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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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étreinte et enlaça joyeusement son frère.
    — Falco, espèce d’horreur, qu’est-ce que tu as fait à mon frère ?
    — Il a vieilli, répondis-je. Malédiction que la plupart des gens parviennent à s’éviter, mais quand ça frappe, ça a tendance à faire mal.
    Elle riait. J’avais oublié à quel point j’aimais ce rire.
    — Et comment cet accident est-il arrivé ?
    — Ne demande pas. Ç’a dû être tellement affreux qu’il refuse d’en parler.
    Helena prit un air tranquille qui annonçait que le jeune Quintus allait devoir abdiquer, puisqu’elle-même s’était mis dans la tête qu’il ne tarderait pas à avouer. Elle le tint à bout de bras pour se livrer à un féroce examen.
    — Il a l’air plus grand !
    Quintus se contenta à nouveau de sourire, tel l’individu qui sait tenir sa langue et a bien l’intention de le faire.
    Je compris alors que je m’étais peut-être légèrement trompé sur l’aventure qu’avait vécue le tribun dans la tour de Veleda. Je n’eus pas l’occasion de lui poser la question, car mon horrible nièce et la Petite Tignasse filasse avaient dû nous entendre arriver. Elles surgirent au galop en hurlant, ce qui passa pour des saluts, puis le chien du tribun fêta son retour au bercail en mordant un serviteur, après quoi un message arriva informant que le légat de la Première était tellement ravi de nous savoir de retour sains et saufs qu’il souhaitait voir Justinus sur-le-champ…
    Après son départ, j’attendis qu’Helena pose les questions qui s’imposaient, mais bien que le jeune tribun soit son frère préféré et qu’elle l’aime tendrement, je le savais, elle se borna à se soucier uniquement de moi, pour une raison que j’ignore. J’aurais pu protester, mais elle avait visiblement décidé de m’entraîner dans un coin sombre pour se livrer à je ne sais quelle indécence, aussi m’en accommodai-je plutôt que de la décevoir.
     
    J’avais poussé ma mission aussi loin que possible… plus loin que Vespasien n’était en droit de l’attendre, mais je n’étais pas naïf au point de me convaincre que cet imprévisible tyran allait en convenir. Ce vieux radin espérait tirer le maximum de son argent avant de me laisser rentrer chez moi ; or soumettre Civilis figurait encore à mon programme. Cela dit, je m’étais assez bien débrouillé pour mériter mes honoraires. Ma note de frais s’élevant à un montant qui nécessitait désormais de piocher dans le Trésor, ma tignasse ne serait certainement la bienvenue au Palatin que le plus tard possible.
    Pour des raisons personnelles, je n’avais pas grand-hâte de filer d’ici. L’heure pénible des décisions approchait, perspective aggravée par le fait que je savais déjà quelle devrait être l’issue. Puisqu’elle refusait de prendre elle-même ses décisions, j’allais devoir imposer les bonnes à Helena.
    Je prétendis que je restais au fort pour terminer mon rapport sur la Quatorzième, et affirmai que la tâche était ardue. Remarque plausible. J’ai horreur des rapports. J’étais parfaitement capable de rédiger celui-là, mais il me manquait la volonté de commencer.
    Je passai des heures dans le bureau du tribun à mâchonner le bout d’un stylet, regardant Helena Justina jouer aux dames toute seule en me demandant combien de temps il lui faudrait pour s’apercevoir que je la voyais tricher. Je me sentis finalement obligé de le lui dire. Furieuse, elle quitta la pièce, ce qui me contraria car je préférais infiniment rêvasser en la regardant.
    Je me remis péniblement au travail. Le stylet mesurait trois centimètres de moins, à présent. Des éclats de bois détrempés ne cessaient de s’en détacher, me piquant la langue. En les crachant, je remarquai que ma nièce et sa camarade étaient postées au détour de la porte, plongées dans un conciliabule. J’avais constaté une ambiance lourdement mystérieuse depuis mon retour. Mon rapport m’ennuyait tellement que, cette fois, je m’avançai à pas de loup, bondis hors de la pièce en rugissant, et attrapai les deux gamines. Puis je les traînai à l’intérieur du bureau et les installai chacune sur un de mes genoux.
    — Bon, vous voilà prisonnières. Et je vais vous garder là jusqu’à ce qu’une de vous dise au gentil oncle Marcus pourquoi vous êtes sans arrêt en train de guetter au détour de cette porte. C’est moi que vous espionnez ?
    Au début, ça n’eut l’air de rien. J’étais
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