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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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agression venant d'un ennemi commun. Nous l'avons montré pour Cuba.
    « Nous faisons partie intégrante de l'Alliance. Intégrante, mais non intégrée. La France ferait la guerre contre un assaillant éventuel d'un pays de l'Alliance ; autre chose est d'être intégré dans l'organisation militaire actuelle de l'Alliance atlantique, c'est-à-dire l'OTAN.
    « Une France qui se croirait protégée par d'autres estimerait n'avoir pas besoin de faire d'efforts pour sa défense. Si notre communauté nationale n'avait pas la responsabilité de sa défense, elle se dissoudrait. Les Américains ne savent pas ce que c'est que d'être envahis. Ils ne connaissent pas ce drame national. Ils ne connaissent pas la division entre ceux qui collaborent avec l'occupant et ceux qui lui résistent. Cette épreuve terrible, nous la connaissons, hélas...
    « Voilà pourquoi la France consent à mettre certaines de ses forces dans l'OTAN, mais ne veut pas que toutes ses forces soient livrées au commandement américain.
    « Il y a trois puissances navales dans le monde libre : l'Amérique, l'Angleterre et la France. L'Amérique a sa force et son commandement, l'Angleterre aussi. Pourquoi la France, qui a sa force, n'aurait-elle pas son commandement? Les Américains commanderaient les Anglais et les Français, les Anglais commanderaient les Français, et les Français ne commanderaient personne ? (Il a haussé le ton.)
    « Casser l'OTAN ? Non. Nous voulons la réformer. Les dispositions prises à Lisbonne il y a quinze ans ne tiennent plus. La France acceptait de se fondre quand elle n'existait pas. Maintenant qu'elle a reparu, elle n'accepte plus le protectorat américain. Tous les jours qui passent accentuent cette évolution. La Grande-Bretagne n'est pas vraiment dans l'OTAN. Elle y est avec ses 50 000 hommes en Allemagne (alors que nous en avons 68 000). Leur flotte, les Anglais en disposent, leurs forces aériennes de même. Pourquoi pas nous ? C'est une mauvaise querelle qu'on nous fait.
    « Et puis, on ne nous dit pas ce qu'on ferait. Quelle parade, en cas d'invasion soviétique ? Il subsiste une terrible incertitude.
    « On n'imagine pas que les Allemands rompent le traité franco-allemand qu'ils ont proposé eux-mêmes. La France en a fait l'axe de sa politique. Si elle était déçue, on ne peut prévoir ce qui s'ensuivrait. L'Allemagne est un pays à la dérive.
    « Kennedy propose une nouvelle forme de protectorat. Il affirme que l'Amérique ferait la guerre plutôt que de nous laisser tomber dans la poche des Soviets. Mais dans quelles conditions, à quel moment, avec quels moyens ? Pendant la première puis la seconde guerre, elle a bien fini par nous secourir, mais dans quel état nous étions !
    « Voilà des choses sérieuses, que vous pouvez essayer de faire comprendre à vos journalistes. »

    « Ne vous défendez pas, je vous défendrai »
    Le surlendemain, 5 juillet 1963, je m'adresse à l'Association de la presse parlementaire, pour développer l'idée que notre défense ne peut être déléguée aux États-Unis :
    « Le gouvernement français n'a jamais mis en doute la résolution du Président Kennedy ni celle du peuple américain d'aujourd'hui. Il s'est seulement borné à se demander: "Qui peut aujourd'hui assurer ce que le peuple américain souhaitera, ce que le successeur du successeur du successeur du Président Kennedy décidera, dans quinze ou vingt-cinq ans ? La France aurait bien aimé avoir les États-Unis à ses côtés en 1914 et en 1939." »
    Ces propos agacent la presse américaine, Newsweek 6 en particulier.J'aurais révélé « la sottise des prétentions » du gouvernement français.
    Giscard me téléphone sur l'inter : « Vous avez lu l'article de Newsweek à votre sujet? Vous allez apparaître aux États-Unis comme anti-américain. Il est inutile d'enfourcher tous les dadas du Général. »
    Ce souci de mon image devrait me toucher. Je ne m'étais jamais posé la question : qu'importe mon image aux États-Unis ? Peut-être pense-t-il aussi un peu à la sienne ? Peut-être ne souhaite-t-il pas que de jeunes collègues s'associent à un « anti-américanisme » qui, chez le Général, peut s'expliquer par de vieilles histoires de guerre...

    Salon doré, 17 juillet 1963.
    AP : « Les Américains ont très mal pris mes propos.
    GdG. — Oui, j'ai vu ça. C'est une tempête dans un verre d'eau. Vous avez énoncé une vérité qui devrait être banale : l'Amérique n'est pas l'Europe. Ne vous
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