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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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commissaire, puis l’homme atterrit avec un « boum » sur le plancher d’acier. Les raies vert pomme de ses culottes kaki brillaient menaçantes ; il tapait du pied pour se réchauffer.
    – Quel bordel ! gronda-t-il en donnant un coup de pied au barda de Petit-Frère. Avez-vous de la vodka, fils de bâtards ?
    –  Da, répondit Alte en tendant une gourde, laquelle fut aussitôt vidée à moitié.
    Au croisement suivant, ce fut la police. Un sergent de la N. K. V. D. demanda le mot de passe.
    –  Papliji tumani nad rjegoj, répondit notre commissaire.
    – Les chars appartiennent-ils au 67 e régiment ? demanda le sergent en feuilletant ses papiers.
    –  Niet, dit le commissaire. Mission spéciale.
    Le N. K. V. D. nous pria d’attendre ; il lui fallait consulter son chef.
    – Damnation ! jura le commissaire en sautant de la tourelle. Nous sommes pressés !
    Tout en grommelant, il suivit, le sergent qui se dirigea vers un arbre sous lequel palabrait un major entouré des gens de la N. K. V. D. Nous pûmes voir le commissaire exhiber des papiers. Le major se mit à rire et dit quelque chose au commissaire en montrant du doigt une auto particulière. Notre homme éclata de rire également ; on lui avait visiblement proposé un transport plus confortable qu’un T 34.
    Le sergent revint à nous et tendit à Alte quelques feuilles.
    – Voici de nouveaux laissez-passer, gospodin. Vous pouvez déchirer les anciens. Des cochons d’Allemands ont dû passer derrière nos lignes avec cinq chars, mais nous les aurons. On change tous les laissez-passer et les mots de passe. Avez-vous de la vodka ?
    Alte lui remit la gourde de Petit-Frère. Ce qu’il en restait disparut comme rosée au soleil. Le sergent jeta la bouteille vide par-dessus son épaule et rota bruyamment.
    – Le nouveau mot de passe, écrivez-le donc. C’en est un qu’aucun Germanski ne saura prononcer convenablement, aussi vous autres, chiens baltes, vous ferez bien de l’apprendre par cœur. Panjemajo ? (Compris ?) Si on répond de travers, on tire. «  Raszwjetili jablonski i gruschi. » La réponse c’est : «  Schaumjana uliza. » Et je vous fais l’honneur de croire que vous savez que c’est la rue de la N. K. V. D. à Tomsk. Vous parlez qu’aucun Germanski ne s’en doute ! (Il eut un rire méchant et grimpa sur le char pour indiquer au Vieux notre itinéraire.) Tu vas en direction de Sadovoje, mais tu n’y entres pas. Toute la 14 e division s’y trouve. Toi, tu vas vers le sud, puis l’est, vers, Rrasnoje que tu traverses ; à la Kommandatura on te donnera de nouveaux mots de passe ; tu prendras ensuite la direction d’Elissa où tu iras te présenter, car je ne pense pas que tu ailles au-delà. Ils te donneront une autre mission spéciale. Panjemajo.
    Gospodin ?
    –  Da, grommela le Vieux.
    Et le collègue du  N. K. V. D. nous fit de la main signe de disparaître.
    Pendant des heures, nous roulâmes vers l’est, contournant largement chaque village. Des formations russes nous croisaient, mais une seule fois, on nous demanda le mot de passe. Le soir, sur le tard, nous arrivâmes au cœur de la montagne, dans un bois ; les chars furent si bien camouflés avec des branches et de la neige, qu’à un mètre de distance, on ne les voyait pas. Alte installa l’émetteur et se mit en rapport avec l’A. O. K. (Commandement supérieur de l’armée). L’ordre vint sans tarder : « Continuez vers Tuapse. »
    – Tuapse ? dit le Vieux avec un rire las. Ils ont de l’imagination à l’A. O. K.
    – Si on avait la veine d’atterrir dans un bordel à Staline, rêva Petit-Frère, on aurait une chance de faire une bonne œuvre.
    – Et quelle bonne œuvre ? ricana Barcelona.
    – Réjouir le personnel. Se faire baiser par Petit-Frère, c’est le même bonheur que, pour un dévot, un baiser du Saint Pape de Rome.
    – Cesse donc de mêler les choses sacrées à tes cochonneries, gronda le légionnaire. Je te l’ai déjà dit, compris ?
    – Je n’ai rien dit d’Allah, blédard.
    – C’est tout pareil. Il n’y a qu’un seul Dieu, même si on lui donne des noms différents. Tâche de fourrer ça dans ta cervelle, et plus de blasphèmes !
    Heide ouvrit la bouche, mais préféra se taire en voyant île regard du légionnaire. Nous le connaissions. Plusieurs d’entre nous gardions des cicatrices de coups de couteau reçus au cours de discussions religieuses. Personne n’avait oublié le SS qui
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