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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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pâles, tristes sont mauvaises pour le commerce.
    Comme dans tous les endroits du même genre, la valse des individus louches devait être rapide. Les gens pouvaient aller et venir sans guère donner d’explications. Ceux qui préféraient ne se mêler de rien posaient peu de questions, de crainte qu’un militaire vienne interroger à son tour au sujet des patentes. L’individu qui souhaitait se cacher pouvait vivre plus ou moins ouvertement dans ces installations de fortune.
    Je ne vis pas son fils, l’enfant aux flèches. Cela valait mieux. J’avais l’intention de lui administrer une raclée pour ne pas avoir mieux visé ma nièce.
    Je trouvai Julius Civilis assis sur un tabouret devant une cahute à l’extérieur de la ville, l’air fauché comme les blés, occupé à tailler nerveusement un bâton au canif. Il guettait les alentours d’un œil, mais de toute façon il n’en avait qu’un. Mes informatrices avaient bien travaillé : je savais dans quel chemin poussiéreux il habitait, et disposais d’une description du personnage. Je fis un détour par les champs avoisinants et m’approchai sans bruit par son côté aveugle.
    — C’en est terminé, Civilis !
    Il fit volte-face et me vit debout devant lui. Je tirai lentement mon glaive et le posai à terre entre nous, ce qui établissait une trêve permettant la discussion. Civilis dut deviner que j’avais encore mon couteau, et comme il avait jadis été commandant dans la cavalerie, je ne doutais pas qu’il soit lui-même bardé de lames à extraire les cailloux des sabots de chevaux – voire à marquer d’une encoche les côtes des agents impériaux. Pour avoir le dessus, il allait falloir qu’il attaque le premier, et vite qui plus est ; il semblait trop abattu pour tenter le coup.
    Il était plus âgé que moi. Plus grand, et bien plus costaud. Sans doute encore plus déprimé que je l’étais. Il portait des braies de cuir s’arrêtant sous le genou et une cape bordée de mèches de fourrure passées à l’ocre. Il avait quantité de cicatrices et se mouvait à gestes raides, comme quelqu’un qui serait tombé de cheval une fois de trop. Son œil manquant semblait avoir été arraché à l’aide d’un instrument tel qu’un trait d’artilleur, qui lui laissait une balafre profonde et sinueuse. Une intelligence aiguë brillait dans son œil valide. Sa barbe pendait jusqu’à sa broche de cape, de même que ses longues mèches ondulées. Le tout était rouge. Non pas du rouge vif que je m’étais figuré, mais d’une couleur plus triste, plus délavée, qui semblait le reflet de ce qui restait de la vie du rebelle. Là aussi, on voyait du gris aux racines.
    Il me laissa décliner mon identité.
    — Voilà donc l’effet que ça produit de rencontrer un appendice de l’histoire !
    — Laisse tomber les appendices ! gronda-t-il. (Je m’aperçus qu’il m’était sympathique.) Qu’est-ce que tu veux ?
    — Je passais dans le coin. Je me suis dit que j’allais venir te voir. Ne sois pas étonné : un enfant serait capable de te trouver ici. D’ailleurs, c’est un enfant qui t’a trouvé : une gamine d’à peine 8 ans, et pas très éveillée, quoiqu’elle ait été aidée par une petite Ubienne bien plus dégourdie. Inquiet ? demandai-je doucement. Tu sais ce que ça signifie. Si un enfant parvient à te trouver, n’importe quel légionnaire en rogne dont tu as tué le meilleur copain à Vetera pourra en faire autant. Ou n’importe quel Batave mécontent, d’ailleurs.
    Julius Civilis m’exposa quel traitement il aimerait me réserver : la formule était succincte et bien troussée.
    — Tu répètes à peu près ce que m’a promis la célèbre Quatorzième Gemina, qui me trouve tout à fait puant aussi. Ça doit venir de tes influences romaines. Elles te manquent tant que ça ?
    — Non, répliqua-t-il d’un ton méfiant. La Quatorzième ? Ces frimeurs !
    Il en avait lui-même commandé un détachement de réserve en Germanie avant de se lancer dans la course à la gloire ; il devait avoir entendu parler de la légion-mère par ses compatriotes des huit fameuses cohortes bataves qui désertèrent.
    — Je crois qu’il faut qu’on discute. Tu veux que je te raconte ma vie ?
    Son curriculum était irréprochable : l’entretien n’allait pas traîner. J’aurais aussi bien pu être en train de m’adresser à l’un des nôtres. De fait, c’était le cas.
    — Navré, Civilis. (J’espérai qu’il entende à mon ton
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