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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
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côtes de Normandie
et du Cotentin, Rommel ajoute dans une lettre à sa « très chère
Lu » :
    « Hier, ce que j’ai vu m’a rendu optimiste. Bien qu’il
y ait encore nombre de lacunes à combler, c’est avec confiance que nous pouvons
envisager l’avenir. »

 
2.
    La confiance de Rommel va s’effriter au fil des premières
semaines de cette année 1944, qui sera, il le sait, le moment du destin pour le
III e  Reich de Hitler.
     
    Chaque jour, il reste un long moment devant la carte du front
de l’Est.
    Certes, le Führer répète que tout se jouera sur le front de
l’Ouest. Rommel veut s’en convaincre, mais les flèches qui, sur la carte de la
Russie, de l’Ukraine, tracent la progression de l’armée Rouge s’enfoncent en
lui.
    Ses chiens se frottent à ses jambes, mais il les écarte et
n’est plus distrait par leurs jeux et leurs gambades.
     
    Les troupes russes des généraux Koniev et Vatoutine foncent
vers la Roumanie après avoir forcé le passage des rivières – le Boug, le
Dniepr, le Prout.
    Des avant-gardes de l’armée Rouge se rapprochent d’Odessa,
et c’est toute la Crimée qui peut se transformer en nasse pour près de
200 000 soldats allemands.
     
    Rommel ne peut imaginer ce que ressentent les Russes
lorsqu’ils découvrent, dans les territoires qu’ils libèrent, les fosses
communes, les corps torturés à peine recouverts d’une mince couche de terre.
    Là où l’Allemand a régné flotte une odeur de mort.
     
    Mais Rommel mesure l’élan et les prouesses de l’armée Rouge.
Les soldats traversent les fleuves sur des radeaux de fortune composés de
bidons vides et de planches. Certains hommes atteignent l’autre rive accrochés
à des branches.
    Les décorations distribuées par milliers récompensent et
distinguent ces soldats qui prennent des initiatives offensives.
    Ainsi, au début de février, eu dépit de la boue épaisse et
de plusieurs mètres recouvrant l’Ukraine d’une glue noirâtre, l’armée Rouge
avance.
    Elle tue 55 000 Allemands, capture près de
20 000 hommes dont certains lancent, bras levés : «  Hitler,
Kaputt ! »
     
    Un officier russe, le major Kampov, raconte l’une des nuits
de cette offensive, quand les Russes réussissent à encercler des milliers
d’Allemands [1] .
    « Je me rappelle cette nuit fatale du 17 février
1944. Il soufflait un terrible blizzard. Le général Koniev, à bord d’un tank,
avançait avec nous dans le “corridor”, battu par l’artillerie. Moi, j’allais à
cheval d’un point du corridor à l’autre, porteur d’un ordre du général. Il
faisait si noir que je ne distinguais pas les oreilles du cheval. Je parle de
cette obscurité et du vent car ils jouèrent un rôle important dans la bataille…
C’est cette nuit-là que les Allemands, ayant perdu tout espoir d’être secourus,
décidèrent de faire un ultime effort pour percer.
    « Ils venaient de passer une soirée délirante à l’abri
dans les maisons d’un gros village dont ils avaient chassé les habitants. Les
quelques vaches qui restaient au village avaient été abattues et dévorées avec
une frénésie de cannibale. Un tonneau de choux marinés découvert dans une hutte
fut littéralement dépecé. Depuis l’encerclement, ils étaient à court de vivres.
Et ils avaient beaucoup bu… »
    Les Allemands quittent ce village sous les bombardements
déments de l’artillerie et de l’aviation russes.
    Ils achèvent leurs blessés d’une balle dans la nuque. Ils
mettent le feu aux voitures d’ambulance pleines de morts.
    Puis commence la marche, dans la nuit et le vent, au fond
des ravins afin de ne pas être vus des Russes.
    Illusion ! Les Russes les observent, les suivent, les
attendent à la sortie des ravins.
     
    « Spectacle étrange, continue le major Kampov, que ces
deux colonnes allemandes formées en triangle et essayant de briser
l’encerclement. Elles ressemblaient à deux énormes essaims. En tête et sur les
flancs, ils avaient mis les SS de la division Viking et de la division belge
Wallonie, reconnaissables à leurs uniformes gris perle. Ces SS étaient encore
en bonne condition physique. À l’intérieur du triangle, il y avait la troupe
ordinaire : une horde épuisée avec, en son centre, un petit noyau
d’officiers d’élite, qui avaient l’air assez bien nourris. Ainsi ces deux
colonnes avançaient, chacune dans un ravin. Les deux ravins convergeaient. Les
Allemands s’étaient mis en
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