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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte
Autoren: Max Gallo
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la
mort ».
     
    Dans certains pays, on fait appel à des fossoyeurs de
métier.
    Ils inhument les centaines d’otages que les Allemands
fusillent après chaque attentat.
    En France, l’occupant laisse parfois les miliciens de Joseph
Darnand constituer des cours martiales qui condamnent à mort en quelques
minutes.
    On abandonne les corps torturés sur le bord d’une route,
dans un hangar dont les murs sont criblés de balles.
    Souvent, on ignore le nom de ces martyrs, dépouillés de
leurs papiers d’identité.
     
    Aucun pays n’échappe, en 1944, à cette barbarie.
    Elle règne en Italie du Nord, dans la vallée du Pô, sur les
rives du lac de Côme ou de Garde.
    Là, autour de Mussolini, les fascistes ont organisé, à Salò,
une République Sociale que surveillent les SS du général Wolf.
    Les partisans de cet État fantoche, ces Repubblichini, veulent
un Grand Procès de la Vengeance afin d’envoyer à la mort les dignitaires du
régime fasciste qui ont obtenu, le 24 juillet 1943, la démission de
Mussolini et provoqué ainsi la fin de l’État fasciste.
    Pour le reconstituer, il faut que le sang des coupables
coule ! Et quel plus bel exemple d’une politique révolutionnaire et
incorruptible que de condamner à mort le gendre du Duce, ce comte Ciano,
l’ancien ministre des Affaires étrangères de Mussolini.
    Ainsi s’ouvre à Vérone, le 8 janvier 1944, le procès
des traîtres.
     
    Les six accusés, Ciano, le maréchal De Bono, Marinelli,
Pareschi, Gottardi, Cianetti, et treize contumax ont à répondre de leur vote au
Grand Conseil fasciste dans la nuit du 24 au 25 juillet 1943. Car pour
expliquer qu’en un jour le fascisme se soit effondré, il faut bien trouver des
traîtres.
     

     
    Ils sont enfermés à la prison des Scalzi, un ancien cloître austère.
Arrêtés à des époques différentes, ces six hommes se retrouvent en ce froid
mois de janvier 1944 dans cette vieille bâtisse.
    À la porte de la cellule de Ciano, deux SS veillent :
« Oh ! puanteur de mort », s’écrie le comte en les voyant. Lui a
été ramené d’Allemagne et il fait face avec courage, un peu hébété à la mort
qui vient.
    « Dans quelques jours, écrit-il le 23 décembre
1943, dans la cellule 27, un tribunal de comparses rendra publique une sentence
décidée par Mussolini sous l’influence de ce cercle de prostituées et
d’entremetteurs qui, depuis quelques années, empoisonne la vie politique
italienne et a conduit le pays à sa perte. »
    Autour de Ciano s’affaire, aimable et bientôt compatissante,
une jeune femme blonde, Frau Burkhardt – ou Beetz –, agent de la
Gestapo, qui multiplie les prévenances et a libre accès à la cellule de
l’ancien ministre des Affaires étrangères.
    Bientôt, elle avoue son but : obtenir de Ciano les
« carnets politiques » où il a noté au jour le jour ses conversations
avec Ribbentrop, Mussolini ou Hitler.
    Ce jeune ministre des Affaires étrangères que les Allemands
savent sensible à la beauté féminine, cette femme, ces autres dignitaires dans
ce vieux cloître humide et sombre, tout évoque l’atmosphère de la Renaissance
où la débauche et les honneurs se mêlent à la mort.
     
    Le procès a lieu à Vérone, au Castel Vecchio, là où s’est
tenu il y a quelques jours le Congrès du Parti fasciste.
    Dans la salle, au-dessus de la longue table du tribunal, un
étendard noir frappé d’un faisceau du licteur blanc a été déployé. Le public
est surtout composé de miliciens fascistes dont certains sont armés et qui sont
venus voir juger les traîtres.
    « Le coup d’État du 25 juillet a mis l’Italie en
face de la plus grande trahison que l’Histoire rappelle », a annoncé le
gouvernement en instituant le tribunal spécial. Dès lors, le procès n’est
qu’une parodie.
    Dans la salle, Frau Beetz et deux officiers SS suivent les
débats, mais rien ne prouve que les Allemands les aient inspirés. Certes, ils
sont satisfaits et laissent faire, mais ils n’ont pas à intervenir.
    Les survivants du fascisme qui dirigent la République
sociale ont besoin du sang de quelques traîtres et le procès de Vérone est
manœuvre démagogique aussi bien que règlement de comptes.
    D’ailleurs, Mussolini a conservé la passion de la vengeance,
le goût des attitudes héroïques, « romaines », qui, en vérité, lui
coûtent peu car l’exercice du pouvoir a détruit en lui tout reste d’amitié, le
sens de la pitié, de
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