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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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molle.
    Alte arrêta le traîneau ; il se redressa lentement, retira ses moufles et se mit à bourrer sa pipe : il agissait posément, soigneusement. C’était la halte, et pour le vieil homme, la halte signifiait une pipe fraîche. Du pouce, il tassa la braise, puis sourit. Le sourire d’Alte. Il nous réchauffait. Rien n’était si terrible puisque le Vieux souriait.
    Petit-Frère s’assit dans la neige, les jambes largement écartées. Les flocons le recouvraient lentement ; il paraissait tout à fait idiot. Porta, fatigué, s’appuyait contre un des patins du traîneau. Heide s’était jeté par terre, sur le ventre, et semblait mort. Quant à moi, j’avais peine à rester debout contre la tempête. Le légionnaire s’accoudait sur son fusil mitrailleur et regardait l’est d’une manière bizarre. Barcelona et Steiner gisaient par terre comme Heide. Tout le monde fixait Alte qui fumait près du traîneau. C’était l’heure du couvre-feu.
    Les chiens eux aussi s’étaient couchés, le museau fourré entre leurs pattes. Ils s’étaient rapprochés les uns des autres, et formaient des boules de fourrure sombre dans la neige.
    – Faites comme les chiens, dit Alte en les désignant du tuyau de sa pipe. Nos douze camarades à quatre pattes. Ils connaissent la musique et savent ce qu’il faut faire. Un chien de traîneau ne meurt jamais de froid.
    Nous nous mîmes donc à gratter nous aussi, mais pour faire des blocs de neige destinés à un igloo. Petit-Frère travaillait comme un tracteur. Il portait quatre blocs là où nous n’en portions qu’un.
    – Enfer ! cria-t-il. Il faut se voir maçon à cette heure ! (Des blocs lui échappèrent et il les écrasa en trépignant de rage.) Ces damnés Russes ! Croient-ils qu’ils auront Petit-Frère ? (Et il en jeta d’autres à la tête de Heide, lequel le traitait d’imbécile.)
    Porta se mit à rire :
    –  Job twomadj, c’est du sport. Les gens chics paieraient cher pour faire cette expérience.
    L’idée des gens chics à notre place mit Barcelona en joie.
    – Est-ce que vous n’entendez rien ? demanda le légionnaire qui regardait toujours la direction de l’est.
    – Quoi ? demanda Porta en se tournant vers la même direction d’un air incompréhensif.
    – Vous devriez entendre, grommela le légionnaire.
    Soudain, les chiens pointèrent leurs oreilles et leurs poils se hérissèrent. Ils venaient de percevoir quelque chose que le légionnaire entendait depuis longtemps. Nous étions maintenant tous silencieux, et tournés vers l’est, l’oreille tendue, les nerfs à vif.
    – Je n’entends rien, dit enfin Barcelona. Tu rêves.
    Le légionnaire, sans répondre, arma son fusil mitrailleur comme si quelque chose allait surgir de la neige. Tout à coup, les chiens se mirent à geindre ; ils s’étaient dressés et regardaient la même direction que le légionnaire. Pas l’ombre d’un doute. Là-bas, très loin dans la steppe, quelque chose se passait.
    Le « Professeur » plissait ses yeux de myope derrière ses /erres épais.
    – Vaudrait mieux que tu aies des rallonges aux oreilles ; au moins, ça servirait, grommela Steiner.
    Le Norvégien ne répondit pas. Il savait qu’il était toujours le bouc émissaire.
    Tout à coup, les yeux d’Alte flambèrent.
    – Des chiens ! dit-il à voix basse. Se garder sur les flancs. Terrez-vous. Toi, Professeur, reste avec l’attelage et que Dieu te garde s’ils ont le malheur d’aboyer. Porta et Heide là-devant, avec des mitrailleuses lourdes en position. Barcelona et Sven, à gauche avec des mitrailleuses légères et les lance-flammes ; le reste en tirailleur. Cinquante mètres entre chacun.
    Plus rapidement qu’on ne saurait le dire, les ordres étaient exécutés et nous étions enterrés. La neige se chargea du reste. Il fallait être tout près pour nous découvrir.
    Tous, maintenant, nous pouvions les entendre. Des aboiements, des cris. Ils débouchèrent comme une explosion : deux traîneaux sibériens et trois soldats de la N. K. D. V. sur chacun. Nous les entendions distinctement crier « Ho aho ! » pour exciter les chiens vifs, et ils marchaient à une allure d’enfer avec vingt chiens par traîneau. Le tout passa à moins de quarante mètres de nous, en direction du Sud, et nous retenions nos respirations, terrorisés par la crainte que nos propres chiens ne se missent à aboyer.
    Chose étonnante, il n’arriva rien. La vision disparut comme elle
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