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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Autoren: Patrick Girard
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son père était monté à bord pour se rendre à Gênes et avait même
feint de ne pas le remarquer.
    Un soir, alors que le jeune homme ruminait son ennui dans un
bouge crasseux, il avait noué la conversation avec un vieil homme, un ancien
capitaine, employé comme commis aux écritures chez les Centurione. Il
recherchait un aide capable de le décharger de ses tâches les plus
fastidieuses. Cristoforo avait béni le vieux curé de Mocònesi de lui avoir
fourré dans la tête les lettres de l’alphabet.
    Dix heures par jour, au milieu d’un amoncellement de
ballots, de caisses et de tonneaux, il noircissait des registres, faisant et
refaisant des additions. Ce labeur ingrat avait ses avantages. Son protecteur
recevait la visite de capitaines et de pilotes venus s’entretenir avec lui de
leurs périples. Il les écoutait évoquer leurs souvenirs et leurs navigations,
les mouillages les plus indiqués pour l’aiguade ou les zones infestées de
rochers à peine visibles. Au début, il n’avait pas voulu se mêler à leurs
conversations, il s’était contenté de prendre à la hâte quelques notes. Un
matin, il avait remis au capitaine d’une caraque en partance pour Chio un
minuscule registre :
    — J’ai consigné là tout ce que vous avez dit à propos
de vos précédents voyages, notamment sur les vents que vous rencontrez, à
l’aller et au retour, selon la saison. Qui sait ? Cela vous sera peut-être
utile.
    L’homme l’avait remercié :
    — J’ai l’impression que tu t’ennuies fort dans ce trou
à rats. J’ai besoin d’un commis. Je veux bien te prendre à l’essai. Hâte-toi de
rassembler quelques hardes car nous partons demain matin. Ne t’attends pas à
être payé. Il est déjà bien beau que je t’accepte à mon bord. À toi de me
prouver que tu as l’étoffe pour devenir un marin.
     
    *
     
    C’est à ce singulier concours de circonstances que repensait
le commis, gêné par la présence à ses côtés de Federigo Centurione. Ce diable
d’homme en savait long sur son compte. Mieux valait ne pas tricher avec lui. Se
rappelant ses derniers mots, il lui dit :
    — Il est vrai que mon père m’a chassé de chez lui et
que sa colère a redoublé quand il a su que je travaillais pour vous.
    — Maître Domenico joue les offensés ! Il devrait
pourtant savoir que nous n’avons rien en commun. Il n’est après tout qu’un modeste
maître drapier qui, les bonnes années, emploie, en les payant à peine, deux ou
trois apprentis.
    — C’est vrai. Mais un vieux contentieux vous oppose,
sans que vous le sachiez.
    C’est ainsi que Federigo Centurione apprit la vérité sur la
mort d’Antonio Malfante et sur la ruse à laquelle avait eu recours Pierino
Fregoso pour s’emparer des documents et des cartes du voyageur. Un rictus barra
son visage :
    — Ta franchise t’honore et je saurai m’en souvenir. Je
regrette les désagréments que j’ai pu involontairement causer aux tiens.
L’homme tué dans l’auberge de ton père était l’un de mes commis. Je l’avais
envoyé chez les Infidèles pour tenter de découvrir où se trouvaient leurs mines
d’or. J’ai cru que Pierino Fregoso avait eu la même idée que moi et qu’il s’était
montré plus habile pour nouer les contacts nécessaires. Je comprends maintenant
qu’il s’est joué de moi et qu’il m’a volé. Cela ne lui a pas porté chance. Tout
riche qu’il ait été, il a perdu sa charge de doge quand le Sforza s’est emparé
de notre ville et l’en a chassé après avoir confisqué ses biens. C’est la
preuve qu’une mauvaise action ne profite jamais à son auteur. C’est du passé.
N’en parlons plus. Dis-moi plutôt si tu comptes rester à notre service.
    — La place est bonne et je ne m’en plains pas. La
mésaventure d’aujourd’hui m’a montré que j’avais toutefois encore beaucoup à
apprendre si je veux continuer à naviguer.
    — Il te faut en effet acquérir de l’expérience. Tu y
parviendras, j’en suis sûr. Alors, un jour peut-être, je te confierai l’une de
nos caraques. Ce sont de bons bateaux, plus maniables que les galées de Pise ou
de Venise. Je compte en faire construire de nouvelles en plus de celles que je
possède déjà. Songes-y et veille à mériter ma confiance.
     
    Une fois débarqué à Gênes, Cristoforo se rendit à Savone où
il découvrit que son père avait, comme à l’accoutumée, accumulé déboires sur
déboires. Il s’était lourdement endetté
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