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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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n'ai que les idées du Général. » Au cours de ces neuf mois, j'ai douté de plus en plus qu'il n'ait « pas d'idées à lui » en politique intérieure ; mais, en politique extérieure, il « colle » parfaitement au Général.
    Olivier Guichard roule sa cigarette placidement. Je l'interrogeà la sortie : « Vous ne trouvez pas ça un peu gros, Olivier ? J'aimerais bien accueillir des usines américaines à Provins.
    Guichard. — Bof ! Georges nous sert de vieilles rengaines du Général. Le Général dit ça pour s'échauffer. Vous le voyez devenir le Sékou Touré de l'Europe ? Mettre la France dans l'état où Sékou a mis la Guinée 4 ... ? C'est des choses dont il parle, mais qu'il ne fait jamais. »

    « Tout le monde en colonne par deux derrière l'oncle Sam »
    Salon doré, 9 janvier 1963.
    Le premier point d'application de la « seconde décolonisation », au début de 1963, c'est l'arme nucléaire.
    GdG : « Les Américains font croire que ne pas être d'accord avec eux, c'est vouloir rompre l'Alliance atlantique et mettre en danger la liberté de l'Occident. Cuba 5 leur est monté à la cervelle. En Amérique du Sud, en Europe, en Asie, tout le monde en colonne par deux derrière l'oncle Sam, sinon gare à vous ! (Rire.) Ce serait contraire à la solidarité et à la morale ! Voyons, Peyrefitte, c'est de la rigolade !
    « Les Américains racontent que je voudrais obtenir des concessions, que je suis sur le chemin de la négociation, c'est-à-dire de la capitulation : eh bien, non ! Je ne demande rien, je ne souhaite rien, si ce n'est boire dans mon verre et coucher dans mon lit. (Il a déjà cité devant moi cette parodie de Musset par Flers et Caillavet 6 .) En matière atomique, les Anglais n'ont rien fait qu'avec et par les Américains. Nous avons tout fait sans personne et par nous-mêmes. Les Américains croyaient :
    « 1) que nos scientifiques ne seraient pas capables ;
    « 2) que nous n'aurions pas les moyens financiers ;
    « 3) que de Gaulle allait être contraint de quitter le pouvoir dès qu'ils fronceraient les sourcils. Évidemment, Guy Mollet ou Félix Gaillard se seraient contentés de quelques paillettes d'intégration ou de communauté atlantique.
    «Le grand problème, maintenant que l'affaire d'Algérie est réglée, c'est l'impérialisme américain. Le problème est en nous, parmi nos couches dirigeantes, parmi celles des pays voisins. Il est dans les têtes. »
    Élysée , 14 janvier 1963. Pas une seule phrase de ce topo dans la conférence de presse de cet après-midi. Le Général a dû estimer qu'il cassait suffisamment d'assiettes en bloquant l'entrée de l'Angleterre dans le Marché commun, et en repoussant le projet américain de Force multilatérale 7 . A-t-il remisé le thème pour plus tard 8 ? Il n'a sûrement pas cessé d'y penser.

    « Kennedy ira loin, s'il ne se casse pas la figure »
    Conseil du 16 janvier 1963 .
    Malraux n'ouvre presque jamais la bouche en Conseil. Mais aujourd'hui, il fait une communication — sur son voyage aux États-Unis — et elle est éclatante.
    Après nous avoir conté le succès mondain de la Joconde 9 , le voici lancé sur Kennedy, «personnage de roman» doté d'une extraordinaire « ouverture de compas ». « Il n'y a sans doute que vous, mon général, dans le monde, qui ayez une vision aussi planétaire que lui.
    « Type de propos entendus : "Comment englober des troupes alliées dans une défense commune, sans détruire leur raison d'être, qui est de défendre le sol national ? C'est notre sujet de réflexion actuel." Votre thèse commence à leur parvenir, même s'ils ne savent pas d'où elle provient. »

    À l'issue du Conseil, le Général me dit de Kennedy, avec presque un ton de tendresse :
    « Malraux a été ébloui par Kennedy ; comme toujours, il s'emballe un peu. Il est vrai que Kennedy est un jeune homme doué. Ce n'est pas un politicien de province. Il a des vues larges et l'esprit tourné vers l'avenir. Dans l'affaire de Cuba, il a montré qu'il avait de l'instinct national et du cran. Il ira loin, s'il ne se casse pas la figure. Il est quelquefois un peu téméraire. »
    Le Général bataille contre Kennedy — mais il sait apprécier un talent... Il aborde ensuite son thème favori de la promptitude :
    « Quand il y a une menace grave et imminente, ce qui compte,c'est la rapidité de la résolution. Ça compte beaucoup plus que la quantité d'avions, de chars ou de bombes dont on dispose. Mais quand on dépend des
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