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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2
Autoren: Alain Decaux
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réussi : elle manque à la carrière de l’escroc.
    Stavisky se rend chez son avocat, M e   Guiboud-Ribaud. Il lui annonce que, s’il ne peut passer la frontière, il se donnera la mort. Il appelle Arlette au téléphone, lui demande de lui apporter une valise de linge et sa trousse de toilette dans une brasserie de la Chaussée-d’Antin. Il passe la nuit dans un petit hôtel. Le lendemain, veille de Noël, il fait ses adieux à ses amis les plus proches, demande qu’on lui procure de l’argent. Une valise de bijoux – authentiques ceux-là – vient d’arriver de Bayonne. Alexandre va en obtenir 100 000 francs alors qu’ils valent dix millions.
    L’un de ses comparses, Pigaglio, offre de l’accompagner au volant de sa Peugeot jusqu’en Haute-Savoie : à Servoz, il possède un chalet où il jure que personne ne découvrira l’homme en fuite. Stavisky accepte. À 1 heure du matin, ils partent de la porte Champerret. La voiture s’arrête au coin des rues François-I er et Pierre-Charron. Arlette l’attend. Adieux que l’on peut imaginer déchirants. En regagnant le Claridge, elle croise Joseph Kessel. Celui-ci questionne :
    — Vous montez sans doute vous habiller pour réveillonner ?
    — Mais non, répond-elle en souriant, je vais me coucher, c’est plus sage.
    « Sa figure était aimable et sereine, sa voix ne portait la trace d’aucune altération. »
    La voiture de Stavisky et Pigaglio s’arrêtera à Sens. Impossible, à cause de la neige et du verglas qui envahissent les routes, de continuer. Les deux hommes vont prendre le train. Ils mettront deux jours, passant la nuit à Culoz, pour gagner Servoz. Surprise désagréable : chez Pigaglio, le froid a gelé toutes les conduites d’eau. Impossible d’habiter là. On va donc louer un autre chalet : les Argentières.
    Dans sa poche, Stavisky tâte souvent le revolver que lui a remis l’un de ses collaborateurs, Romagnino.
     
    Pigaglio ne peut rester plus longtemps auprès de Stavisky. Il appelle à la rescousse Henry Voix, garçon de bureau de la Foncière, qui accepte de le relayer à Servoz. Les deux hommes se croisent, l’un partant, l’autre arrivant. Désormais, Stavisky et Voix sont seuls dans ce chalet investi par la neige. Unique distraction : les interminables parties de cartes auxquelles ils se livrent. Voix achète chaque jour les journaux sur lesquels se jette Stavisky. Ceux du 29 décembre confirment qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre Stavisky.
    Voix s’ennuie. Sa maîtresse, Lucette Aimeras, lui manque. Il souhaite aller la chercher à Paris. Comment l’ex-M. Alexandre pourrait-il refuser ? Pendant quarante-huit heures, Stavisky va rester seul. Quel bilan alors a-t-il pu dresser de sa vie ? Les jours suivants, l’ affaire éclate. Stavisky fait les gros titres des journaux. Partout s’étale sa photo. Impossible à présent pour lui de se déplacer sans qu’on le reconnaisse.
    Retour de Pigaglio, suivi de Voix et de Lucette. Stavisky ne tient plus en place, il ne se sent plus en sécurité à Servoz. À sa demande, Pigaglio va louer à Chamonix, au pied du Brévent, un autre chalet : le Vieux Logis. Une vue superbe face au mont Blanc. On s’y installe dans la nuit du 31 décembre au 1 er janvier. Les chalets voisins sont inoccupés.
    Dès lors, Stavisky va passer le plus clair de ses journées claquemuré dans sa chambre aux volets clos. Il se lève tard, vers 13 ou 14 heures, déjeune à 16 heures, dîne vers 23 heures. Il ne se rase plus, ses traits sont devenus bouffis.
    Lucette prépare les repas, presque toujours des pâtes. Toujours les parties de belote, toujours la lecture des journaux.
     
    Le 17 janvier, Pigaglio repart pour Paris. Cependant, de bonnes âmes ont signalé le comportement singulier des locataires enfuis quasi clandestinement du chalet de Servoz. Au moment où il n’est bruit que de Stavisky et de sa fuite, la police locale flaire une piste intéressante et avertit celle de Paris qui, immédiatement, charge le commissaire Charpentier d’une enquête sur place. Escorté par les inspecteurs Girard et Le Gall, Charpentier se met aussitôt en route. Va-t-il capturer Stavisky à Servoz ? Dans le chalet abandonné, il trouve seulement le frère de Pigaglio qui jure ses grands dieux ignorer jusqu’au nom de l’escroc. Convaincus qu’ils ont été mis sur une fausse piste, les trois policiers s’apprêtent à regagner Paris.
    Or, à Paris, Pigaglio a rencontré
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