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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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vocabulaire de cet individu est de plus en plus nauséabond depuis qu’il me connaît… Julius Civilis, prince des Bataves, permets-moi de te présenter Xanthus, jadis barbier des empereurs… et le meilleur barbier du Palatin, qui plus est. Il a rasé Néron, Galba, Othon, Vitellius, et probablement Titus César, mais il ne révèle jamais les noms de ses clients du moment. Il a quelque chose en commun avec les Celtes, selon moi : il collectionne les têtes célèbres, annonçai-je doucement au chef rebelle à l’effroyable crinière. Xanthus a fait tout le trajet de Rome jusqu’à Augusta Treverorum dans le but de te gratifier d’une bonne petite coupe et d’un rasage maison.

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    Je me débrouillai pour parler à Helena Justina pendant le défilé. J’espérai que la politesse requise en un lieu public l’obligerait à refréner sa réaction à l’annonce de ce que je comptais lui exposer. Ma foi, il fallait bien tenter le coup. Je m’attendais à ce qu’elle regimbe, où que je lui parle de ce sujet épineux. Elle n’allait pas apprécier du tout ce que j’avais l’intention d’annoncer, mais je me disais qu’elle finirait bien par se rendre compte que j’avais raison.
    Les hommes de la Quatorzième avaient clairement laissé entendre que le spectacle, de même que tout le reste à Moguntiacum, serait leur affaire à eux. Il s’agissait du sempiternel défilé rasoir. Du fait du manque de fonds et de l’excès de cynisme, il n’y avait quasiment jamais de bons spectacles, pas même à Rome. Or nous nous trouvions en Europe continentale, et le dix-sept novembre n’était pas du tout une bonne date pour les festivités de plein air. On devrait instituer un règlement interdisant à quiconque de postuler pour la fonction d’empereur à moins d’être né en plein été. La seule exception possible concernerait les gens nés il y a trente ans sur l’Aventin, en mars…
    Comme je m’y attendais, la foule aussi bien que les feux du spectacle étaient largement trop clairsemés ; il faisait un froid glacial, et le buffet était exécrable… quand on pouvait y accéder. Les réjouissances se déroulèrent sur l’esplanade des défilés, laquelle, contrairement à un amphithéâtre correct, ne comporte pas d’issues de secours pratiques. Les rares femmes de souche romaine qui assistaient au spectacle étaient bien sûr soumises aux plus strictes conventions de l’étiquette. Trois d’entre elles, flanquées d’une ou deux invitées, avaient dû prendre place sur une estrade, caparaçonnées de soieries et de bijoux, pendant que douze mille machos poilus les lorgnaient sans vergogne. Pas mal, pour celles qui aimaient ça. J’en connaissais une qui détestait.
    Le spectacle devait durer toute la journée. Je ne me sentais obligé de rester que jusqu’au moment où serait présentée la Main. Une fois que la chose serait expédiée, je projetais de déclamer ma tirade à Helena – en supposant que je puisse l’approcher – et de m’éclipser ensuite.
    Les deux légions participaient au défilé, en fait, ce qui ralentissait mortellement les choses. Les déplacements collectifs, même exécutés par des hommes en uniforme d’apparat et casque à plumes, n’ont jamais cadré avec l’idée que je me fais du théâtre captivant. L’action se traîne, les dialogues sont lamentables. En l’occurrence, le metteur en scène avait même omis de prévoir un orchestre : nous n’avions droit qu’aux cuivres militaires. Le fait de tout voir en double afin que chaque groupe de soldats puisse affirmer sa fidélité envers l’empereur accroissait l’ennui jusqu’à la torture. D’emblée, je me sentis lamentablement démoralisé.
    Il se mit à pleuvoir. C’était précisément ce que j’attendais. Les dames de l’estrade poussaient des cris d’orfraie, affolées à l’idée que leurs robes rétrécissent ou que leur maquillage coule. Le groupe d’esclaves censé dresser un dais au-dessus d’elles se révélait magnifiquement incapable. Je voyais Helena piquer sa colère, comme elle avait coutume de le faire quand les autres perdaient leur sang-froid et qu’elle n’avait pas le loisir de prendre les choses en main. Sachant qu’elle m’excuserait si je parvenais à sauver la situation, je bondis sur l’estrade, empoignai l’un des piquets du dais et aidai les esclaves à installer le tout.
    Les femmes que nous abritions ainsi n’étaient autres que Mænia Priscilla, épouse du
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