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Céline secret

Céline secret

Titel: Céline secret
Autoren: Véronique Robert
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chose qui m’a permis
d’attendre que le procès fait à Nord aboutisse et que tant d’autres
problèmes se règlent. Mon métier m’a sauvé la vie.

 
CHAPITRE XI.
     
    EN VOITURE DANS PARIS
    TOTO, LES OISEAUX DANS LA SALLE DE
    BAINS. LA MORT DE LOUIS.

 
    Plus que tout Lucette a aimé se perdre dans Paris.
    Nez au vent, nous partions. Elle, au volant d’une voiture
insensée, pleine de poils de chiens, de vaporisateurs à parfum destinés à faire
taire Fun et Roxane par une bonne giclée sur la truffe quand, à chaque arrêt,
ils hurlaient contre les passants, les voitures, une feuille qui bouge, un
marron qui tombe. Lucette casquette à la gavroche, lunettes de soleil et bouche
rouge sang, tournait souvent une dizaine de fois autour d’un sens giratoire
avant d’oser en sortir, juste pour le plaisir de faire des ronds et de laisser
le hasard décider à sa place de la direction.
    Cette caravane aboyante aux odeurs de sorcière et de
lavande, aux poils collants qui transformaient tout vêtement en manteau de
chien, s’est longtemps promenée dans Paris. Tout le long des quais vers l’île
Saint-Louis, ses glaces et son café sur l’eau, la place des Victoires, la rue
des Petits-Champs, les lieux des origines mais aussi vers la Samaritaine et le
Tout-Paris, le boulevard Saint-Germain et la boutique de la CFOC, rue du
Faubourg-Saint-Honoré, au café Verlet surtout ou elle faisait provision de sacs
à café en grosse toile de jute qu’elle entassait chez elle comme des tapis
magiques. Et puis un jour, la tribu itinérante ne s’est plus mise en route.
    Mais c’est à l’intérieur de cette maison roulante que
Lucette aimait se souvenir.

 
    Après la mort de Bébert des suites d’un cancer dont on
l’avait opéré au Danemark, j’ai cherché pour Céline un nouveau compagnon. Je
voulais un oiseau.
    J’ai acheté le perroquet Toto à la Samaritaine et après un
premier contact désastreux, ils sont devenus inséparables.
    Toto vivait en liberté dans la pièce où Louis travaillait.
Il picorait ses feuilles de papier ou ses pinces à linge. Il avait tous les
droits et je les entendais souvent se disputer et dialoguer dans un langage
connu d’eux seuls.
    Ma salle de bains à moi était comme une cage à oiseaux.
J’avais fait installer des barreaux aux fenêtres et, chaque fois que j’allais à
la Samaritaine, j’en rapportais de nouveaux oiseaux. Ils volaient librement,
faisaient des nids, se reproduisaient.
    J’avais un serin tisserand qui me fabriquait des petits
tapis avec des bouts de laine.
    Tous, quand je lisais dans ma baignoire, transperçaient mon
journal pour que je m’intéresse à eux. C’était délicieux.
    Louis savait bien que je vivais avec tous ces oiseaux dans
la maison. Jamais il n’en parlait.
    C’est moi qui lui ai appris à être curieux des animaux.
    En prison, je lui ai enseigné à reconnaître le chant des
oiseaux et le temps lui paraissait moins long lorsqu’il s’absorbait dans leur
contemplation. C’était le spectacle enchanté du monde des vivants.
    A la mort de Louis, j’avais huit chiens, beaucoup de chats,
et ceux de ma mère en plus que j’avais dû mettre à part car ils étaient
méchants et se battaient sans arrêt. En tout depuis notre arrivée à Meudon en
1951, j’ai eu cinquante chiens et je n’ai pas compté les chats. Je recueillais
tous les animaux perdus et leur cuisinais des sortes de ragoûts. Chats, chiens,
oiseaux, tout le monde vivait en liberté et s’entendait tant bien que mal.
    Il y a des années, une poule a vécu ici.
    Tous les jours, dans un bidet au fond du jardin, elle
pondait un œuf et saluait son exploit par des caquetages sonores qui attiraient
invariablement l’un des chiens qui venait lui manger son œuf.
    Ça s’est déroulé comme ça durant toute sa vie de poule dans
une véritable ambiance à la Fellini.
    Récemment j’ai eu aussi une tortue, « petite
maman », qui adorait les cerises dont elle recrachait les noyaux.
    Dans mon jardin, il y a une chouette et des rossignols dont
je guette le retour chaque année.
    C’est à leur chant que je distingue tous mes oiseaux.
J’adore aussi les rouges-gorges, petits bossus à la gorge rouge qui font leur
nid tout près du sol malgré les chats qui s’en régalent.
    Les hartz demeurent mes préférés. Pinsons allemands,
ils s’exerçaient jadis à chanter auprès des savetiers dans les montagnes et
leur mélodie est la chose la plus extraordinaire qui existe
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