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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
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marche à 4 heures, il faisait encore
complètement noir. Nous savions d’où ils venaient et où ils allaient. Nous
avions préparé cinq lignes : deux d’infanterie, une d’artillerie, puis
deux lignes de chars et de cavalerie. Nous les avons laissés passer à travers
les deux premières sans tirer un seul coup de feu. Croyant nous avoir
“possédés” et avoir franchi nos lignes de défense, les Allemands se mirent à
pousser des hourras frénétiques et à tirer en l’air avec leurs pistolets et
leurs mitraillettes. À présent, ils avaient émergé des ravins, et avançaient en
terrain découvert.
    « Alors, ça se déclencha : à 6 heures du
matin environ, nos chars et notre cavalerie surgirent à l’improviste et
foncèrent droit sur le plus épais des deux colonnes. Ce qui suivit n’est pas
facile à décrire. Les Allemands débandèrent dans toutes les directions. Et
pendant deux heures nos tanks les pourchassèrent à travers la plaine, les
écrasant par milliers. Rivalisant avec les blindés, notre cavalerie allait les
cueillir dans les ravins où les chars avaient difficilement accès. Les tanks
faisaient rarement usage de leurs canons pour ne pas atteindre nos
cavaliers : ceux-ci hachaient les Allemands au sabre, faisant un massacre
comme on n’en avait jamais vu encore. On n’avait pas le temps de faire des
prisonniers. Le carnage ne cessa que faute de victimes. Plus de
20 000 Allemands furent tués sur un petit espace. J’ai vu Stalingrad,
mais c’était la première fois que je voyais un pareil massacre sur un terrain
aussi réduit. À 9 heures, c’était fini. Il resta 8 000 Allemands
vivants, qui se rendirent ce jour-là et les jours suivants. Presque tous
avaient pu fuir loin du lieu du carnage. Ils étaient cachés dans les bois ou
dans les ravins. »
     
    « Pas le temps de faire des prisonniers », dit sans
remords le major Kampov. Et plusieurs SS ont choisi de se suicider, évitant
l’exécution ou la longue agonie que vont connaître ceux des Allemands qui se
sont rendus après la bataille. Car les camps russes sont des lieux de mort
comme le sont les camps allemands pour les prisonniers russes.
     
    Koniev, qu’on appelle « le général qui ne recule
jamais », poursuit après cette victoire de Korsun son offensive, en dépit
de la boue, des « routes mortes ».
    Mais les chars T34 et les camions américains Studebaker
triomphent de la boue.
    Et Koniev s’enfonce en Ukraine, laissant derrière lui la
plaine jonchée de casques allemands. Les corps ont été entassés dans des fosses
à même la terre, comme pour les dépouilles des soldats russes.
    « Si on avait voulu les inhumer individuellement, dit
le major Kampov, il nous aurait fallu une armée de fossoyeurs. »
     

     

 
3.
    L’« armée des fossoyeurs », contrairement à ce que
pense le major Kampov, existe dans l’Europe occupée par les nazis.
     
    En janvier 1944, c’est une immense troupe constituée par les
Allemands, dès qu’ils sont entrés en Pologne en septembre 1939.
    Les Einsatzgruppen ont choisi parmi les Juifs qu’ils
allaient abattre d’une balle dans la nuque ceux qui devaient creuser les
fosses.
    Et ceux-là seraient tués les premiers ou les derniers,
c’était selon la fantaisie ou les habitudes de l’officier SS qui commandait
l’opération.
    Les Sonderkommandos des camps d’extermination qui
recueillaient les corps encore chauds sortis des chambres à gaz, à Treblinka,
faisaient partie de cette armée de fossoyeurs.
    Elle était présente dans les villes et les villages
d’Europe, de la Bretagne à l’Ukraine, de la Flandre à la Grèce, en Yougoslavie
et en Italie, là où la Résistance a créé des maquis, organise des attentats,
des sabotages.
    Partout, des fosses étaient creusées.
    Et les Allemands, méthodiques, en avaient relevé
l’emplacement.
     
    En ce début de l’année 1944, parce que l’armée Rouge avance,
pénètre en Biélorussie, en Ukraine, et bientôt en Pologne, les nazis
constituent des « brigades de la mort ».
    Composées de déportés, elles déterrent les victimes des Einsatzgruppen.
    Il faut effacer les traces des massacres.
    On brûle les corps décomposés en de grands bûchers qu’on
arrose d’huile et d’essence pour que le feu dévore ces hommes, ces femmes, ces
enfants, et les martyrise une seconde fois.
    Puis on répand leurs cendres comme on sème.
    Et on tue et enfouit les membres des « brigades de
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