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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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suivîmes à skis en soufflant.
    Nous l’appelions le « Professeur ». Il était norvégien, étudiant à Oslo, et il fêtait engagé comme volontaire chez les SS. Personne ne pouvait le blairer. Porta disait que c’était un traître qui serait pendu dans le Gudbrandsdal le jour où il rentrerait chez lui.
    Alte protestait qu’avant de le condamner il faudrait un an de réflexion. Peut-être le « Professeur » avait-il des excuses.
    –  Alors, c’est de la bêtise, dit Porta en crachant, et la bêtise doit être punie.
    –  T’excite donc pas comme ça, dit Petit-Frère qui se sentait visé.
    Alte réconfortait le « Professeur » qui skiait mal et tombait tout le temps. Qu’il était bizarre, cet étudiant d’Oslo ! Il avait choisi Hitler, et eut la naïveté de croire qu’il pouvait dire la vérité sur les officiers SS ! On l’expédia au Camp KZ, et de là au bataillon de marche, direction régiment disciplinaire. Petit-Frère lui proposa obligeamment un revolver pour se suicider.
    ]e lui parlai danois. Il en fut heureux, et me confia qu’il se savait condamné à brève échéance, ce qui ne me fit pas plus d’effet que ça. Il y en avait tant qui devaient mourir sous peu ! Tout le régiment… Que signifiait un volontaire norvégien de plus ou de moins ?
     

LA PATROUILLE EN TRAINEAU
    Chaque chute de Petit-Frère dans les congères, l’immense steppe retentissait de jurons terrifiants. Le « Professeur », complètement aveuglé, essuyait désespérément ses lunettes couvertes de neige. Son visage n’était qu’un flocon sale. Il n’en pouvait plus de courir à skis, et pleurait convulsivement.
    – Volontaire SS ! ricanait Porta. Tu en as pour ton grade, hein ? Attends un peu que les N. K. V. D. viennent te piquer les fesses avec leurs baïonnettes. Et il y a huit mille kilomètres en direction de Kolyma ! Quand tu y arriveras, tu auras appris à courir à skis. – Son rire méchant fut étouffé par la tempête.
    Le sous-officier Julius Heide courait devant l’attelage et engueulait le chien de tête. Le chien jaune semblait lui rendre ses insultes ; il grondait et mordait rageusement ses traits de cuir.
    – Bâtard ! criait Heide. Kss, kss, mords donc ! Tu ne comprends pas l’allemand, peut-être ? Tschorny ! (Cochon !) Tu comprends cette fois ?
    Il allongea son allure et réussit à dépasser le chien. Celui-ci courut plus vite. Tout l’attelage ahanait sous l’effort. Chiens et (hommes se ressemblaient : aussi butés, aussi méchants.
    Heide regarda de travers le chien qui le rattrapait :
    – Sale cabot ! Tu mordrais bien Julius, hein ? Julius hait les Juifs, les chiens, la neige. Tu piges ? Je suis Julius Heide, sous-officier de chars, et je hais le monde, tout ce monde de merde !
    Il trébucha et tomba. On eût dit que le chien riait. Le traîneau bondit en avant ; il attelage filait, excité par le chien jaune.
    Heide resta un instant étalé dans la neige, puis il se releva et glissa de son long pas exercé derrière le traîneau.
    – Je viens ! soufflait-il. Ce bâtard jaune n’échappera pas à Julius Heide.
    Alte fit claquer la longue tresse du nagajka.
    – Hoha ! Hoha ! cria-t-il. L’attelage silencieux galopait, traînant le long véhicule lourdement chargé.
    – J’en ai marre ! dis-je tout essoufflé à Porta.
    – Alors jette-toi par terre et crève, fut l’impitoyable réponse.
    Je me mis à compter mes pas ; chaque pas devait faire un mètre à peu près, ou un peu plus. Non, ce devait faire un mètre. Mille pas faisaient donc un kilomètre. Nous faisions un kilomètre en trois minutes. J’essayais de faire le compte pour vingt-quatre heures, pour cinq jours ; je tombais, me relevais, oubliais de compter les pas. En quatorze jours, nous devrions pouvoir atteindre les lignes allemandes, si Ton pouvait encore panier de lignes à ce moment-là…
    Alte consultait de temps en temps sa boussole pour garder la direction nord-ouest. Loin, très loin, vers le nord-ouest, il y avait la Baltique et, de l’autre côté de la Baltique, la Suède et le Danemark. Imaginez qu’on soit en train de se promener dans Malmœ avec un chapeau mou ! Je me mis à rire en pensant à un chapeau mou. Mon regard tomba sur mes camarades : leurs visages étaient comme le mien, tout gelés. Ils étaient affreux.
    Tout à coup, le « Professeur » poussa un cri. Un de ses skis s’était brisé. Sans skis, on était perdu dans la neige
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