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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
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l’anglais, il
comprend parfaitement mon français. »
     
    De Gaulle l’écoute calmement.
    Le rapport de force entre eux n’est plus le même. La France
Combattante existe pour des dizaines de pays.
    De Gaulle peut laisser Churchill récriminer,
conseiller :
    « Il est déraisonnable de s’aliéner les sympathies du président
Roosevelt. »
    Churchill regrette que le Comité français d’Alger ait décidé
de faire arrêter Boisson, Peyrouton, Flandin, et qu’un tribunal militaire
s’apprête à juger Pucheu, ces gouverneurs ou anciens ministres de Pétain et
Laval.
    « Le peuple veut châtier les artisans de la
capitulation, explique de Gaulle. Et si l’on veut éviter des troubles d’un
caractère révolutionnaire, il ne faut pas donner à l’opinion publique le
sentiment d’une impunité possible pour les coupables. »
     
    Il a parlé avec détachement.
    Il ne se sent plus agressé par les propos de Churchill. Il
le regarde même avec une sorte de tendresse, Churchill paraît d’ailleurs ému.
Il évoque le passé. Il dit :
    « Dès notre première rencontre à Tours, en juin 1940,
je vous ai reconnu comme “l’homme du destin”. »
    Parfois, Churchill dodeline de la tête.
    « Il faut que l’amitié entre les deux peuples survive à
cette guerre et se prolonge dans l’après-guerre. »
    De Gaulle approuve. Les gestes de Churchill lui paraissent
comme empruntés, sa voix un peu pâteuse. La fatigue sans doute, à moins que ce
ne soit le déclin ? Déjà ?!
    C’est le moment du départ.
    « Aimeriez-vous passer les troupes françaises en
revue ? demande de Gaulle.
    — J’aimerais. Je ne l’ai pas fait depuis 1939, répond
Churchill.
    — Eh bien, nous passerons ensemble les troupes en
revue ! »
    La foule de Marrakech crie : « Vive de
Gaulle ! Vive Churchill ! » pendant que défilent les unités
françaises. Les contingents sénégalais, marocains, algériens forment avec leurs
chéchias, leurs turbans, leurs boubous, des groupes colorés.
    De Gaulle répond d’un geste aux acclamations.
    Churchill est en uniforme d’Air Marshal de la Royal Air
Force.
     

     
    Qui dans cette foule peut imaginer l’envers du décor ?
    Ces oppositions brutales, ces pièges, ces questions encore
pendantes qui séparent les deux hommes ?
    Car Churchill s’est dérobé à propos de l’avenir des
territoires français qui seront libérés. Il a plaidé contre l’épuration. Il ne
s’est guère engagé sur la fourniture d’armes aux maquis.
     
    Le lendemain 13 janvier 1944, c’est le commissaire à
l’Intérieur – équivalent de ministre – du Comité Français de
Libération Nationale (CFLN), Emmanuel d’Astier de La Vigerie, qui rencontre
Churchill et reçoit ses confidences.
    « C’est un grand animal, un grand personnage, votre de
Gaulle, dit Churchill. Je l’ai toujours soutenu. Mais comment peut-on
s’entendre ? Il déteste l’Angleterre. »
    Quand de Gaulle et d’Astier évoquent l’épuration qui frapperait
des personnalités vichystes, qui ont aidé les Américains lors du débarquement
en Afrique du Nord, Churchill s’exclame :
    « Eh bien, si vous le faites, Roosevelt rompra les
relations avec vous, et je le suivrai. »
    Il lance à de Gaulle d’une voix rageuse :
    « Regardez-moi ! Je suis le chef d’une nation
forte et invaincue. Et pourtant, tous les matins, au réveil, je commence par me
demander comment plaire au président Roosevelt et ensuite me concilier le
maréchal Staline. »
     
    Churchill est un réaliste qui sait que, dans cette guerre,
les États-Unis et l’URSS sont les deux Grands dont dépendent l’issue du conflit
et l’avenir du monde.
    Mais le Premier ministre britannique est aussi un passionné
qui noue avec Roosevelt et Staline des relations affectives.
     
    « Je suis le loyal second du président Roosevelt,
dit-il. Si quelque chose arrivait à cet homme, je ne pourrais le supporter.
C’est le plus fidèle des amis ; c’est le plus clairvoyant, c’est le plus
grand homme que j’aie jamais connu. » Il est blessé quand Roosevelt
établit une relation privilégiée avec Staline, tenant Churchill à l’écart.
    « Cela ne lui ressemble pas », murmure le
Britannique.
    Or il doit constater que Roosevelt veut en finir avec les
empires coloniaux, anglais et français, et qu’il l’a dit à Staline. Et
Churchill, patriote anglais, est déçu à la mesure de son
« affection » pour Roosevelt.
    « Le seul
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