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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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légat de la Quatorzième, une autre créature plus intelligente et d’âge mûr, qui devait être la mère poule de la Première Adiutrix, Helena Justina, une autre visiteuse, sans doute la copine de classe de la mère poule, et enfin Julia Fortunata. Sans doute cette dernière avait-elle été invitée parce que son rang était trop élevé pour qu’on s’en dispense, et son rôle dans l’existence de feu Gracilis trop vil pour qu’on le salue. En tout cas, Mænia Priscilla, séduisante en deuil tout de blanc vêtue, jouait sa partie à la perfection, tandis que Julia saisissait la moindre occasion de la cajoler et la réconforter. Il n’était pas prévu de déclaration publique quant au comportement moins qu’exemplaire de l’ex-légat, mais ses femmes avaient toutes deux été informées. Par conséquent, ni l’une ni l’autre ne se sentait obligée de le pleurer trop sincèrement. J’eus le plaisir de constater que le veuvage, ou son équivalent, flattait le meilleur côté des deux femmes. Leur bravoure était confondante à voir.
    La pluie cessa. Les dames se détendirent. Nous roulâmes le toit de fortune, puis je m’accroupis à côté d’Helena, prêt à me ruer au garde-à-vous au pied des piquets du dais dès que la catastrophe s’abattrait à nouveau. Il me sembla que Son Altesse me décochait un regard étrange.
    Là-bas, sur l’esplanade, on arrivait peu à peu au clou du cérémonial complexe. Des cohortes de réserve de la cavalerie arrivèrent pour livrer un faux combat. La Première Adiutrix recouvrait à présent ses droits, car la Quatorzième n’avait pas encore été gratifiée de troupes remplaçant les Bataves perdus. Cela donnait l’occasion aux hommes de la Première d’en remontrer un peu en présentant les siennes. Il s’agissait d’Hispaniques, je crois. Leurs petits chevaux trapus évoluaient avec un bel ensemble et faisaient grand effet avec leur équipement d’apparat complet, comprenant médaillons rutilants piqués dans les cuirs de harnais, œillères dorées et énormes disques de protection plaqués sur le poitrail. Les cavaliers arboraient des uniformes indigo qui tranchaient sur les scintillants tissus de selles écarlates. Ils paradèrent sur l’esplanade, décrivant d’inlassables voltes et cercles, agitant leurs lances emplumées et brandissant à la ronde des boucliers à bossettes pointues bariolés de motifs exotiques inconnus à Rome. Leur allure énigmatique était renforcée par les casques officiellement réservés aux défilés, qui leur couvraient le visage tels des masques de théâtre calmement inexpressifs. Une demi-heure durant, ces nobles cavaliers chevauchèrent sur l’esplanade venteuse tels des dieux altiers, puis ils s’engouffrèrent subitement entre les grandes portes donnant sur la via Principia, laissant tous les spectateurs les regretter, déconcertés.
    On servait des boissons chaudes sur l’estrade. L’heure n’était pas encore venue.
    Je me demandai piteusement s’il fallait que je parle à Helena maintenant. Voyant qu’elle savourait sa boisson, je décidai d’attendre un meilleur moment.
    — Julius Mordanticus est là ! me lança Helena, agitant le bras en direction des spectateurs.
    Un bras se leva en réponse au milieu d’un groupe de capuches pointues. Mordanticus et ses amis étaient heureux. Le gouverneur de province m’avait reçu pour m’interroger à propos de la fraude portant sur les contrats de poteries, et par la suite, j’avais pu apporter de bonnes nouvelles aux potiers de la région.
    — Je voulais te dire, m’avoua Helena d’un ton coupable, que pendant que tu étais à Augusta Treverorum, il nous a fait cadeau d’un superbe service d’écuelles. Quel dommage ! reprit d’un ton ironique ma bien-aimée dénuée de cœur, que nous n’ayons pas de salle à manger pour nous en servir !
    Et désormais, nous n’en aurions jamais. Je détournai les yeux. L’entracte se prolongeait tandis que les gens agrippaient leurs boissons chaudes à deux mains pour tenter de se réchauffer. Helena poursuivit :
    — C’est vrai que quand Xanthus a rasé le rebelle, tu as rapporté les mèches coupées dans un petit sac pour impressionner l’empereur ?
    — Oui, c’est vrai.
    — Comment as-tu convaincu Xanthus de participer ?
    Xanthus ferait n’importe quoi pour moi, ces jours-ci : je lui avais donné une véritable corne d’aurochs. S’il la faisait transformer en coupe à boire, il s’y noierait
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