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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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Introduction
    Tentons un examen rapide : comment s’appelait donc le peuple qui vivait en France avant qu’il y eût la France ? – Les Gaulois ! hurlez-vous sans hésiter et presque déçus que ce petit jeu soit si facile. Alors risquons juste, pour le corser et vous mettre en appétit, cette question subsidiaire : nos ancêtres sont donc les Gaulois, mais depuis quand le sont-ils ? À votre avis, est-ce que Saint Louis, est-ce que François I er , croyaient descendre de Vercingétorix ? Est-ce qu’ils connaissaient seulement ce nom ?
    Avançons d’un cran le curseur de la chronologie. Voici Clovis, avec sa drôle de hache et ses somptueux colliers de guerrier barbare. Les détails de sa biographie, pour le coup, sont un peu perdus dans les brumes de vos souvenirs d’école, mais vous êtes sûr d’une chose, c’était un roi français : ne répète-t-on pas à l’occasion dans tous les médias que c’est grâce au baptême par lequel il se convertit au catholicisme que notre pays doit son appellation de « fille aînée de l’Église » ? Mais pourquoi diable alors les grands spécialistes de la période nous rappellent-ils que, pour l’histoire allemande, ce même Clovis est un roi allemand ?
    Jeanne d’Arc maintenant. Une fois encore, vous aurez peut-être quelque hésitation à citer spontanément ses dates, mais aucune pour définir le sens de son action : la petite bergère lorraine est celle qui a sauvé la patrie en « boutant les Anglais hors du royaume », tout le monde sait cela. Poursuivons sur ce chemin. Jeanne a chassé les Anglais. Cela signifierait donc que, si elle n’avait pas pu le faire, la France serait devenue une sorte de protectorat britannique ? Allons ! Croyez-vous vraiment qu’un seul historien d’aujourd’hui soutienne pareille thèse ?
    Ainsi va la mémoire des peuples. Dans leur rapport au présent, les Français, pour la plupart, sont modernes, tolérants, attachés à la construction de l’Europe, ouverts au monde et à ses diverses cultures. Dès lors qu’il s’agit de leur histoire, on les retrouve accrochés à de vieux clichés patriotards qui vendent la légende d’une France éternelle, avec ce destin qui n’est qu’à elle, ses grands noms, ses victoires prestigieuses, ses Louis XIV et ses gloires de l’Empire que, forcément, l’univers entier nous envie. Aucun historien de renom – et notre pays en compte d’excellents – n’aurait l’idée saugrenue de présenter encore les choses ainsi. Tous ont à cœur de fouiller le passé avec précision pour tenter de le rendre dans sa vérité et ses contradictions. Les programmes scolaires ont, eux aussi, considérablement évolué. Il y a bien longtemps qu’ils se sont débarrassés du carcan de ce chauvinisme bêta. L’inconscient collectif, non. Tendez l’oreille et vous le constaterez. Dès lors qu’un président de la République se fend d’un discours pour commémorer un épisode du passé national, dès lors qu’un film à grand spectacle s’attaque à un personnage d’hier, dès lors que se présente une occasion médiatique de refaire un peu d’histoire grand public, on oublie nos sages nuances, nos grands historiens, et, une fois encore, la vérité et ses contradictions sont balayées au profit des vignettes à l’ancienne, glorieuses, émues et tricolores comme le drapeau d’un soldat vainqueur sur une toile pompier.
    Et quand les présidents, les réalisateurs ou les journalistes prétendent à un peu plus de subtilité, essayistes à succès et pamphlétaires crispés se chargent de reprendre le clairon : Fraaaance ! où va ton passé ? Napoléon, reviens ! Génie d’Austerlitz, où es-tu ? Pourquoi les citerais-je en particulier ? On en voit de nouveaux tous les six mois, toujours prêts à inonder le marché d’ouvrages qui se disent d’histoire, et qui sont juste datés : même leurs titres sentent la poussière. Je n’ai rien ni contre Austerlitz, ni contre la patrie, ni même contre la poussière. Je pose la question : est-il raisonnable d’espérer que ce pays aille de l’avant si l’on continue à regarder son histoire avec des références et des méthodes qui se sont arrêtées en 1914 ?

    Une histoire pour notre temps
    Je suis écrivain et journaliste, je ne suis pas historien dans le sens universitaire du mot, mais fou d’histoire depuis toujours, lecteur passionné de tous les grands noms de cette discipline, citoyen convaincu
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