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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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le suspect du jour. Les deux gamines passaient des heures à jouer aux détectives. Ce qui n’avait rien de gratifiant ; c’était précisément pour les mêmes raisons que Festus et moi avions toujours voulu être fripiers : une existence sale, vile, qui aurait fait horreur à notre mère.
    — Mais on te racontera rien du tout de ce qu’on a vu ! lança Augustinilla.
    — Ça marche. Ça m’évitera d’être obligé d’agir.
    Elle eut l’air satisfaite de ma réponse. La famille entière aimait à croire que l’infâme oncle Marcus préférait passer toutes ses journées au lit plutôt que de se donner la peine de gagner un salaire honnête. Je décochai un grand sourire mauvais à la gamine.
    — Il faudrait que tu sois sacrément maligne pour avoir trouvé quoi que ce soit d’important. La plupart des détectives passent des semaines à filer discrètement les gens sans jamais rien trouver…
    Je constatai que Tignasse était en proie à un déchirant dilemme. Contrairement à ma nièce, elle était assez futée pour souhaiter que sa découverte soit diffusée… quoique pas assez pour la dissimuler et tirer un meilleur parti de son avantage.
    — Dis-lui pour le gars des flèches ! lâcha-t-elle.
    Cela me rappela quelque chose. J’étais intrigué, à présent, aussi m’efforçai-je d’avoir l’air de me barber. Peu importait à Augustinilla. Elle fit vigoureusement non de la tête. Je m’adressai directement à Arminia pour lui demander où elles avaient vu ce garçon.
    — Augusta Treverorum.
    J’eus un haut-le-cœur.
    — Qu’est-ce que diable vous fichiez là-bas ?
    Ma nièce ouvrit la bouche et me montra un trou rougeâtre marquant l’ancien emplacement d’une dent.
    — Arrête tes simagrées. Je vois ton petit déjeuner qui se tortille dans tes boyaux. Qui êtes-vous allées voir ?
    — Mars Lenus, me révéla-t-elle comme si elle s’adressait à un demeuré.
    — Mars qui ?
    — Mars le Soigneur, consentit à préciser Arminia.
    C’était du sérieux. Je comblai certaines lacunes de moi-même :
    — Augustinilla avait mal aux dents : je me souviens de ça, c’était avant que je m’en aille.
    Les demoiselles n’eurent pas l’air impressionné par cette subtile allusion aux forêts pleines de brouillard et d’animaux féroces que je venais de traverser.
    — Donc, Helena Justina vous a emmenées au sanctuaire…
    — La dent est tombée avant qu’on y aille, m’apprit Arminia d’un air plutôt dégoûté. Helena nous a emmenées quand même.
    — Je me demande bien pourquoi.
    — Pour visiter ! s’écrièrent-elles en chœur.
    — Ah, oui ! Mais bien sûr ! Et elle a vu quelque chose d’intéressant ?
    Non, Helena en aurait parlé, mais peut-être ne voulait-elle pas me déranger pour me raconter en détail un voyage inutile, alors que j’avais un rapport à rédiger : elle prenait ça très au sérieux.
    — Et donc vous avez vu ce garçon ?
    — Il nous tirait dessus. Il a dit qu’on était des Romaines et que lui il était dans l’Empire gaulois libre, et que son père lui avait donné la permission de nous tuer à mort. C’est comme ça qu’on a su, répondit Arminia.
    — Raconte-moi un peu ça.
    — Qu’on a su qui c’était. (Voilà qui me dépassait. À voix basse, elle ajouta très vite :) Le fils du chef. Celui qui tire sur des vrais prisonniers !
    Je réprimai le réflexe qui m’incitait à les serrer contre moi d’un bras protecteur. Ces deux-là étaient de rudes bonnes femmes, elles n’avaient besoin de moi ni l’une ni l’autre.
    — J’espère que vous vous êtes enfuies ?
    — Bien sûr. (Augustinilla s’esclaffa.) On savait ce qu’on avait à faire. Il était nul, ce gars. On l’a semé, on s’est planquées le temps qu’il nous double, et on l’a pris en chasse.
    Elles gloussèrent de ravissement au souvenir de la facilité avec laquelle elles avaient grugé le garçon. Aucun membre de la gent masculine n’était en sécurité avec ces deux jeunes harpies à ses trousses. Chacune à leur manière, elles étaient toutes deux destinées à devenir des mangeuses d’hommes. Je déglutis ostensiblement.
    — Et alors ?
    — Alors on a vu le borgne.
    — L’homme à la barbe rouge. La barbe teinte, précisa la petite chérie aux cheveux filasse.
    Pour le cas où je n’aurais pas compris quels comparses de génie je m’étais dénichées là.
     
    Helena décréta qu’elle allait rédiger mon rapport.
    — Tu ignores tout du sujet !
    —
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