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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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propriétaire, Smaractus, recevait ses loyers à temps. En fait, son véritable intérêt en la matière datait du jour où elle avait décidé de l’épouser. Une décision prise pour des raisons uniquement pécuniaires : Smaractus étant devenu aussi riche que Crassus, après avoir pressuré la plèbe du mont Aventin pendant des décennies. Actuellement, Lenia mettait tout en œuvre pour ce mariage, avec la précision d’un chirurgien qui sait que le patient va payer le prix fort pour ses services.
    — Je crois comprendre que mon crédit est bon ! m’exclamai-je en souriant.
    — Ah ! Tu as tout de même fini par choisir la femme qu’il te fallait !
    — Exact. Grâce à la perfection de mon visage, un vrai parian…
    Lenia, qui s’y connaissait en art, croassa cyniquement :
    — Falco, tu n’es qu’une pâle imitation !
    — Tu plaisantes. Une dame d’excellente réputation m’a octroyé un label de qualité. Que je mérite ! À combien s’élève sa contribution ?
    Dès que Lenia ouvrit la bouche, je compris qu’elle s’apprêtait à mentir. Mais elle dut se dire qu’Helena Justina me mettrait peut-être au courant, si jamais j’avais le bon goût d’aborder le sujet de ma dette.
    — Trois mois, Falco.
    — Par Jupiter !
    Je venais de recevoir un choc. À ce jour, le plus que j’avais contribué aux économies de mon propriétaire, c’était en lui réglant trois semaines de loyer en retard.
    — Smaractus doit se croire transporté vers l’Olympe sur un arc-en-ciel ?
    Voyant l’expression soudain fermée de Lenia, j’en conclus que Smaractus n’était pas encore au courant de sa bonne fortune. Elle s’empressa d’ailleurs de changer de sujet.
    — Il y a quelqu’un qui n’arrête pas de venir demander après toi.
    — Un client ? (Soudain nerveux, je me demandai si le chef espion avait déjà été mis au courant de mon élargissement.) Tu as pris ses coordonnées ?
    — Non, mais qu’est-ce que tu crois, Falco ? J’ai autre chose à faire ! Il est passé tous les jours et, à chaque fois, je lui ai dit que tu n’étais pas encore rentré.
    Je pus alors me détendre. Anacrites n’aurait eu aucune raison de me faire rechercher avant cet après-midi.
    — Eh bien, me voilà de retour. Alors on verra bien.
    Tout d’un coup, je me sentais trop fatigué pour me préoccuper de mystères.
    Je me lançai à l’assaut de l’escalier. J’habitais au sixième étage, le moins cher. C’est dire que j’eus tout le temps de renouer avec l’odeur familière d’urine et de trognons de choux, avec les déjections de pigeons souillant toutes les marches, avec les graffitis dont certains, trop hauts pour être l’œuvre d’enfants, conspuaient les parieurs ou faisaient l’éloge de la pornographie. Je rencontrai peu de colocataires de l’immeuble, mais au passage, je reconnus leurs voix en train de se quereller. Certaines portes restaient perpétuellement closes sur d’obscurs secrets. En revanche, d’autres familles avaient opté pour de simples rideaux, obligeant ainsi leurs voisins à partager leur lamentable quotidien. Un bambin tout nu se précipita hors d’un appartement, mais rentra bien vite en hurlant après m’avoir aperçu. Au troisième étage, une vieille femme qui avait perdu la raison passait tout son temps assise sur le seuil de sa porte et invectivait ceux qui passaient. Je la saluai d’un geste gracieux, ce qui me valut un torrent d’injures venimeuses.
    Je manquais d’entraînement. J’avais le souffle court quand j’atteignis enfin le sixième. Je restai alors un moment immobile à écouter. Déformation professionnelle. N’ayant rien entendu de suspect, je manœuvrai le loquet rudimentaire qui condamnait ma porte et l’ouvris en grand.
     
    J’étais chez moi, c’est-à-dire dans le genre d’appartement où on passe changer de tunique et lire les messages de ses amis, avant de chercher une excuse pour se précipiter de nouveau dehors. Mais pas question de ressortir aujourd’hui, car je n’aurais jamais eu le courage d’affronter le cauchemar de cet escalier interminable une deuxième fois.
    Je fis le tour des lieux en quatre enjambées : le bureau meublé d’une table et d’un banc tout ce qu’il y a d’ordinaire, la chambre où une installation bancale me servait de lit. Les deux pièces présentaient un aspect aussi inhabituel qu’inquiétant. Visiblement, ma mère avait dû passer trois jours entiers à faire le
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