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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier
Autoren: Robert Margerit
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d’une opinion erronée. Aussi fut-il bien aise de recevoir, le jour même, une lettre par laquelle Guillaume Dulimbert le priait de ne pas prendre trop au sérieux ladite dénonciation. On avait recouru à ce moyen pour montrer au Département que l’on désavouait de la façon la plus formelle les quatre députés et lui laisser sentir ce qu’il risquait lui-même s’il les suivait sur la pente fédéraliste.
    « N’aie pas de crainte pour la Haute-Vienne, ajoutait l’homme aux lunettes, elle restera dans l’unité républicaine, je puis te le garantir. Quant aux départements voisins, nous nous sommes chargés, le frère Publicola Pédon et moi, de resserrer nos liens avec eux pour opposer un front uni aux criminelles entreprises du fédéralisme. Gay-Vernon jeune, envoyé en Corrèze, l’a trouvée solidement montagnarde. Il en a rapporté les plus fermes assurances. Tulle a promis d’unir ses armes aux nôtres, si besoin est. Ton collègue Treilhard pourrait utilement exciter l’émulation des Brivistes. La Creuse, un moment suspecte, l’an dernier après le 10 août, s’est bien ressaisie depuis lors. On peut compter sur ses sentiments. »
    Tout en écoutant Danton débattre avec le ministre-prisonnier Lebrun les chances de détacher la Prusse de la coalition – car c’était ainsi dans la surabondance des tâches, jusqu’en pleine discussion chacun continuait à expédier ses affaires –, Claude griffonna pour un secrétaire une lettre aux administrateurs de la Haute-Vienne, leur assurant qu’en complet accord avec les patriotes de Limoges, le Comité ne permettrait à personne d’entraîner le département dans une rébellion où le royalisme et l’action de l’étranger se montraient maintenant à découvert. Peu après, arriva au pavillon de l’Égalité une amende suffisamment honorable de Durand Richemond et ses collègues, encore qu’ils ne la fissent pas de bon cœur, cela se voyait. Leurs sympathies n’allaient manifestement pas à la Montagne, mais pas davantage au royalisme. Claude n’en doutait point. Leur honnêteté et leurs doutes, au milieu de contradictions dans lesquelles ils ne savaient trop que croire, se lisaient clairement entre les lignes :
    « Nous sommes républicains, nous détestons les traîtres, quels qu’ils soient, et tous les parjures aux serments qui nous unissent pour le salut de la patrie. Nous faisons des vœux pour que toutes les trames, tous les complots contre l’égalité et la liberté soient déjoués et punis. Nous promettons de dénoncer et de poursuivre vigoureusement tous ceux qui viendront à notre connaissance. »
    Entre-temps, comme il fallait s’y attendre, les députés disparus le 2 juin n’avaient pas tardé à reparaître aux points où leur présence était le plus redoutable. On signalait Grangeneuve à Bordeaux, il y prenait la tête du mouvement rebelle. De même Biroteau à Lyon, Rabaut Saint-Étienne dans le Gard où six mille Marseillais, grossis des insurgés de Nîmes, d’Avignon, de l’Hérault, remontaient la vallée du Rhône afin de se réunir aux forces lyonnaises et marcher avec elles sur Paris. Une armée de volontaires francs-comtois, estimée à vingt mille hommes, se dirigeait vers Mâcon pour se joindre à eux. Mais c’était dans le Calvados que ressortait le gros des proscrits exécutant l’idée du petit Louvet et de Buzot, parti le premier pour soulever l’Eure : son département.
    Louvet lui-même se tenait encore caché dans Paris. Sa Lodoïska entretenait la liaison entre lui, Valazé, Vergniaud, qu’elle visitait à domicile sous l’œil complaisant des gendarmes, et les girondistes demeurés à la Convention. Enfin Valazé lui remit des passeports envoyés de Caen pour elle et Louvet. Sans la moindre anicroche, ils s’en allèrent tous deux sous une fausse identité, comme un couple de bons bourgeois, dans une voiture de poste. Le nom de Louvet était connu, mais peu sa figure ; elle ne risquait guère de le trahir. À Évreux, où l’on ne courait plus aucun danger – la ville, patrie de Buzot, appartenant aux fédéralistes –, ils rencontrèrent Guadet, étonnamment maigri. Très identifiable, lui, il était sorti clandestinement de la capitale, déguisé en compagnon tapissier. Il venait de faire vingt-deux lieues à pied, la plupart du temps par des chemins de traverse. Six jours de trajet. Guadet exhorta les deux amants (ils n’avaient pas encore eu le loisir de régulariser
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