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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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(Je me sentais déprimé. Sans doute à cause de l’échec de mon enquête.) Je ne suis pas un des voyous de l’Aventin. Quand je me trouve quelque part, je m’intéresse à ce qui se trouve autour de moi. Je tends l’oreille au Forum pour me tenir au courant des nouvelles. Quand les gens parlent, je fais attention à ce qu’ils disent. (Soudain conscient du silence patient avec lequel Helena m’écoutait, je laissai se tarir le flot de mon amertume.) Je sais aussi, ma chérie, que tu as envie de m’en dire plus sur l’euphorbe.
    Elle sourit. J’adore le sourire d’Helena.
    — On peut l’utiliser en médecine. Le roi Juba a appelé cette plante euphorbe, parce que son médecin s’appelait Euphorbus, et l’employait comme purgatif. Et pourtant, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux, je n’aurais jamais autorisé Euphorbus à m’en faire ingurgiter !
    — Et pourquoi pas ?
    — Parce qu’il faut que la dose soit soigneusement calculée. L’euphorbe a une autre utilisation.
    — Laquelle ? murmurai-je, en me penchant en avant.
    L’étincelle malicieuse qui s’était allumée dans ses jolis yeux avait éveillé mon intérêt.
    — Dans la province du roi Juba, les archers en enduisaient la pointe de leurs flèches. L’euphorbe est aussi un poison violent.
    — En général, les flèches empoisonnées agissent en causant une paralysie… Mais où donc, demandai-je (pour lui laisser le plaisir de me le dire, alors que je connaissais déjà la réponse), se trouve la province dans laquelle ton oncle a servi ? Celle qui avait un roi si savant ?
    — La Mauritanie, dit Helena.
    Je fermai les yeux.
    Helena se leva pour venir m’entourer de ses bras. Elle se mit à parler, de la voix posée qu’elle utilisait quand nous étions en train d’étudier un cas.
    — Bien sûr, ça ne prouve rien. Un juriste ne verrait là aucune preuve. Mais si un procureur citait un extrait du traité du roi Juba, et si toi, tu parlais à la cour du manuscrit aperçu chez Severina – en essayant d’avoir l’air moins fantaisiste que d’habitude –, c’est le genre de détail pittoresque qui pourrait la faire condamner.
    — La sève de ces plantes est laiteuse. Je m’en souviens, du temps où j’arrachais les mauvaises herbes. À mon avis, elle est amère. Elle a probablement confectionné un mélange avec du miel, et Novus l’a lapé avec gourmandise…
    Helena parvint à me serrer encore plus fort contre elle. Il faut dire que j’y mettais moi aussi beaucoup de bonne volonté.
    — As-tu découvert la façon dont elle s’y est prise ? demanda-t-elle.
    — Je pense que nous avons deviné tous les deux qu’elle a étalé le poison sur le plat en argent (Helena acquiesça d’un hochement de tête) qui a été utilisé au banquet pour disposer la pâtisserie. Elle l’a recouvert avec une couche de blanc d’œuf solidifié pour l’isoler des gâteaux. Minnius en a livré sept. Donc, Severina s’étant excusée, il devait en rester un. Je parierais que, pendant toute la discussion d’affaires, Hortensius Novus ne l’a pas quitté des yeux. Au moment du départ de l’invité, il n’a pas résisté davantage, et est revenu à la hâte dans la salle à manger pour l’engloutir. Ensuite…
    Je m’arrêtai là.
    — Ensuite, continua Helena à ma place, Hortensius Novus a léché le plat !
    Serait-ce assez pour la faire condamner ? Il n’y avait qu’une preuve indirecte. Mais est-ce que les preuves ne sont pas souvent indirectes ? Cependant, l’avocat de la défense s’empresserait de s’engouffrer dans cette brèche.
    Cela valait-il la peine de continuer ? Fortune faite, la chercheuse d’or allait peut-être s’acheter une conduite ? Avec, qui sait, l’aide de Lusius ? J’avais une raison personnelle pour dénoncer Severina, mais un mobile encore plus valable pour attaquer mon ex-propriétaire : Novus. Si Severina ne l’avait pas assassiné à ma place, c’est moi qui serais devenu un meurtrier.
    — Marcus, tu es épuisé. J’aurais mieux fait de ne pas te parler de tout ça. Tu en as déjà assez fait ! Laisse tomber…
    — Pas de clients, dis-je. Pas de vrai mobile pour agir… Il n’y a pas de justice ! m’écriai-je.
    La justice était pour les gens qui avaient des moyens. Moi, j’étais pauvre, et je devais tenter de vivre et de faire vivre une femme avec des revenus tout à fait ridicules.
    Ce n’était jamais la justice qui réglait les factures des
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