise :
    — Je n’en ai jamais goûté de tel. Il est doux, presque
sucré. On dirait du sirop. Je ne suis pas sûr que nos bons Génois l’apprécient.
Ils préfèrent des vins plus lourds, plus rudes, plus grossiers, qui les enivrent
en peu de temps. D’où vient celui-ci ?
    — D’une île, Madère, récemment découverte par le roi du
Portugal. Mon cousin, Matteo, qui vit à Lisbonne, m’en a fait parvenir
plusieurs tonneaux. Que sais-tu de la mer Océane ?
    — À dire vrai, peu de chose. Elle entoure les terres
habitées et nul navire n’a jamais pu s’aventurer sur elle.
    — Est-ce tout ce que tu sais ?
    — J’en ai bien peur.
    — Je m’étonne qu’un garçon aussi vif que toi soit à ce
point dépourvu de curiosité. Te souviens-tu du vieil esclave qui t’a élevé ?
    — Antonio ? Paix à son âme ! Il est mort et
je l’ai pleuré car c’était un homme de bien. Peu m’importe qu’il ait été Maure
et qu’il n’ait jamais véritablement renoncé à sa superstition. Mais quel
rapport entre lui et la mer Océane ?
    — Aucun en apparence. Si ce n’est que le roi du
Portugal aurait découvert une route qui lui ouvre accès à l’or et aux richesses
de l’Afrique, sans avoir à passer par l’intermédiaire des Maures. Ses navires
reviennent chargés d’or, de plumes et d’œufs d’autruche, de captifs et de
malaguette, une sorte de poivre qui vaut bien celui que les Vénitiens se
procurent à Alexandrie. Mon cousin est un parfait imbécile. Il m’envoie du vin
mais ne me fournit aucun renseignement sur ses voyages. J’ai eu beau le presser
de questions, il n’en finit pas de me parler des bateaux qu’il veut faire
partir pour les Flandres comme si celles-ci regorgeaient de richesses
inconnues. J’ai été une fois
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