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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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désespérément et réussit à ne pas entrer dans une section russe en marche. Les soldats nous firent des signes, crièrent quelque chose qui fut couvert par le bruit des moteurs, puis ils disparurent derrière nous dans un tourbillon de neige.
    L’autre char, à notre grand soulagement, apparut dans un nuage de flocons ; personne ne s’était méfié des T 34 aux tourelles étoilées de rouge.
    La voix du Vieux résonna, étouffée, dans le micro :
    – Distance entre les véhicules.
    L’autre char ralentit ; on le devinait comme une ombre, puis il disparut ; seul un grésillement dans le téléphone trahissait sa présence.
    – Dora, Dora, ici, chuchota Alte. Direction 216, vitesse 30, indicatif 60. Fin.
    Le grésillement cessa.
    – Je crève de froid, dis-je.
    – Descends, et cours après nous, proposa Porta. Tu peux toujours crier « Heil ! ». Tu verras bien ce qui arrivera ; je te promets que tu seras réchauffé.
    – C’est tout de même emmerdant de rouler comme ça à côté d’Ivan, dit Julius Heide avec un frisson. S’ils soupçonnaient quelque chose…
    – Ce serait vite fini, coupa Alte avec un rire las. Personne au monde ne leur reprocherait de nous zigouiller ; on est en violation flagrante des lois de la guerre.
    – Alors, pourquoi qu’on n’a pas dit non ? cria Petit-Frère. Chaque fois que la Kripo ( Kriminalpolizei : police criminelle) m’a pincé quand je donnais une tournée à un type, ils disaient que je faisais quelque chose d’irrégulier.
    – Si on avait refusé, dit le légionnaire, c’était aussi la potence. Refus d’obéissance, c’est tout.
    – Comprends rien, opina Petit-Frère.
    – Donc, ne réfléchis pas et obéis, conclut le légionnaire.
    Toute la nuit, nous roulâmes sur des chemins bouchés par la neige où le chair s’enlisait. Tout à coup, Alte poussa un cri terrifié.
    – Qu’est-ce que c’est ? grogna Petit-Frère.
    Personne ne répondit. Le légionnaire eut un rire amer :
    – C’est la fin, tout simplement.
    – Paré au combat, chuchota le Vieux.
    – Corps à corps, rectifia Porta qui freina.
    Le légionnaire arma son fusil mitrailleur ; j’empoignai sans bruit une grenade, tandis que Barcelona collait un œil au périscope. Une voix rauque cria quelque chose en russe. Alte répondit en dialecte balte. L’autre T34, derrière nous, arrivait sur ses chaînes hurlantes ; il nous vit si tard qu’il n’arriva pas à freiner et heurta violemment notre arrière. Le Russe l’engueula avec force jurons obscènes, et Dieu sait s’il y en a dans cette langue !
    – Suivez les chars qui arrivent ! cria-t-il en sautant sur notre voiture.
    C’était un commissaire aux ficelles vertes et au bonnet blanc marqué de la croix verte des N. K. V. D. Sa vue nous paralysa de terreur ; Petit-Frère fut sur le point de crier, mais le légionnaire lui colla sa main sur la bouche. Alte baragouinait en russe avec le commissaire.
    – Vous êtes balte ? demanda le Russe.
    –  Da.
    – Ça se voit à votre jargon. Tâchez d’apprendre à parler proprement après la victoire.
    –  Dawaï, dawaï (vite !), fils de chiens ! hurla le Vieux vers nous, en ajoutant comme il se devait une kyrielle de jurons.
    Nous prîmes la suite d’une longue colonne de chars. Les gendarmes de la N. K. V. D. grouillaient, criaient et tempêtaient pour mettre la colonne en branle.
    – D’où diable, venez-vous ? dit le commissaire en offrant une machorka au Vieux.
    Alte bredouilla quelque chose concernant une mission spéciale, ce qui, somme toute, était exact, mais le commissaire ne se montra pas curieux, car un embouteillage venait d’obstruer la voie. Il se mit à discuter avec ses supérieurs en réclamant le passage pour nos voitures, en réalité pour – lui-même, car il était visiblement pressé et se servait de nous pour avancer. Ses hurlements, assaisonnés de menaces de Sibérie, eurent un effet et le passage se trouva libre.
    – Plus vite, plus vite, commanda-t-il en sautant de nouveau sur notre véhicule.
    Il fit des compliments à Porta sur sa façon magistrale de conduire et demanda à Alte si, éventuellement, il ne de lui céderait pas comme chauffeur. Alte promit d’en parler au commandant. Au bout d’un quart d’heure, le commissaire, qui gelait à l’extérieur, réclama une place à l’intérieur. Le Vieux se serra en silence près de Julius Heide pendant qu’apparaissaient les longues bottes du
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