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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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défendez pas vous-même, je vous défendrai dans ma conférence de presse sans en avoir l'air.
    « Les intérêts vitaux de l'Amérique peuvent, un jour, ne pas coïncider absolument avec les intérêts vitaux de l'Europe. Il n'y a rien là d'insultant ni d'agressif. Ça a souvent été dit par d'autres. (Son regard se fait malicieux.) Vos propos manquent plus d'originalité que de fondement. »

    « Les Européens se ruent à Washington pour y prendre leurs ordres »
    Conseil du mardi 23 juillet 1963.
    Couve : « Des négociations sont engagées à Moscou entre Russes, Américains et Anglais, pour interdire les essais nucléaires dans l'air, en mer et dans le cosmos. Seules resteraient autorisées les expériences souterraines. Cet accord gênerait le programme nucléaire français. Il est aussi question d'y associer les Allemands de l'Est comme de l'Ouest — une façon pour les Américains de contrer l'effet du récent traité franco-allemand. »

    Salon doré, après le Conseil.
    GdG : « Cet accord sur les expériences nucléaires, il faut prévoir de multiples interventions auprès de nous pour nous amener à nous y associer. Il faudra tenir bon.
    « Sur l'Allemagne, les Russes n'ont pas changé de position. Ils vont répétant qu'il n'y aura de véritable paix que quand le statu quo sera juridiquement consacré. De notre côté, il est impossible de reconnaître juridiquement ce statu quo, c'est-à-dire la division définitive de l'Allemagne. L'essentiel des rapports Est-Ouesttourne autour du règlement allemand. Que sera l'Allemagne, divisée ou non ? Quelles seront ses frontières ? Son orientation ? »

    Élysée, Salle des fêtes, conférence de presse, 29 juillet 1963.
    J'attends avec curiosité de voir si le Général tient sa promesse de me « couvrir ». Il le fait au-delà de ce que je pouvais espérer :
    « On a été très agité, en particulier dans les journaux américains, depuis quelques mois. Je vous dirai que la pratique que je peux avoir personnellement depuis tantôt vingt-cinq années des réactions publiques aux États-Unis, fait que je m'étonne assez peu des saccades de ce qu'on est convenu d'y appeler l'opinion. Cependant, j'avoue que, voici quelque temps, le ton et la chanson, en ce qui concerne la France, m'ont paru assez excessifs. »
    Là-dessus, il fait le récit des pilonnages qu'il a dû subir de la presse américaine depuis 1940: sa décision d'occuper Saint-Pierre-et-Miquelon ; sa rivalité avec Giraud ; sa désapprobation de Yalta et son refus de se rendre à Alger pour y rencontrer Roosevelt au retour ; le maintien de nos troupes à Stuttgart jusqu'à ce que la zone d'occupation en Allemagne ait été reconnue à la France. Il conclut sur la relativité des engagements, s'agissant de survie dans un monde nucléaire :
    « Du fait que les Russes ont, eux aussi, maintenant, de quoi détruire l'univers, et notamment le Nouveau Continent, il est tout naturel que l'Amérique voie dans sa propre survie l'objectif principal d'un conflit éventuel. »

    « Recouvrer leur dignité »
    Au Conseil du 31 juillet 1963, Pisani 7 fait le point des négociations de Bruxelles : « À propos des poulets américains, nous nous sommes livrés à des débats obscurs. Nous sommes vraiment les seuls disposés à nous battre. »

    Après le Conseil, le Général me dit : « Les Européens n'auront pas recouvré leur dignité, tant qu'ils continueront à se ruer à Washington pour y prendre leurs ordres. »
    Pompidou, dans son petit cours du matin, nous a dit la semaine dernière : « L'idée clé de la philosophie du Général, c'est le respect de la dignité. En politique intérieure, dignité des individus, des ouvriers, des paysans, des classes défavorisées. En politique étrangère, dignité des peuples, si pauvres et si arriérés soient-ils, et surtout s'ils le sont. Dignité des humiliés et offensés. »
    1 Ministre d'État chargé de la Recherche scientifique.
    2 Le Figaro du 5 novembre 1901.
    3 Le Président Kennedy fait une tournée en Europe, du 24 au 30 juin 1963. Il se rend tour à tour à Bonn, Francfort et Berlin-Ouest (le 26), Dublin, Londres, Rome, le Vatican, Naples.
    4 Secrétaire d'État américain de 1952 à 1959.
    5 « Je suis un Berlinois. »
    6 Du 15 juillet 1963.
    7 Ministre de l'Agriculture.

Chapitre 4
    « PLUS TÔT LES AMÉRICAINS QUITTERONT LA FRANCE, MIEUX ÇA IRA ! »
    Conseil du 13 août 1963.
    Couve commente le traité de Moscou sur les essais nucléaires non
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