Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
apeurées, stupéfaites, devant un
SS, et parfois le docteur Mengele – médecin du camp qui recherche des
cobayes pour ses expériences criminelles et folles – participe à la sélection des détenus.
    La « secrétaire » des SS, une détenue d’une
vingtaine d’années, murmure à une fillette de 13 ans, Ruth, qui piétine
dans la file : « Dis que tu as 15 ans. »
    Au SS qui la questionne :
    « Toi ! Quel âge as-tu ? »
    Elle répond :
    « J’ai 15 ans. »
    Le SS hésite.
    « Elle est encore bien petite », dit-il.
    Il est le maître de la vie et de la mort.
    L’une des files de déportés conduit aux chambres à gaz,
l’autre vers le camp de travail.
    La secrétaire du SS examine la fillette.
    « Mais elle est solidement bâtie, dit-elle. Elle a des
jambes musclées, elle peut travailler, regardez ça ! »
    C’est un marché aux esclaves, une foire où l’on évalue la
qualité du bétail.
    Le SS cède et la secrétaire relève le numéro de Ruth.
    « Je viens d’obtenir un sursis », murmure Ruth.
     
    Pour des centaines de milliers d’autres – plusieurs
millions – il n’y a pas de sursis.
    L’écrivain journaliste Vassili Grossman recueille les
témoignages de quelques-uns des survivants de la communauté juive de
Berditchev, sa ville natale.
    Sa main tremble quand il évoque les Ukrainiens qui ont été
complices des soldats allemands. Ils se sont partagé les biens de ceux qu’on
allait exterminer. Ils ont dénoncé, ils ont livré leurs voisins aux tueurs
nazis.
     
    Il y a les Juifs que les soldats forcent à sauter dans
d’énormes fosses pleines d’un produit à tanner, très corrosif.
    Les Allemands qui prennent part à cette
« exécution » la considèrent comme un « divertissement ».
Ils tannent de la peau juive !
    D’autres obligent les vieux à se couvrir de leur tallith  –
châle de prière – et à célébrer le service religieux dans la vieille
synagogue, en priant Dieu de pardonner les fautes commises contre les
Allemands.
    Puis les soldats ferment les portes de la synagogue et
mettent le feu à l’édifice.
    C’est aussi un massacre « divertissant ».
    Et l’est aussi celui qui consiste à ordonner aux femmes juives
de se dévêtir, de traverser une large rivière, et à les contraindre de nager en
leur promettant la vie sauve. Puis les soldats les forcent à aller d’une rive à
l’autre jusqu’à ce qu’elles meurent noyées d’épuisement.
    Divertissant !
    Comme l’est l’exigence d’un officier allemand qui veut que
le vieux boucher rituel montre comment « le Juif travaille ». On lui
tend son coutelas et on pousse devant lui les trois petits enfants de la
voisine.
     
    Telle est la réalité de la guerre voulue et conduite par
Hitler.
     
    Le Führer, ce 1 er  janvier 1944, lance un
appel au peuple allemand.
    Il pourrait reprendre mot à mot le discours qu’il avait
prononcé le 1 er  septembre 1939, le jour de l’agression contre
la Pologne allumant ainsi l’incendie de la Deuxième Guerre mondiale.
    « Je n’exige d’aucun homme allemand autre chose que ce
que j’ai été prêt à faire moi-même de 1914 à 1918, disait-il. Dès maintenant je
ne veux plus être autre chose que le premier soldat du Reich allemand. J’ai
ainsi repris la tenue qui m’était la plus chère et la plus sacrée. Je ne la
quitterai qu’après la victoire ou bien je ne verrai pas cette fin. »
    Il a donc dit en 1939 qu’il ne pourra ni affronter ni
accepter une défaite.
    En janvier 1944, il a la même détermination.
    « Je dis en confiance au peuple allemand : où que
les Alliés débarquent, ils recevront l’accueil qu’ils méritent !
    « L’année 1944 imposera aux Allemands de durs et
pénibles efforts. Pendant cette année, cette gigantesque guerre approchera de
son moment critique. Nous avons pleine confiance de le surmonter
victorieusement. »
    La voix du Führer est sourde, voilée, mais ferme. Il
conclut : « La Providence donnera la victoire à celui qui en sera le
plus digne. »
     
    La victoire de l’Allemagne, Pierre Laval, le chef du
gouvernement « français », l’a souhaitée, le 22 juin 1942, et
cette déclaration lui colle à la peau comme un signe d’infamie.
    Il a misé sur le Führer, et c’est sa vie qui est en jeu.
    Le 2 janvier 1944, il réunit 120 présidents de
Chambres de métiers. Il a le visage couleur de cendre. Il parle avec une
lassitude tranquille, une nonchalance
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher