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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2
Autoren: Alain Decaux
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l’empoche. Le Crédit municipal de Bayonne encaisse quarante millions en 1931, cent millions en 1932. La plus grande partie de ces fonds a été reversée au crédit de M. Alexandre.
    M. Garat ne s’étonne pas. De la main à la main, il a touché par deux fois 200 000 francs. Il ne faudrait surtout pas dire du mal de M. Alexandre devant le député-maire Garat.
     
    Au printemps de 1932, l’avocat Bonnaure se présente à la députation dans le III e arrondissement de Paris. Stavisky lui apporte son soutien, ce qui veut dire un financement non négligeable. Bonnaure est élu. Or, il appartient à la majorité radicale. Il est clair que Stavisky a joué la bonne carte. La Volonté , son journal – car il a un journal – soutient la politique radicale. On n’a plus rien à lui refuser.
    M. Alexandre pense, dans ces conditions, qu’il serait plus sage de songer à rembourser Bayonne comme il a remboursé Orléans. Il lui faut donc lancer une nouvelle grande affaire qui lui procurerait les capitaux nécessaires.
    Il la trouve. Les « optants » hongrois paieront. Qu’est-ce à dire ? Si le traité de Trianon a retiré des territoires à la Hongrie, il a accordé à leurs habitants la liberté d’opter pour la nationalité hongroise. Afin de compenser l’abandon des biens que ceux-ci laisseraient derrière eux, on a prévu à leur intention des indemnités sous forme d’obligations amortissables à paiements échelonnés jusqu’en 1966. L’Allemagne est responsable du règlement. Bien entendu, l’Allemagne n’a pas versé un sou. Les bons ont fini par perdre toute valeur.
    Avec un flair aiguisé par les années, M. Alexandre a deviné la faille : des créditeurs insistent, le débiteur est défaillant. Pourquoi ne pas se glisser entre eux et, à titre d’intermédiaire, se tailler la part du lion ?
    Accompagné de Bonnaure, M. Alexandre se rend à Budapest et acquiert, pour très peu d’argent, un énorme paquet des fameuses obligations. Il crée alors la Caisse autonome des règlements internationaux. Nom superbe. L’objet officiel : financer les travaux des régions et des communes concernées. On voit Alexandre à la Société des Nations. À Genève, il fréquente les diplomates. Ce séducteur-né déploie tous ses dons. Il est bien près de réussir.
    Avec l’argent récolté – il en est sûr – il va donc rembourser Bayonne. Après quoi, c’en sera fini de la voltige. Les vieilles affaires ? Ses amis ministres et députés l’aideront à les faire oublier. Il rêve. La vie sera belle.
    Ce n’est qu’un rêve, justement.
     
    Le vendredi 22 décembre 1933, le téléphone sonne chez M. Alexandre. Au bout du fil, M. Tissier épouvanté. Sa voix tremble. Il dit que M. Sadron, receveur des Finances de Bayonne, a découvert que des bons figurant dans la comptabilité pour 100 000 francs ont été en réalité émis pour une valeur d’un million. Sadron, stupéfait, a interrogé là-dessus Tissier qui a bafouillé lamentablement. On en est là. C’est à ce moment précis que Tissier appelle Stavisky.
    La visite de Sadron représente un aboutissement. Une plainte a été déposée par la société Urbaine-Vie auprès du ministère des Finances. Une enquête a été ouverte. On est tombé des nues en constatant l’ampleur des bons émis par le Crédit municipal de Bayonne. En fait, 239 millions de faux bons ont été mis en circulation ! M. Sadron a été prié d’obtenir des explications de Tissier. D’où sa visite.
    M. Alexandre a écouté tout cela sans broncher. Il en faut davantage pour l’impressionner. Il croit avoir rassuré Tissier. Il a tort. Le lendemain, Tissier perd pied, il avoue toute la combinaison au sous-préfet de Bayonne. Il révèle qu’Alexandre n’est autre que l’escroc Stavisky. On arrête Tissier. Un mandat d’amener est lancé contre Stavisky.
    M. Alexandre ne plastronne plus. De temps à autre, il a tout de même pensé que ses audaces auraient peut-être une fin. Il s’est alors juré de ne plus retourner en prison. Une cellule, pendant des années ? Jamais.
     
    Une terrible catastrophe ferroviaire vient de se produire à Lagny. Deux cents morts, trois cents blessés. Un instant, Stavisky songe à monter une extravagante mise en scène : pourquoi ne pas envoyer un complice à Lagny qui déposerait ses propres papiers sur l’un des cadavres ? Le temps lui fait défaut. On se prend à regretter que la manœuvre n’ait pas
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