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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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établis par les secrétaires généraux de l'Élysée et du gouvernement.
    Rappelons toutefois que, seuls, peuvent être considérés comme engageant le général de Gaulle ses écrits ou déclarations publiés.
    On verra comme il maîtrisait ses différents registres de langage. Devant le Conseil des ministres, le Général parle avec une confiance retenue. Il a communiqué aux membres du gouvernement sa religion du secret; mais il sait qu'un secret partagé par vingt-cinq personnes n'est pas à l'abri d'un bavardage. Le style est naturel, volontiers enjoué ; il reste prudent. Pour le Général, le Conseil est l'institution suprême de la République : une scène où l'État se donne un spectacle à lui-même. Les greffiers de l'Histoire sont présents.
    Dans le tête-à-tête qui suit, au Salon doré — le bureau du Général —, ses propos prennent deux formes. Ou bien, il s'adresse à son porte-parole et, à travers lui, à la presse, aux micros, au grand public. Il atténue, ou même censure, ce qu'il vient de dire devant les ministres. Sauf quand il donne une forme catégorique à ce qui a été seulement esquissé en Conseil; les ministres en seront surpris.
    Ou bien, la séance qui précède fournit à sa réflexion un tremplin pour s'élancer. Il se sert du confident pour lâcher la bride à son imagination, toujours en éveil ; pour susciter une contradiction par des formules provocatrices, poussant une hypothèse dans toutes ses conséquences de façon à en éprouver la solidité, ou à éprouver à travers elle la fermeté du jugement de son vis-à-vis ; pour épancher aussi ses sentiments, ses jugements. Il faut donc se garder de prendre ses déclarations au pied de la lettre : elles ont besoin d'être relativisées.
    Ce qu'il dit en Conseil est toujours étroitement lié aux actes du gouvernement ; c'est la parole qui passe à l'acte. Dans le tête-à-tête, il profite d'une liberté de parole qu'aucun passage à l'acte ne vient, pour l'instant du moins, refréner.
    Entre ce qui doit être répété aussitôt et ce qui doit être couvert par le secret, il opère fort bien, en lui-même, la distinction. Il me la précise parfois, sur un ton comminatoire. Le plus souvent, il laisse toute latitude à ma discrétion.
    Son langage, dans le secret du Conseil et dans l'abandon du tête-à-tête, n'est pas plus vrai que celui dont il use sous les contraintes de l'expression publique. Mais il permet d'aller plus avant dans les motivations, les calculs à court ou long terme, les inspirations profondes ou les tics de pensée, les hésitations et les rebroussements qui précèdent la décision ; il éclaire le mystère soigneusement protégé du chef. Ce n'est qu'après plus de trente ans de réserve, que cet ensemble m'a paru pouvoir et devoir être livré au public.
    Les titres et intertitres, entre guillemets, sont tirés des propos du général de Gaulle, sauf quand ils sont précédés d'un autre nom (Pompidou, Malraux, etc.).
    À l'intérieur des interventions des différents protagonistes, des parenthèses encadrent les commentaires de l'auteur.
    Les épisodes relatés à chaud figurent en pleine page, avec mention de la date et du lieu de l'entretien. Les souvenirs, commentaires, précisions rédigés en 1995-1997 figurent en retrait (comme p. 9).
    Chacune des parties ou sous-parties de l'ouvrage est consacrée à l'un des grands thèmes de l'œuvre extérieure ou intérieure du général de Gaulle. Les chapitres respectent la chronologie, c'est-à-dire le mouvement même de la réflexion et de l'action, dans le contexte où elles cherchent à s'affirmer.
    Les propos du Général s'insèrent dans des circonstances, qu'il fallait rendre sensibles au lecteur. En Conseil des ministres, le Général réagit à une communication, intervient dans un dialogue. Il ne pouvait être question de transcrire entièrement mes notes sur ces échanges, beaucoup plus riches et vifs qu'on ne l'imagine souvent, ni sur ces communications, dont chacune était un exercice politique à part entière. Des uns et des autres, je ne retiens que les quelques phrases qui vont susciter l'intervention du Général.
    Il a donc fallu beaucoup sacrifier, et pas seulement dans le contexte. Après la publication du tome III, qui ira de 1966 à 1970, je me propose, si Dieu me prête vie, d'établir, à l'intention des historiens et chercheurs, une édition intégrale, comportant le recensement exhaustif des propos tenus devant moi par le
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