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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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même si j’avais du mal à dissimuler la déception de ne pouvoir assouvir mes besoins physiques. Je jurais intérieurement et Helena devait en être consciente.
    Nous finîmes par rester tranquillement assis à discuter de problèmes familiaux (une mauvaise idée, comme toujours), jusqu’à ce que je déclare qu’il était temps que je parte.
     
    Helena m’accompagna dans le hall d’entrée. Comme il n’y avait plus aucune trace du portier, je fis coulisser les verrous moi-même. Elle me jeta alors les deux bras autour du cou et enfouit son visage au creux de mon épaule.
    — Je suppose que tu vas courir après d’autres femmes !…
    — Naturellement ! essayai-je de plaisanter.
    Ses grands yeux affligés me chagrinaient plus que je n’aurais su le dire. J’embrassai ses paupières et ranimai mes tourments en la serrant contre moi.
    — Viens vivre avec moi ! la pressai-je, en la soulevant en l’air. Seuls les dieux savent combien de temps il me faudra pour gagner l’argent qui me rendra respectable. J’ai peur de te perdre. J’ai besoin de t’avoir près de moi. Si je loue un appartement plus grand…
    — Marcus, j’ai l’impression…
    — Fais-moi confiance.
    Helena se contenta d’abord de sourire en me tirant l’oreille. Puis, elle promit de réfléchir à ce que je venais de lui dire.
    C’est d’un pas plus léger que je repris la direction du mont Aventin. Même si la dame de mon cœur hésitait à joindre sa destinée à la mienne, grâce à mes gains sur Petit Chéri, j’allais pouvoir louer un appartement plus agréable… Avec la pensée du décor qui m’attendait, la perspective de pouvoir enfin aller vivre ailleurs ne pouvait que me remonter le moral.
    C’est alors que je me rappelai que peu de temps avant mon arrestation, ma nièce âgée de 3 ans avait avalé mes jetons gagnants.

4
    Blanchisserie de l’Aigle, cour de la Fontaine.
    De tous les immeubles miteux bordant les allées les plus sordides de la ville, l’ensemble le plus minable était sans conteste celui qu’on avait pompeusement baptisé : « Cour de la Fontaine. » Nous avions beau n’être qu’à quelques foulées de la route d’Ostie, l’une des voies les plus importantes de l’Empire, en considérant cet abcès niché au creux de l’aisselle de l’Aventin, on se serait cru dans un monde différent. Au-dessus, tout en haut, sur la double crête de la colline, s’élevaient les temples de Diane et de Vénus, mais depuis nos allées sombres et sans nom, nous manquions de recul pour apercevoir leur superbe architecture. Si nos loyers n’étaient pas chers (pour Rome), certains d’entre nous auraient accepté de verser une belle somme, afin de se faire expulser vers une ruelle plus salubre.
    Mon appartement était situé dans un vaste immeuble délabré. Une blanchisserie occupait le rez-de-chaussée et tout ce qu’il y avait de propre dans le voisinage, c’étaient les tuniques de laine en attente de leur propriétaire. Mais ensuite, pour les maculer de nouveau, il n’était pas nécessaire de faire un grand nombre de pas dans le boyau qui nous servait à la fois de passage et d’égout. Les chaudières produisaient une suie qui s’infiltrait partout. Venait s’y ajouter la fumée du four de notre boulanger local, capable de carboniser un pain comme nul autre de ses collègues.
    Ces allées étaient pleines de dangers : il me suffit de relâcher ma concentration un bref instant pour m’enfoncer jusqu’à la cheville dans un tas de crottin aussi collant que malodorant. Tandis que je raclais ma botte contre une pierre en ronchonnant, la tête de Lenia, la blanchisseuse, apparut au milieu d’une rangée de tuniques. En voyant qu’il s’agissait de moi, elle essaya de me dérider, selon son habitude. Elle était toujours aussi mal fagotée, la tignasse emmêlée et teinte d’un rouge agressif, les yeux larmoyants, avec une voix que l’absorption de nombreuses cruches de vin mal fermenté avait rendue rauque. Elle s’approcha de moi avec le manque de grâce d’un cygne qui atterrit sur l’eau.
    — Falco ! Où étais-tu donc passé depuis une semaine ?
    — J’ai dû m’absenter.
    J’ignorais si elle savait que je me trouvais à la Lautumiæ. De toute façon, Lenia n’était pas du genre à s’en soucier. Elle était bien trop paresseuse pour se montrer curieuse – sauf dans des domaines bien particuliers. Elle s’inquiétait notamment de savoir si mon pourri de
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