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Céline secret

Céline secret

Titel: Céline secret
Autoren: Véronique Robert
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Proust, Céline n’aurait pas écrit son œuvre s’il n’avait
pas été un grand malade insomniaque.
    Son livre Normance ou Féerie II parut en 1954
et ce fut un échec total. Il l’avait dédié à Pline l’Ancien à qui il
s’identifiait : il était mort asphyxié pour avoir voulu voir de trop près
le Vésuve.
    C’était un livre impossible, mais qui correspondait
exactement à ce que Louis souhaitait faire réellement. L’histoire
disparaissait. N’existait plus que l’émotion pure, l’essentiel.
    On ne l’a pas compris.
    Avec D’un château l’autre , écrit immédiatement après,
il reprenait la chronique de sa vie en témoin privilégié de son existence.
    Comme toujours, il racontait à mi-chemin du vrai et du pas
vrai et D’un château l’autre connut un grand succès.
    A la fin de l’année 56, Gaston Gallimard avait engagé Roger
Nimier comme conseiller littéraire des éditions. Entre lui et Céline le courant
passa tout de suite. C’était un être charmant, d’une gentillesse et d’une bonté
étonnantes. Intelligent, brillant, original, on ne pouvait pas ne pas l’aimer.
    Il lui arrivait de coucher dans le bureau même de Gaston et,
à la NRF, il faisait la pluie et le beau temps.
    Séduit, Louis regrettait seulement que son talent ne soit
gâché par une trop grande facilité et un manque de travail.
    A la différence de Paul Morand qui, le premier, avait créé
un genre, Nimier n’avait pas encore trouvé son style.
    C’est lui qui assurait le lien entre Gaston et Céline, et ce
fut pour Louis une dernière grande amitié.
    Pour Céline, il aurait pu faire beaucoup, mais il a fallu
qu’au mois de novembre 1962, il se tue, grisé par la vitesse.
    En voyant sa superbe voiture de course, Louis lui avait
dit : « Ce sera votre cercueil. »
    Quand on a un destin de martyr, tous ceux qui pourraient
vous venir en aide meurent.
    Il y en a eu trois qui toujours l’ont soutenu : Roger
Nimier, Marcel Aymé le fidèle, le sensible, et puis Paul Morand enfin. Ce
diplomate fortuné, si éloigné du monde de Céline, qui pourtant avait tout
compris quand dans Mon plaisir en littérature, il écrit parlant de Louis
après sa mort : « Le voici dans le silence posthume, après
l’autre ; il ne suce pas ce sein rebondi qu’est la coupole du
Panthéon ; c’est un pauvre chien d’aveugle qui s’est fait écraser, tout
seul, pour sauver son maître infirme, cette France qui continue à tâter le bord
du trottoir. »
    A Meudon Louis a eu une attaque, un petit accident cérébral.
Un jour, il a envoyé en l’air tous ses papiers et a perdu conscience. Pendant
plusieurs semaines, je l’ai nourri à la petite cuillère, personne ne l’a su.
Puis un matin, il s’est réveillé, a repris son travail là où il l’avait laissé,
comme si rien n’était arrivé.
    A la fin de sa vie, il se passionnait pour l’histoire des
Cathares et des Albigeois. Il se documentait sans cesse sur cette époque,
fasciné par tant de cruauté et par tous ces hommes qui périssaient emmurés
vivants. Il y voyait sa propre existence, entre rêve et cauchemar, réel et
imaginaire.
    La nuit essentiellement, quand ses infirmités lui laissaient
un peu de répit, il travaillait à ce qui allait être son dernier livre, Rigodon.
    Il gaspillait ses ultimes forces à essayer de récupérer de
l’argent auprès de son éditeur.
    Son combat était perdu d’avance, mais il se minait
réellement.
    Devant Louis qui l’engueulait sans arrêt, Gaston était tout
miel mais il n’en faisait bien sûr qu’à sa tête.
    J’ai toujours pensé que si Gallimard n’avait pas menacé de
nous couper les vivres, obligeant Louis à travailler sans relâche, il ne serait
pas mort si vite. Gaston a tué la poule aux œufs d’or en quelque sorte.
    Ma vie entière j’ai tenté sans succès d’assouplir le
caractère de Céline. Je le tempérais, le mettais en garde, servais de tampon
entre lui et les autres. Jamais ça n’a servi.
    Il faut dire que Louis était fou aussi d’une certaine
manière.
    Depuis l’époque des pamphlets, il ne voulait rien entendre.
    Nous travaillions chacun de notre côté, lui à son écriture,
moi à ma danse.
    Jamais Céline n’a voulu m’entretenir. Il me disait :
« Quand on n’a pas d’argent, on n’a pas le droit d’ouvrir la
bouche. » Il me voulait indépendante financièrement et n’aurait pas admis
que je renonce à donner mes cours.
    Après sa mort, c’est la seule
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