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VIE DE LAZARILLE DE TORMÈS

VIE DE LAZARILLE DE TORMÈS

Titel: VIE DE LAZARILLE DE TORMÈS
Autoren: Anonyme
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recouvrer la santé. » Frère Mariano, qui jusqu’à ce moment avait eu grand’peine de s’empêcher de rire, ayant bu le breuvage et entendu la conjuration, se leva sur ses pieds, et tout ahuri, s’écria : « Jésus ! Jésus ! » La foule, voyant ce nouveau miracle, stupéfaite et atterrée, cria à son tour : « Jésus ! Jésus ! » Et c’était à qui courrait sonner les cloches, à qui baiser et toucher les vêtements du prédicateur ; tous si pénétrés de dévotion et si contrits, qu’ils se figuraient être au jugement dernier, » etc.
    Qu’on veuille bien après cela se reporter au chapitre sixième de notre roman et comparer. Il saute aux yeux que les deux récits se tiennent étroitement, et que notre conteur n’a fait que démarquer Massuccio en le colorant à l’espagnole. Ou bien, n’aurait-il pas pris cette historiette ailleurs, car Massuccio peut ne pas être le seul italien de son époque qui l’ait recueillie ? Possible ; mais en tout cas le pastiche existe ; le bulliste du Lazarille n’est que l’adaptation, d’ailleurs réussie, d’un conte évidemment italien d’origine.
    Après le bulliste, voici de nouveau quelques esquisses dont les contours sont à peine indiqués : Lazarille sert un peintre de tambourins, un chapelain, un alguazil, tout cela raconté en courant, sans détails, sans rien qui mette en évidence les traits caractéristiques de ces nouveaux types. Incontestablement l’auteur s’est dégoûté de son œuvre, il n’écrit plus que pour grossir un peu le petit livret, dont il cherche en tâtonnant le dénouement ; on le dirait talonné par le désir d’en finir. Cette fin, c’est le huitième chapitre. Lazare, devenu crieur public, se marie avec la servante de l’archiprêtre de San Salvador. Encore l’Église. Le haut dignitaire du grand archevêché de Tolède trouve dans le nouveau crieur l’homme qu’il lui faut pour abriter son vice, et, quoique Lazare laisse bien entendre qu’il n’est pas dupe, pour avoir la paix et profiter du crédit de l’archiprêtre, il s’accommode du partage. En somme il se tient pour le plus heureux des hommes et se voit au plus haut de la roue. « En ce temps j’étais dans ma prospérité et au comble de toute bonne fortune. » Telle est la conclusion du livre, la vraie fin du roman.
    Notre traduction contient il est vrai un chapitre encore qui traite de l’amitié et compagnonnage de Lazare avec certains Allemands venus à Tolède – soldats sans doute des bandes de Charles-Quint – et des gogailles et beuveries qu’ils firent ensemble, lui leur servant de guide et d’introducteur dans les tavernes où il plaçait ses vins. Ce chapitre n’appartient pas au roman primitif, il est en réalité le premier d’une continuation du Lazarille qui suivit de près la première partie et parut à Anvers en 1555. Néanmoins, pour ne pas paraître moins complet que nos devanciers, nous n’avons pas voulu nous écarter d’un usage constant et fort ancien (il date de la plus ancienne traduction française, de 1561), qui allonge le premier Lazarille d’un emprunt fait au second. Non que nous approuvions cet emprunt, qui a le tort de confondre deux choses distinctes, de souder au Lazarille seul connu et universellement accepté un fragment d’une suite qu’il n’y a pas lieu d’imputer au même auteur.
    Cet auteur du premier Lazarille , il serait temps de le nommer. Mais le moyen, si on ne le connaît pas ? Une tradition, devenue peu à peu une croyance quasi générale, adoptée par le public et patronnée par des gens graves et doctes, attribue la petite nouvelle à un des hommes d’État les plus éminents du règne de Charles-Quint, rien moins qu’à Diego Hurtado de Mendoza. Affirmons-le hardiment, cette tradition ne repose sur rien de solide. Le dire d’un bibliographe belge, André-Valère, qui, dans son Catalogus clarorum Hispaniæ scriptorum (1607), met le lepidum libellum au compte de Mendoza, ou le dire d’un autre belge, André Schott, qui, dans son Hispaniæ bibliotheca (1608), répète ce qu’a dit l’autre et ajoute que le grand politique et lettré aurait composé cette plaisante satire alors qu’il étudiait le droit à Salamanque : cela ne pèse pas une once.
    Ce qui semble avoir donné quelque crédit à cette légende, ce sont certaines poésies burlesques et licencieuses que Mendoza laissa tomber de sa plume dans ses moments de loisir et de villégiature. Mais qu’ont
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