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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
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que démentent ce regard mort, ces cernes
noirs sous les yeux, cette façon qu’il a de mordiller sa moustache en parlant.
    « Je vous dis avec cette tranquillité que j’ai toujours
quand j’exprime six mois trop tôt une vérité que les Français acceptent
facilement six mois plus tard, que l’armée allemande ne sera pas battue. »
    Il n’a pas osé redire : « Je souhaite la victoire
de l’Allemagne. »
     
    Laval change de ton, le 5 janvier, quand il s’adresse
aux chefs régionaux et départementaux de la Milice dont le Waffen-SS Joseph
Darnand est le chef.
    Darnand est assis au premier rang, bras croisés. Il fait
partie depuis le 31 décembre 1943 du gouvernement Laval avec les fonctions
de Secrétaire général au Maintien de l’ordre.
    « La démocratie, commence Laval, c’est l’antichambre du
bolchevisme… En 1940, il n’y avait pas d’autre politique à faire que celle qu’a
faite le Maréchal, conseillé passionnément par moi… »
    Laval tend le bras vers Darnand.
    « Je marche en plein accord, dit-il, en total accord
avec Darnand. »
    Darnand, dans son uniforme noir, se pavane.
     
    Il est le « grand exécuteur du terrorisme d’État »
que Pierre Laval met en place pour tenter de briser l’élan de la Résistance.
    Darnand est autorisé à créer, en ce mois de janvier 1944,
des cours martiales composées de trois membres, habilitées à prononcer des
condamnations à mort, immédiatement exécutées.
    Laval convoque les intendants de police et leur intime
l’ordre d’« obéir en tout à Darnand qui a sa pleine confiance ».
    La Milice combat le « terrorisme
judéo-bolchevique », elle juge, fusille, opère sur tout le territoire
français.
    Les miliciens bénéficient de l’impunité.
    Bras armé de Laval, ils sont les assassins en uniforme, couverts
par leur chef Darnand, secrétaire général, membre du gouvernement et Waffen-SS.
     
    Ils tuent.
    Le 10 janvier 1944, des miliciens venus de Lyon,
dirigés par leur chef régional – Joseph Lécussan –, accompagnés de
policiers allemands, se présentent au domicile « clandestin » de
l’ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme, Victor Basch, âgé de
80 ans. Les Allemands le jugeant trop vieux pour être arrêté, les
miliciens l’abattent ainsi que sa femme âgée de 79 ans !
    Lécussan revendique ce double assassinat et le justifie,
révélant les obsessions des « ultras » collaborateurs, et la haine
qui les habite.
    « Pourquoi ai-je tué Victor Basch ?
    « Cet échappé des ghettos de l’Europe centrale était
l’une des puissances occultes qui donnaient des ordres au gouvernement
français. Il symbolisait la mafia judéo-maçonnique ayant asservi la France. Il
fut le créateur du Front Populaire qui devait conduire le pays à la
catastrophe.
    « Professeur à la Sorbonne, il pourrissait la jeunesse
française. Prototype du Juif étranger venu faire de la politique en France, en
se poussant dans la franc-maçonnerie, Victor Basch ne méritait pas de vivre en
paix alors que tant d’innocents étaient morts par sa faute… »
     
    Le corps de Victor Basch et de sa femme, tués de plusieurs
coups de feu, sont découverts le lendemain matin, au bord d’une petite route de
campagne.
    Et presque chaque jour désormais, la Milice de Darnand et de
Laval assassine.
    Ils veulent, appuyés par les polices allemandes – la
Gestapo, les SS –, exterminer les « terroristes ».
    Cette logique de guerre civile qu’ils déploient, ils savent
que c’est leur dernier sursaut : puisque nous allons mourir, tuons ceux
qui vont vaincre !
     
    Face à eux, il faut que la Résistance se renforce, obtienne
des armes, juge les collaborateurs, se prépare à conduire, après le
Débarquement et la Libération, une rigoureuse politique d’épuration.
     
    De Gaulle veut en convaincre Churchill qu’il rencontre à
Marrakech où le Premier ministre anglais, en convalescence, l’a invité.
    C’est le 12 janvier 1944.
    Il fait beau ce jour-là.
    Churchill est joufflu, rose, potelé. De Gaulle se souvient
que souvent les proches du Premier ministre parlent de lui avec tendresse comme
d’un « vieux bébé ».
    Churchill porte un chapeau texan. Il semble hésiter entre la
mauvaise et la bonne humeur.
    De Gaulle choisit de parler anglais. Il entend Churchill au
moment où, après le déjeuner, on passe au jardin, dire à Duff Cooper :
    « Maintenant que le général parle si bien
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