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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion
Autoren: Ron Hansen
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examina le chèque et acquiesça de la tête.
    « Mr Gray est voyageur de commerce pour Bien
Jolie. Il a beaucoup de frais de bouche et d’hôtel et comme
Benjamin & Johnes, son employeur, tardait à le rembourser, je lui
ai accordé une avance temporaire.
    — Et il vous a rendu l’argent ?
    — Évidemment.
    — Est-ce que deux cent dollars, ce n’est pas un peu
élevé, comme prêt, pour quelqu’un que vous ne connaissez pas
vraiment ? »
    Elle se décontenança.
    « Qui a dit que je ne le connaissais pas ?
    — Vous, intervint George McLaughlin. Il y a trente
secondes.
    — J’ignore où vous voulez en venir.
    — Nous, si, lui opposa George McLaughlin. Et vous allez
nous accompagner.
    — Au commissariat de Jamaica, indiqua Arthur Carey.
    — Je ne peux pas !
    — Vous n’avez pas le choix.
    — Mais je suis souffrante.
    — Vous nous avez l’air en pleine forme. »
    Les larmes montèrent aux yeux de Ruth.
    « J’ai perdu mon mari, s’insurgea-t-elle. Vous devriez
me plaindre. Vous devriez être sur la trace des tueurs.
    — Nous avons encore quelques questions à vous poser.
Mais au commissariat. »
    Et en un clin d’œil, son humeur se métamorphosa.
    « Très bien », grommela-t-elle.
    Furieuse, elle écarta les couvertures et se leva du lit de
Lorraine. Elle agrippa le bas de sa chemise de nuit en satin et la retroussa
au-dessus de sa tête en se déhanchant, renversante dans sa nudité, face aux
deux hommes. C’était une vraie blonde. Leur fascination coupable et leur
malaise lui tirèrent un sourire de défi, puis elle longea le couloir jusqu’à la
chambre où était mort Albert et nargua les policiers présents, abasourdis, en
enfilant des sous-vêtements et une robe avec une lenteur délibérée.
    Au commissariat de Jamaica, sous les regards courroucés des Fidgeon,
des Eldridge et des Hough – dont George, le lourdaud avec qui Albert avait
eu des mots –, on escorta Ruth jusqu’à une salle d’interrogatoire où on la
fit asseoir et on la cuisina plusieurs heures, chacun de ses interrogateurs
formulant les hypothèses les plus folles, arguant de preuves qu’il ne possédait
pas encore. Malgré cela, elle fit à McLaughlin l’effet d’une « femme d’un
grand calme ». À aucun moment elle ne réclama d’avocat. Elle demanda
seulement à manger et à dormir, aussi lui servit-on en guise de dîner des
spaghettis, une salade et du pain à l’ail provenant d’un restaurant italien, et
lui accorda-t-on une sieste d’une demi-heure sur le canapé d’un bureau, pendant
que le commissaire questionnait les personnes qui avaient joué au bridge avec
Albert le samedi soir.
    Après quoi, George McLaughlin secoua doucement Ruth pour la
réveiller et lui présenta l’inspecteur en second Michael McDermott, qui allait
« écouter un moment ». Puis McLaughlin lança :
    « Mrs Snyder, est-il exact qu’il vous arrive souvent
de découcher ?
    — “Souvent”, je ne sais pas…
    — Seule ?
    — Ma cousine, Ethel Anderson. Appelez-la pour lui
demander.
    — Elle est mariée ?
    — Elle l’était. Avec Edward Pierson. Eddie est policier
dans le Bronx », ajouta-t-elle, comme si cela attestait de sa propre
probité et de sa réputation.
    McLaughlin adressa un coup d’œil à McDermott, qui saisit le
message et quitta le bureau pour téléphoner à Pierson et le convoquer.
McLaughlin se retourna vers Ruth.
    « On nous a raconté que, l’automne dernier, vous êtes
partie en voyage au Canada sans votre mari.
    — Qui vous a dit ça ? s’informa-t-elle, d’un ton
glacial.
    — Ces dames de la soirée bridge.
    — Vous avez quelque chose à y redire ?
    — Je veux seulement savoir qui vous
accompagnait. »
    Ruth hésita.
    « Mr et Mrs Kehoe. »
    McLaughlin nota ce nom.
    « Vous avez un numéro de téléphone où les
joindre ?
    — Non.
    — Et une adresse ?
    — Quelque part à Brooklyn. »
    Elle mentait ; McLaughlin avait relevé au moins trois
tics sur son visage. Il reposa son crayon avec contrariété et abandonna le
bureau, laissant Ruth mijoter seule pendant une demi-heure.
    Vers onze heures du soir, l’inspecteur Peter Trumfeller
passa la tête par la porte avec un sourire et s’exclama :
    « Tiens, salut, Tommy ! »
    Trumfeller était un type massif et enjoué aux cheveux
pommadés en arrière et aux pommettes tannées. Il possédait un roadster
Ford T décapotable de 1925, dans lequel Ruth, foulard et cheveux au
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