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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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fait de leurreculade, mais c'est aussi la preuve qu'ils traitent le tiers-monde comme un instrument. Des critiques de plus en plus dures se multiplient à Pékin et à Tirana contre eux.
    GdG. — Il y a eu un sursaut national chez les Américains, qui sont prêts à se battre pour défendre leur propre sol ; un deuxième en sens contraire en URSS, où le peuple ne veut pas se battre pour Cuba ; un troisième à Cuba, où on ne veut pas mourir pour les Soviets. Dans les crises graves, c'est l'instinct national qui est le plus fort ; les constructions artificielles s'effondrent. »

    « Solidaires dans la tempête, indépendants par temps calme »
    , Au Conseil du 6 mars 1963, Couve : « La négociation entre les États-Unis et l'URSS est continue depuis l'arrivée de Kennedy : sur Berlin, sur l'Allemagne, sur le désarmement. Lors de la crise, elle s'est arrêtée. Les Américains m'avaient dit en décembre qu'il n'était pas question de la reprendre tant que Cuba n'était pas évacué. Mais ils ne s'en sont pas tenus à cette position rigoureuse. Les discussions avaient repris avant l'évacuation de Cuba. »

    Après le Conseil, le Général me dit : « Les Américains, le danger éloigné, oublient le sursaut. Ils retombent dans la facilité. C'est plus fort qu'eux : la tentation de Yalta reste permanente. »
    Ainsi, la main loyalement tendue aux Américains n'a pas été saisie. Le Général ressentira avec amertume que Washington n'ait pas compris, à cette occasion, qu'il y avait une autre façon de concevoir les rapports avec la France et l'Europe. Cette affaire aura marqué fermement la limite de l' « anti-américanisme » du Général ; mais elle l'aura aussi renforcé.

    Salon doré, 7 juillet 1964 — dix-huit mois depuis la crise — nous évoquons Cuba. Puis, il m'annonce que les troupes américaines devront quitter le sol français. Y a-t-il contradiction ? « Le principe est simple : quand un conflit mondial menace, la France est la première, et en fait la seule, à marquer sa solidarité avec les Américains. Quand les choses sont normales, la France est la première pour mettre fin à la dépendance de l'Europe envers les Américains.
    AP. — Mais toujours, hélas ! la seule.
    GdG. — Pour le moment. Un jour ou l'autre, notre exemple sera suivi. (Un silence.) Ou alors, ce serait à désespérer. »
    Il reprend : « Solidaires dans la tempête, indépendants par temps calme. Il n'est pas possible que nous restions seuls dans ce cas. »
    1 Ancien secrétaire d'État du Président Truman, envoyé spécial du Président Kennedy.
    2 Le Général estimera pourtant que les États-Unis ont en réalité cédé à ce chantage, avec effet différé, en retirant plus tard leurs missiles de Turquie.
    3 Ambassadeur des États-Unis à Paris de 1962 à 1968.

Chapitre 3
    « KENNEDY PROPOSE UNE NOUVELLE FORME DE PROTECTORAT »
    Conseil du mardi 11 juin 1963.
    Palewski 1 doit faire une communication à propos d'un colloque sur « la faim dans le monde », aux États-Unis, dont il revient.
    GdG : « Je pousse quelques soupirs, à voir les ministres prendre contact avec des gouvernements étrangers, et même s'envoler vers l'Amérique (évidemment, circonstance aggravante), pour des raisons qui ne sont pas liées à leurs activités. Je sais bien que les Américains sont très inviteurs de généraux, de fonctionnaires ; mais de ministres, c'est autre chose ! Un ministre, c'est le gouvernement tout entier... Enfin, vous avez voulu lutter contre la faim. C'est très méritoire !... Alors, nous vous écoutons.
    Palewski. — Mon général, je n'ai plus rien à dire.
    GdG (contraint par cette bouderie de dévoiler sa curiosité). — De fil en aiguille, vous avez donc vu Kennedy. »
    Palewski, heureux de montrer que les entretiens qu'il a eus ne manquaient pas d'intérêt, rapporte que Kennedy lui a fait part de ses inquiétudes du fait du Concorde et du fait de la bombe atomique chinoise. Bien que ce rapprochement soit flatteur pour nous, il ne l'exploite pas. Le cœur n'y est plus. Le Général lui a coupé ses effets.

    « De l'Atlantique à l'Oural »
    Matignon, jeudi matin 13 juin 1963.
    Pompidou raconte que Bohlen lui a demandé : « Pourquoi donc le Président — c'est ainsi, figurez-vous, que les Américains appellent le Général — parle-t-il tout le temps de l'Europe de l'Atlantique à l'Oural ? » « Je lui ai répondu : "Parce qu'il a lu cette formule dans ses manuels de géographie quand il était
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